1ère Biennale d’art contemporain transfrontalière : Tarbes/Huesca du 4 octobre au 2 décembre

La ville de Tarbes accueille la 1ère édition de la Biennale d’art contemporain en collaboration avec la ville de Huesca.

Cette rencontre transpyrénéenne, qui aura lieu alternativement à Tarbes et Huesca, explore le thème de  la Nature et s’articule autour de deux actions complémentaires :

Accueil par la ville organisatrice, d’artistes en résidence originaires de sa ville jumelle

TRAS

Los Pineneos es España, pero es tambien Francia

La perception de l’autre dépend du point de vue…

TRACE

Depuis son origine l’homme se déplace laissant des vestiges de son passage.

Une main sur la paroi d’une grotte,

Un pied dans la glaise,

Un nouveau continent de déchets inaltérables.

De l’histoire de la Terre inscrite dans la pierre des fossiles…

Comme l’histoire de l’humanité, imprimée dans les paysages, la terre, l’air, l’environnement

Contenu pour cette 1ère édition,  quatre expositions :

Au Musée Massey, salle Beaux-arts

1- Exposition INDEX NATURA, en partenariat avec le Centre d’Art et de la Nature de Huesca (CDAN). composée d’oeuvres (peintures, sculptures, vidéos photos, gravures) provenant du fonds d’œuvres du CDAN,  avec des artistes comme Richard Long, considéré comme un des principaux artistes du Land art.

2- Regards croisés dans les collections du musée Massey

Dans le cadre de ces premières rencontres de l’art contemporain entre Huesca et Tarbes, le musée Massey accueille l’exposition conçue, par le « Centro de Arte et Naturaleza » CDAN de Huesca.

Ce moment important ouvre une nouvelle ère dans les relations que le musée souhaite développer avec de nouveaux partenaires en France et à l’étranger.

Pour accompagner la démarche, proposée par le CDAN, qui offre de nouveaux horizons aux regards et à la perception de l’art, le musée Massey propose un nouvel itinéraire dans ses propres collections. Itinéraire qui associe diverses approches du paysage dans l’art passé et dans la création d’aujourd’hui.

Des regards croisés qui permettent également de nouvelles perceptions de nos paysages, réels ou ressentis, mais déjà des paysages inscrits dans un passé et des paysages futurs que les évolutions climatiques laissent présager…

Des artistes aujourd’hui posent ces interrogations quant au devenir de la planète. Des traces de l’Humanité seront peut-être un jour les vestiges de nos paysages transmis par le regard des artistes.

Salle d’exposition du Carmel :

Travail de trois photographes aragonais accueillis en résidence à Tarbes, Jorge Isla, Beatriz Aïsa et Eduardo Marco Miranda.

En traversant le Pyrénées entre Huesca et Tarbes, puis entre Tarbes et Huesca, les trois artistes ont tenté de capté ou de capturer les paysages au gré du temps et des heures du jour. Ils ont marché ou roulé sur des chemins tracés depuis toujours, utilisant les axes définis par l’homme dans cette quête de la traversé, Tras los Pyréneos.

Les témoignages saisis par leurs regards, images offertes par la nature, sont ici restitués comme un caléidoscope que le regard du visiteur peut modifier au gré de sa propre traversée de l’exposition.

Aile sud-ouest du Carmel

En parallèle de la salle d’exposition, des artistes émergents haut- pyrénéens, Ines Lavialle : céramiste, Pierre Meyer : photographe et Manu Topic : artiste de stone balance.

Ces trois jeunes artistes investissent un lieu, l’aile sud-ouest du Carmel. Espace abandonné depuis de nombreuses décennies, laissé volontairement dans son histoire.

Dans cet espace, chargé d’histoire, les trois artistes se jouent des regards et engagent des dialogues. Dans cette clôture, ils se plaisent à modifier le regard porté sur les paysages. Modifications improbables comme les installations de Manu Topic ou d’Inès Lavialle. Visions improbables mais pourtant réelles, quand Pierre Meyer arrête un paysage familier des Pyrénées.

