Lourdes : « les coups de cœurs de Karine »

La rubrique des « coups de cœur Karine » est une rencontre hebdomadaire sur le site de Lourdes Actu, proposée par la Médiathèque avec Karine Aristin Chargée de la culture.

Cette semaine elle vous propose  » SUR LA ROUTE DE NAIROBI  » de James FOX.

SUR LA ROUTE DE NAIROBI

Editeur : 10/18

Auteur : James FOX. Né à Washington, en 1945, James Fox a passé une grande partie de sa vie en Angleterre, où il a travaillé en tant que journaliste, notamment au « Sunday Times » et à « l’Observer ». De plus, il a vécu en Afrique, y oeuvrant comme correspondant de presse.

En 1969, Fox commence à rouvrir le dossier qui constitue le sujet de l’ouvrage « Sur la route de Nairobi ». Dans son entreprise, il fut assisté, voire guidé, par un personnage hors du commun : Cyril Connolly –lui-même, reporter de grand talent, doublé d’un esthète au goût très sûr-,  dont « l’affaire de Nairobi » constitua un sujet de prédilection.

L’histoire :

Ceci est une histoire vraie ! Cette affaire est considérée comme ayant été élucidée, seulement en 2007, et a, entre temps, fait couler beaucoup d’encre.

Le décor est planté au bon temps de la « Happy Valley », au Kenya, au sortir de la première guerre mondiale. Outre les vicissitudes de la vie de fermiers de la première heure, qui s’évertuent à faire pousser des denrées, sous les cieux des plateaux du Kenya, ce ne sont que fêtes, débauche, orgies de sexe, de drogue et d’alcool, dans le Nairobi de la société blanche. Au club Mutaïga, on trompe l’ennui en programmant le prochain safari, en se remémorant qui a occis combien d’éléphants, ou de lions. A l’occasion, les chaises passent par les fenêtres, lorsque la soirée se noie dans l’ivresse, et fait place au matin -D’ailleurs, le but est de ne pas dormir -. Ou bien alors, tel prince anglais casse les disques du club ; on remboursera, il faut bien que jeunesse se passe !

En effet, qu’ils soient indésirables dans leur famille en Europe, ou bien qu’ils soient animés de velléités aventurières, quelques éléments de la très haute société occidentale se retrouvent à Nairobi, emportant avec eux, non seulement, « l’art de vivre » porté à sa quintessence, mais aussi tous les vices afférents à la richesse et l’indolence.

C’est ainsi que, dans ce milieu huppé où l’on consomme des cocktails complexes dès le petit déjeuner, se rencontrent Josslyn Hay, 22ème comte d’Erroll et Lady Diana Broughton, récente et trop jeune épouse de Sir Jock Delves Broughton, un aristocrate anglais. Le comte de Erroll est beau à se damner, divorcé de sa seconde femme et fou amoureux de Diana.

Non que l’on ne soit rompu à l’art de l’adultère, dans la « Happy Valley », on pourrait même considérer l’acte comme un sport national, tellement les liaisons se nouent et se dénouent au fil des fêtes et autres sauteries organisées avec une fréquence effrénée. Cependant, pour cette affaire, rien n’est aussi simple que d’habitude ! Il est, ici, vraiment question d’amour. Diana, bien entendu désire divorcer de son mari vieillissant pour convoler avec l’homme dont elle s’est entichée. Quant à Josslyn, il ne peut se résoudre à vivre sans elle.

En apparence, Sir Broughton se plie aux rigueurs de son destin et, de bonne grâce, consent à la séparation. L’infortuné donne même sa bénédiction au jeune couple, lors d’une soirée particulièrement arrosée. Quelques heures plus tard, au matin, la voiture de Lord Erroll est retrouvée, contenant le cadavre de celui-ci. Accident, meurtre ? La police penche pour la seconde solution, ce que confirmera l’autopsie. Tout accuse Sir Broughton, d’autant plus qu’il a été vu en train de faire brûler des vêtements ensanglantés, dans son jardin.

Ce qui m’a plu :

Une enquête que l’on peut qualifier de journalistique, mais qui se lit comme un thriller.

L’auteur nous présente ce livre comme une chronique journalistique, avec un talent d’écriture d’une grande sobriété, mais, et peut-être en raison de cela, d’une portée émotionnelle extrêmement efficace.

L’enquête, les témoignages des protagonistes ayant assisté au drame, les récits des témoins encore en vie, tout nous conduit à une sorte de fascination pour cette affaire qui, bien qu’elle nous soit fort éloignée, recèle un parfum d’intemporalité qui nous prend et nous emporte dans cette luxueuse fange de noirceur exotique.