Lourdes : « les coups de cœur de Karine »

La rubrique des « coups de cœur Karine » est une rencontre hebdomadaire sur le site de Lourdes Actu, proposée par la Médiathèque avec Karine Aristin Chargée de la culture.

Cette semaine elle vous propose « EN ATTENDANT BOJANGLES » de Olivier Bourdeaut

EN ATTENDANT BOJANGLES…

L’auteur : Olivier Bourdeaut, né en 1980, ayant exercé diverses professions aussi improbables que variées, a signé, son premier roman, en 2016. Le livre va recevoir pas moins de cinq prix littéraires, dont celui du Goncourt du 1er roman.

L’histoire :

C’est une famille complètement déjantée que celle-ci ! Nous y trouvons un petit garçon qui nous relate son quotidien au sein de couple dont le qualificatif d’original relèverait d’un doux euphémisme. Ce n’est pas une vie, c’est une bringue perpétuelle, et le gamin y participe allègrement.

Son père est richissime. Grâce à son intelligence, son sens des affaires et une solide amitié avec l’affectueusement surnommé « l’Ordure », un sénateur amateur de cocktails vodka – menthe, il a créé le concept de contrôle technique sur les voitures, ainsi que tout le dispositif afférent. Est-il besoin de préciser la formidable manne financière qui se déverse, à une cadence effrénée, dans son escarcelle ? C’est d’ailleurs ainsi, qu’en plus d’un splendide appartement parisien, il a fait l’acquisition d’une merveilleuse propriété en Espagne…

La maman ne porte jamais le même prénom, son époux lui en donnant un différent, tous les jours. Et vous ne verrez nulle part ailleurs que chez eux, dans le salon, un immense tas permanent du courrier qui n’a jamais été ouvert, ou bien un meuble que maman trouvait moche et sur lequel elle a fait pousser du lierre qui recouvre entièrement l’objet, ou encore, la cohabitation avec « Mademoiselle Superfétatoire » : une espèce d’échassier ramené d’Afrique et qui fait désormais partie de la famille.

Et puis, il y aussi le disque de Bojangles, chanté par Nina Simone, et la façon de danser de maman, et les fêtes à n’en plus finir, avec l’Ordure –le sénateur- qui se lève des filles avec la complicité du petit. Et puis l’alcool… Papa faisant de la gym-tonic en éclusant les verres de gin entre chaque exercice, comme il s’enverrait une bouteille d’Evian.

Les vacances que l’on prend quand on veut pour partir dans le château en Espagne, avec l’institutrice qui s’arrache les cheveux et traite les parents d’inconscients et d’irresponsables…

La belle vie, quoi !

Sauf que maman, à force de tellement aimer tutoyer les étoiles –comme dit papa- un jour, ne redescend plus du tout ; peut-être même cela fait-il longtemps qu’elle s’était absentée d’elle-même… C’est juste après le passage d’un agent des impôts, venu réclamer le colossal arriéré des taxes dues –dont la famille n’a jamais pris connaissance, puisqu’elles sont dans le tas permanent de courrier-.

Après le passage du triste monsieur, plus rien n’a jamais été pareil.

Ce qui m’a plu :

C’est une merveille ! « Gatsby le magnifique » version trash, mais écrit, qui plus est, avec une spontanéité et une innocence désarmantes. C’est roman qui porte en lui l’immense talent d’exprimer, à la fois, une jubilation étincelante tout en vous donnant à voir la tristesse la plus dévastatrice d’une réalité que l’on sait sans issue.