INDEX NATURA,

EXPOSITION PRESENTEE par le CDAN – Centre d’Art et de la Nature de Huesca

 
Un index est une liste ordonnée du contenu d'un ouvrage, mais c'est aussi un fichier dans lequel sont répertoriées diverses données. L’étymologie latine « indice » signifie « signe » et « indicateur ». L'exposition, « Index Natura », présentée au Musée Massey de Tarbes rassemble une série d'œuvres appartenant aux collections de CDAN (Centre d'Art et Nature) de Huesca, en Espagne.
 
La volonté d’Index Natura est de révéler ou dévoiler des aspects souvent, dissimulés, occultés ou oubliés mais présents dans chacune des œuvres sélectionnées.
 
L’exposition réunit environs 15 pièces, peintures, sculptures, dessins, gravures, photographies et vidéos, groupées par intentions artistiques, réalisées dans un laps de temps qui se situe entre 1978 et 2016.
 
Cette sélection d’œuvres montre la fascination ressentie par les artistes à la recherche de l’inspiration dans la nature qui les entoure, mais cette sélection également montre comment le musée étudie et contextualise ces productions artistiques, quand elles entrent dans une collection publique.
 
Dans cet objectif les œuvres ont été choisies selon des critères larges, divers et hétérodoxes, les rassemblant dans un concept prédéfini en un mot qui leur est assigné, ainsi la présentation se divise en 6 parties : Fleuve, Arbre, Montagne, Mer, Champ et Habitat.
 
Ensuite, une recherche, dans le dictionnaire de l’Académie Royal de la langue française a permis de préciser la signification de chaque Mot et de rapprocher, quelques définitions, des œuvres présentées
 
Index Natura est une proposition transversale qui associe le passé et le présent mettant en relation créateurs, espaces et publics, à la recherche d’un nouveau contexte d’étude et d’interprétation des œuvres d’art, qu’elles soient historiques ou contemporaines.
 
L’objectif étant de revisiter « l’histoire officielle de l’art » avec d’autres narrations, sans alternatives autre que créer des relations.
 
L'accumulation, le regroupement et la juxtaposition des périodes des pièces, cherche intentionnellement à rompre avec la classification classique de l’art, basée sur les zones géographiques, les périodes, les styles et les artistes.
 
Face à cette histoire canonique, théologique et réductrice, l’exposition se présente comme un réseau apocryphe de nœuds qui posent un paradigme « autre » pour l’écriture d’une historiographie de l’art qui transcende les limites linéaires et géo-temporelles.
Le résultat est un vivier d'idées et d'obsessions dans un dialogue poétique, idéologique, aléatoire et, bien sûr, antagoniste.

REGARDS CROISES DANS LES COLLECTIONS DU MUSEE MASSEY 

Dans le cadre de la biennale d’Art contemporain

Pierre MEYER (né en 1984, vit dans les Hautes-Pyrénées)

Ce photographe, passionné de montagne, a parcouru le massif Pyrénéen du Mont-Perdu. Ses œuvres témoignent de l’aspect graphique des paysages traversés.

Le fruit de son travail est édité dans un ouvrage « L’écriture du temps » paru en 2015. Son regard révèle les aspects grandioses et variés, de ces paysages qui se transforment en fonction de la lumière et du temps. La photographie noir et blanc permet d’accentuer les effets de matière, les formes de minérales qui se dressent.

Le Mont Perdu ou Monte Perdido, le plus haut sommet des Pyrénées,culmine à 3350m. En 1802, Ramond de Carbonnières, en fait la première ascension. Cet exploit marque le début de la découverte de ce massif et de son histoire géologique.

Les œuvres de Pierre Meyer saisissent avec acuité la mémoire oubliée, inscrite dans les roches, mémoire de la Terre condensée sur ce site. Immensité calcaire vestige de l’ancien océan. Pics arides et déchiquetés témoins de la puissance et de la force telluriques

On touche enfin le seuil du gigantesque édifice. On n’en croit pas ses yeux ; on cherche autour de soi un appui des comparaisons : tout s’y refuse à la fois, quel repos dans cette enceinte…

(Ramond de Carbonnières, notes de son exploration du Mont Perdu).

Françoise Pacé

El mundo nos contiene, pero nosotros contenemos el mundo. Somos la cueva de piedra donde el mar respira : llena de vibraciones asciende asciende en una cùpula de sonidos, pero no se desmorona cuando la ola se va.

