Après le succès de 2017, le Conseil d’architecture, urbanisme, environnement (CAUE) des Hautes-Pyrénées a réitéré en 2018 son opération « Trames et territoires ». Cette manifestation est organisée avec le soutien de l’Etat, de la Région, du Conseil départemental et de la Mairie de Tarbes.
C’est ce lundi matin 8 octobre aux Haras de Tarbes, dans le cadre somptueux de la Maison du cheval qu’a été inauguré cette « Quinzaine architecturale », qui se déroule du 8 au 22 octobre. Elle se signale par la richesse de son programme : voir, comprendre, questionner afin de mieux transmettre, réinventer, requalifier notre cadre de vie.
Cette année, le CAUE se tourne vers demain. Les missions du CAUE sont de venir en aide aux Collectivités mais aussi aux particuliers. L’idée, c’est donc de « penser » l’avenir sur le plan de l’aménagement du territoire.
Des maquettes, des dessins, des photos, des dizaines de conférences, d’ateliers… vous attendent (tout le programme sur www.caue- mp.fr, entrée gratuite, tous les jours de 10h à 19h).
2017 et au-delà… L’ARCHITECTURE FACE AUX DÉFIS DU MONDE CONTEMPORAIN
Selon le Groupe d’experts inter-gouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), le réchauffement global de la planète pourrait croître de 1,1 à 6,4 °C d’ici la fin du XXIe siècle. Ce phénomène, qui se traduit notamment par des bouleversements climatiques, est l’un des grands défis de l’architecture et de l’aménagement de demain. Tous les territoires – qu’ils soient urbains ou ruraux -, et toutes les échelles – de l’habitat individuel à la zone à urbaniser-, sont concernés. Face à ce défi, de nombreuses mutations dans la fabrique de la ville et l’aménagement des territoires sont en train de s’opérer. Elles conduisent au renouvellement de l’élaboration de projets architecturaux, urbains et paysagers à différentes échelles.
LA VILLE FACE AU DÉFI CLIMATIQUE
La ville est particulièrement soumise à l’influence du réchauffement global. Celui-ci se traduit notamment par des îlots de chaleur, caractérisés par des hausses de températures parfois élevées entre le centre et la périphérie, sources de dysfonctionnement et d’inconfort en été. La circulation automobile intense, la minéralisation des sols, le déficit de végétal et d’eau dans les espaces publics, sont notamment en cause.
La ville existante représente environ 90 % de la ville des décennies futures, elle se reconstruit sur elle-même depuis toujours. On estime qu’elle sera le lieu de vie de 70 % de la population mondiale d’ici 2050. L’urbanisme dense qui la caractérise favorise l’économie de consommation des sols, à l’inverse des extensions urbaines – ou lotissements -, qui dévorent de précieuses terres agricoles. Chaque année, c’est l’équivalent d’un département français qui disparaît à la faveur de ces zones urbaines construites ex nihilo.
À l’échelle des bourgs ruraux, la densité cumule de nombreux atouts. Elle favorise la mixité fonctionnelle (proximité entre zones d’habitats, services et équipements), la rentabilité des réseaux et équipements, la convivialité des espaces publics. En outre, la compacité du bâti (mitoyenneté des bâtiments), en réduisant les échanges thermiques, offre un gage d’efficacité énergétique.
La densité reste donc un enjeu majeur, qu’il convient de concilier avec la problématique des îlots de chaleur urbain, pour faire en sorte que les villes deviennent énergétiquement durables et à faible émission de CO2. La réduction de la dépense énergétique des constructions et de leur usage est indispensable dans les économies contemporaines. Dès 2020, les bâtiments à énergie positive dépenseront moins d’énergie qu’ils n’en consomment Le défi consiste à proposer de nouveaux modes d’habitat qui allient densité, durabilité et qualité de vie pour l’usager.
