Lourdes : « Les coups de cœur de Karine »

La rubrique des « coups de cœur Karine » est une rencontre hebdomadaire sur le site de Lourdes Actu, proposée par la Médiathèque avec Karine Aristin Chargée de la culture.

Cette semaine elle vous propose « L’HÔTEL HANTE » de William Wilkie COLLINS

 

 

L’HÔTEL HANTE

Auteur :

William Wilkie COLLINS, auteur du XIXe siècle (1824 – 1889) et ami de Dickens. On peut le considérer comme le précurseur du roman policier moderne, sachant aussi que son œuvre, qui est plutôt prolifique, est souvent teintée de mystère. Cela dit, « l’hôtel hanté » est un de ses seuls véritables romans fantastiques.

De plus, une des spécificités de Collins est l’exploration de la nature humaine, dans toutes ses facettes, des plus lumineuses aux plus noires. C’est cette connaissance approfondie des diverses natures de l’homme qui confère à ses personnages cette densité inimitable.

L’histoire :

Le docteur Wybrow, célèbre pour ses diagnostics quasi magiques, reçoit, un soir, l’étrange visite d’une femme au magnétisme surprenant, qui se dit veuve, et sur le point d’épouser en secondes noces, un aristocrate irlandais.

La comtesse Narona, tel est son nom, est persuadée qu’elle est en train de sombrer dans les abîmes de la folie la plus noire. Qui plus est, elle pense être atteinte d’une malédiction qui la conduit à sa perte. Ladite malédiction aurait pour origine la rupture des fiançailles de son futur mari avec sa cousine, alors qu’il s’éprenait de Lady Narona et la préférait à sa promise.

Pourtant, les deux femmes se sont rencontrées, et la comtesse n’a ressenti aucune animosité de la part de la fiancée éconduite ; bien au contraire, celle-ci étant apparue pétrie de bonté et de douceur. Cependant, à sa vue, le cœur de la future mariée s’est glacé et elle ne peut se défaire de ce sentiment angoissant de catastrophe imminente.

Malgré son discours rocambolesque, la comtesse paraît tout à fait saine de corps et d’esprit. Pour cette raison, le docteur, d’habitude aussi éloigné que faire-se-puisse des ragots et autres médisances, se précipite à son club pour en apprendre davantage sur cette femme en proie aux pires affres de la peur.

Là, il apprend, sur la dame, les pires horreurs. Elle serait une aventurière sans scrupules, coureuse de dot, qui plus est ! Son frère, un certain Baron Rivar, serait, en fait, son amant. Elle aurait, de plus, espionné pour le compte de l’ennemi. En un mot, elle serait celle par qui tout scandale arrive.

Ainsi, le jour du mariage, taraudé par une curiosité brûlante, le docteur se rend à la cérémonie et y trouve une mariée plus pessimiste encore que lors de leur première rencontre. Manifestement, l’avenir va lui donner raison. Lors du voyage de noces, le courrier (domestique) des jeunes mariés, recommandé par la fiancée éconduite, disparaît, et Lord Montbarry, l’époux de la Comtesse, meurt d’une bronchite mal soignée…

Ce qui m’a plu :

L’écriture est très élégante, tout en restant moderne. Malgré la prose caractéristique du XIXe siècle, on ne perçoit aucune lourdeur de style. De plus, les émotions, états d’âmes et autres nuances de la conscience ou de l’âme sont parfaitement bien narrés, comme si l’auteur eût analysé, dans tous ses aspects, le domaine de la psychologie.

Ici encore, on trouve la preuve d’un esprit très moderne compte tenu du fait que l’étude et la connaissance des douleurs psychiques et des tourments de l’âme n’en était qu’à ses prémices, au XIXe siècle. L’on peut déceler, aussi, dans ce texte, une veine romantique qui apparaît souvent dans le « Roman Noir » ou le « roman gothique ».

Ainsi, au-delà du récit, finalement très prenant, on jouit d’une grande richesse littéraire, en lisant cet ouvrage.