Sonia Sanoja  « A traves de la danza »

Dégagé des tentations et des expériences autobiographiques l’œuvre de Françoise Pacé semble avoir acquis une « autonomie » d’expression.

Cette grande légèreté et (ou) cette grande liberté ne doivent rien au hasard. Elles répondent à une gestuelle parfaitement maîtrisée et acquise par l’artiste, la matérialisation palpable d’une chorégraphie de la pensée et du corps.

Les « reliefs » révélés par la relation fusionnelle de l’encre et du papier ne sont des paysages que par la puissance évocatrice de la « tache » et l’imagination créatrice.

L’artiste dans une démarche mémorielle, sensorielle reproduit sur le support le mouvement du corps et sa présence physique et psychique dans le paysage « réel ».

Les cheminements au petit matin dans la campagne normande, la contemplation des paysages traversés établissent une relation entre le regard, la pensée et la lumière filtrée des épaisseurs humides de l’air.

La pensée serait-elle un filtre entre l’être et l’étant ?

Ainsi l’œuvre ne parle pas de paysage, mais de profondeur du paysage. Elle ne parle pas non plus de l’individualité, mais d’un Tout…

…Les « paysages » ainsi révélés par l’artiste s’apparentent aux œuvres de la Renaissance italienne où ils apparaissent toujours en arrière-plan. Paysage évanescents, lointains, presque inaccessibles, un « ailleurs ».

Martine Dubilé

« ces dernières années, le paysage a fait son apparition dans l’univers métaphysique de Martine Dubilé. Ses constructions géométriques aux verticales massives rythmées de lignes épurées ont fait place à une vision romantique de la nature. Elle est passée des découpes de bandes noires subtilement trécées dans une matière à la densité veloutée et ajustée dans une composition abstraite à une interprétation paysagère à mi-chemin entre le réel et le mirage. La lumière, les matières sont au cœur de ses recherches. Des blancs rompus dans les camaïeux de gris, des ocres bruns, du marron servent une abstraction mémorisée.

Une mémoire de lieux que dévoile l’artiste qui recourt à des couleurs froides, des lignes abruptes pour s’adoucir, s’infléchir en courbes et suggérer un paysage de montagne. Des incisions verticales et diagonales se superposent à l’émergence de formes évocatrices d’une nature en formation. L’image s’écrit entre le mouvement et une stabilité, une mutation et un hiératisme.

Martine Dubilé parle du souvenir du silence, d’un éclairage des premiers temps, d’une lumière génésique éveillant à la vie les éléments terrestres. La beauté de sa peinture engendre un sentiment d’atemporalité, une forme d’éternité.

Lydia Harambourg (in gazette Drouot 28 février 2014).

Pierre Tal Coat :

1905 – 1985

Pierre Tal Coat, est considéré comme le maître du paysage au 20ème siècle.

Né en Bretagne, il s’est installé très tôt en Normandie, effectuant de nombreux séjours dans les Pyrénées à Cauterets.

Son œuvre est celle d’un marcheur, qui sillonne la nature, cherchant à chaque pas à capter les vibrations de l’air et de la lumière, les traces humaines ou animales, traces visibles ou invisibles comme l’air fendu par le vol de l’oiseau.

Sur les terres livrées aux ravages des eaux sauvages, limon déposé sur les traces ensevelies visibles encore, surgissent les amers du regard, comme s’il n’était de regard que dans le déchaînement à araser, blesser et faire surgir ce qui, enfoui, continuait de vivre.

Pierre Tal Coat.

