Lourdes : « les coups de cœur de Karine »

La rubrique des « coups de cœur Karine » est une rencontre hebdomadaire sur le site de Lourdes Actu, proposée par la Médiathèque avec Karine Aristin Chargée de la culture.

Cette semaine elle vous propose « RITZY  » de Pauline-Gaïa LABURTE

RITZY

Editeur :Albin Michel

Auteur :Pauline-Gaïa LABURTE, de nationalité franco-suisse, est née à Nancy, en 1984. Elle a effectué des études de philosophie et histoire de l’art, avant d’intégrer HEC à Paris. Reconnue dans le domaine de l’écriture, elle a été jurée de plusieurs prix littéraires, tels que les prix “Elle”, le “Point”, “FNAC”, “Orange”, et œuvre comme critique littéraire pour “Luxuriant Magazine”. Actuellement, outre son travail d’écrivain, dont “Ritzy” est le premier roman, Pauline-Gaïa LABURTE est occupée à l’élaboration d’une startup, dans le secteur éducatif.

L’histoire :

Fin XIXe siècle, la famille Ritz, établie depuis plusieurs générations à Niedelwald, dans la Valais, en Suisse, est sur le point d’accueillir un treizième enfant : Petrus Theodorus Cäsar Ritz. Celui-ci sera différent des autres, qui ne sont jamais partis de leur vallée. Sa mère, en le voyant grandir, en est persuadée, de cette singularité. Celui-ci sera artiste ou tout autre d’aussi prestigieux. Et c’est vrai qu’il est différent cet enfant-là! César, lui-même, le sent, le sait, qu’il n’est pas fait pour rester là, engoncé dans ces montagnes, comme dans un costume trop petit. Non, lui, il est fait de l’étoffe de ceux que le monde attend, parce qu’il a de grandes choses à accomplir. Il n’a juste pas encore trouvé quoi. Il sait au moins qu’il veut voir du pays.

Ainsi, peut-être sera-t-il artiste comme le cousin Raphaël, selon les préconisations de la mère ? Alors, de prime abord, son père, point trop enthousiasmé à cette idée dispendieuse, le mène-t-il à Sion, au collège des jésuites. Pour honorer le gîte et le couvert que son hôte, un forgeron, lui accorde-la pension étant trop onéreuse- il dessine des ornementations pour fer forgé. César s’acquitte de la tâche sans conviction aucune. Finalement, son âme ne vibrera pas pour l’art. Exit l’artiste.

A l’issue de ses trois ans d’étude, de guerre lasse et de haute lutte, son père lui déniche un emploi de sommelier, dans un hôtel, à Brigue. César s’y forme, mais se révèlera médiocre et paresseux. Cela dit, il observe la clientèle, à la manière d’un entomologiste le ferait d’une espèce d’insecte rare. De plus, il est pétri d’une indéfectible ambition qui le pousse et lui donne des ailes, pour rêver, mais, malheureusement pas pour travailler.

Exaspéré par cet employé aussi condescendant qu’incompétent, le directeur le renvoie avec l’assurance que César sera toujours voué à l’échec dans le domaine de l’hôtellerie, ne possédant aucune des qualités requises pour cette profession. Vexé jusqu’aux tréfonds de son égo, il se refuse à revenir chez ses parents et œuvre un temps, comme commis de cuisine dans le petit collège de Brigue. Mais là, la magie opère dans son esprit. César commence à entrevoir les vertus du travail, de l’opiniâtreté, de l’abnégation, aussi. Là, dans la cuisine du collège, en épluchant des légumes, Cäsar Théodorus Ritz est en train de muer en César RITZ, Le plus grand, le plus célèbre, le plus formidable hôtelier de tous les temps.

Ce qui m’a plu :

L’histoire est passionnante! Le récit de la vie de César Ritz se lit comme si on assistait à un Grand Prix, tellement le style est énergique et rapide. De plus, L’auteure émaille son texte d’une gouaille, et d’une ironie, voire d’un brin de cynisme, qui confèrent à l’écriture  une audace, une fraîcheur et une spontanéité paradoxales, mais percutantes, ainsi que beaucoup de caractère. C’est à l’image, somme toute, du principal protagoniste.

Enfin, Pauline-Gaïa LABURTE, pour souligner certaines idées, prend sciemment, de joyeuses et exquises libertés en mêlant à l’histoire de César Ritz, des références ou comparaisons  – scientifiques, sociales, historiques…- qui nous sont familières, puisque contemporaines, mais qui n’existaient pas à l’époque de Ritz. Cette cassure dans la linéarité du récit crée un genre inimitable.