TEXTE LE PAYSAGE

A la nature, il n’y a rien à ajouter, elle est ce qu’elle est dans son indifférence et sa beauté. Du sujet tourmenté il n’y a rien à dire. Ce qui importe, l’essentiel, est leur rencontre, leur mutuelle présence donnée dans l’état de sentiment, dans cette manière de sentir et ressentir qui fait être l’un et l’autre ; il n’y a pour autant nul grand drame cosmologique à évoquer ; il y a seulement l’énigme d’une double existence révélée à travers un seul affect : « je me sens comme un enfant sortant du sous-sol et disant : qui a mis l’arbre ici ? ». Les choses n’ont pas encore leur solidité de choses évidentes et banales, elles restent des bouffées d’impressions. L’intériorité n’est pas plus définie : ni inconscient, ni moi, c’est le sentiment même où se saisit et s’oublie le sujet. C’est pourquoi, à bien y réfléchir, la référence au paysage est trompeuse : elle suggère une présence face à la nature recherchée pour elle-même, un face à face recueilli, alors que le paysage n’est rien d’autre que le recueillement des sentiments eux-mêmes : il est la métaphore de l’expérience essentielle. Celle-ci est complexe : il y entre des traits de la nature, des couleurs et des masses visuelles, mais tout autant la tonalité des jours, la suggestion de la mort, le territoire affectif du peintre.

Yves Michaud

Sarah Moon

est née à Vernon en 1941.

Ce qui est avant tout marquant dans l’œuvre de Sarah Moon, c’est son rapport à la fiction. Depuis ses premiers clichés, les photographies de Sarah Moon n’ont eu de cesse d’illustrer un certain désir de détachement de la réalité. À ses débuts, son choix de se lancer dans la photographie de mode ne pouvait aller que dans ce sens puisqu’il n’y est question que d’illusion, de séduction, de rêve et jamais de représentation fidèle du réel. En accord avec ce désir de fiction, ses photographies sont, pour la plupart, mises en scène. Il y a, chez Sarah Moon, une vraie volonté de brouiller les pistes, autant par ses choix de mises en scènes irréelles que par le traitement particulier de ses images qui est devenu sa signature. Robert Delpire entre autres a dit de sa photographie qu’elle tend à « déréaliser » tout ce qu’elle prend4.

Le processus de développement (effectué par Patrick Toussaint tout au long de sa carrière) joue un rôle capital dans l’œuvre de Sarah Moon. Une grande partie de ses polaroids sont marqués par des dégradations. Ces procédés de dégradation de l’image évoquent le temps, la décomposition, l’avancée inexorable vers la destruction et, dissimulant parfois une partie de la scène représentée (souvent les bords du cadre), ces accidents provoqués lors du développement se font représentations de l’absence du passé dans le présent, de la perte de l’impression vécue, du manque, de la fragilité du souvenir.

De plus, l’apparition des tâches, et d’« accidents » minutieux sur le négatif ou lors du tirage de ses épreuves forme comme des strates représentant elles-mêmes la photographie et ses procédés techniques. Dans une grande partie de ses œuvres, cette mise en abîme en filigrane de la photographie dans la photographie reflète sa vision de son outil et de son art comme un « vrai-semblant », comme une illusion. Cette esthétique des tirages de Sarah Moon éloigne les scènes représentées de la réalité et de l’anecdotique pour les ancrer dans la fiction – hors du réel et hors du temps

Outre les dégradations, des flous interviennent dans une grande partie de ses photographies. Deux types de flous sont récurrents : des flous dus au mouvement du sujet et à un long temps de pose ; et des flous orchestrés par des expositions répétées d’une même image légèrement décalée à chaque fois, dédoublant ainsi les contours sur le papier photographique et annihilant toute prétendue vérité.

Dieter Appelt

Est né en 1935 en Allemagne, vit et travaille à Berlin

L’artiste investit des thématiques qui constituent l’essentiel du travail : la durée, l’attente et la capacité du temps à générer son propre espace.

Chanteur d’opéra, dessinateur, photographe, cinéaste  et sculpteur, Dieter Appelt propose des images sidérantes, situées dans un entre-deux de l’espace et du temps, nées d’une profonde réflexion sur l’être et le monde.

Son œuvre concentre le temps en poussées et fait tourner, circuler, disparaître et rejaillir l’instant comme un temps qui serait chaque fois, dans des espaces décalés, à donner et à prendre différemment : un travail de disparition, stratification, condensation de la mémoire et des éléments, ou persiste toujours de manière palpable la présence de la matière et de la vie.

Dieter Appelt fait ainsi de chaque œuvre une réelle expérience sensitive, nous renvoyant en nous-même comme un lieu fondamental, propice à la méditation.

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