DES MODES D’HABITAT ADAPTES AUX USAGES CONTEMPORAINS
De par leur inadaptation aux modes de vie actuels, les bâtiments anciens peinent souvent à concurrencer l’offre en logement standardisé qui participe de la banalisation des paysages. Un dialogue entre le patrimoine existant et une architecture contemporaine de qualité peut être instauré par la formulation de propositions en termes de réhabilitation des tissus anciens et des bâtiments existants. La création contemporaine dans l’ancien est soutenue et plébiscitée par les services en charge du patrimoine. L’objectif est de qualifier la forme urbaine et les usages des ensembles bâtis et des espaces libres. Faire varier les densités, par exemple, permet de répondre à la demande d’espaces extérieurs (cours, terrasses,…), d’espaces verts et à la diversité des modes de vie contemporain.
Au-delà des formes d’habitat, ce sont aussi les manières d’habiter qui sont a interroger dans le cadre d’un développement soutenable. L’urbanité d’un heu – son aménité – ne repose ni sur la taille, ni sur la densité, mais sur la mixité. « Les besoins les plus urgents aujourd’hui nécessitent un habitat économique, des espaces de travail flexibles, des réseaux de transport intelligents et des modèles de consommation partagée – en relation avec une politique urbaine et économique culturellement et socialement inclusive» (Christopher Alexander, « Sustainable design III », éditions Alternatives, 2014).
D’ici 2030, deux milliards de personnes dans le monde seront en situation d’habitat précaire. Contrainte par une économie de moyen, la « ville précaire» (camps, bidonvilles,…) est forcée d’inventer de nouvelles pratiques constructives qui en font un laboratoire de la ville de demain. On voit ainsi émerger une architecture du réemploi, caractérisée par une seconde vie offerte aux matériaux utilisés dans la construction. Cette approche qui conjugue durabilité et modestie des projets ne sacrifie pas pour autant l’esthétique. On peut puiser de la créativité dans le bois de récupération ou le béton à faible coût.
Discours de Mme Audigeon Christiane
« Monsieur le Secrétaire général, Monsieur le Conseiller régional, Mesdames et Messieurs les Conseillers départementaux, Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs, Chers Amis,
J’ai l’immense plaisir de vous accueillir à l’occasion de la 2ème édition de «TRAMES & TERRITOIRES » dans ce haut lieu de patrimoine que sont les Haras de Tarbes.
Je tiens tout d’abord à vous remercier, toutes et tous, pour votre présence, signe de votre attachement aux actions du CAUE.
Je tiens aussi à excuser Mme la Députée et M. le Député ainsi que Mme les sénatrices qui n’ont pas pu se libérer.
M. Président du Conseil départemental, Michel PELIEU, pris par d’autres engagements, m’a chargée de le représenter.
Je ne citerai pas les autres excusés, qu’ils me pardonnent, nous savons chacun d’entre nous combien parfois il est difficile de se libérer pris par diverses activités.
L’édition 2017 de «Trames & Territoires» était consacrée aux fondamentaux: la trame de l’eau, la trame verte, la trame paysagère… Elle a fait l’objet d’un ouvrage qui, je dois le souligner, connaît un vif succès. Comme a été appréciée la 1ère édition avec plus de 1500 visites sur 13 jours et une participation du public toujours plus nombreux aux conférences.
Cette réussite nous a encouragés à recommencer, à inventer une nouvelle édition avec une thématique différente qui s’intitule «notre territoire en devenir ». Elle répond à une vraie problématique à laquelle sont confrontés les élus, les acteurs économiques et les habitants ; un questionnement pour chacun d’entre nous sur le devenir de notre territoire.
Cette thématique s’inscrit aussi dans les politiques nationales et régionales de revitalisation des bourgs centres et de revalorisation des friches urbaines… qui sont menées dans le cadre d’une reconquête des espaces. Le CAUE est partie prenante de ces réflexions et de ces actions qui accompagnent les mutations de notre territoire.
Dans cet esprit, vous retrouverez en parcourant l’exposition, les travaux liés aux diplômes de fin d’études des étudiants de l’Ecole Nationale d’Architecture de Paris/Belleville dont le thème est «Transformer pour préserver». Leurs études portent sur l’agglomération tarbaise. L’approche de ces jeunes étudiants qui ne connaissaient pas notre territoire est très intéressante. Ils ont porté un regard neuf sur ce dernier, plus large et plus transversal. Vous aurez, je pense, plaisir à découvrir leurs travaux ainsi que tous les autres que Vincent Dedieu, directeur du CAUE, vous décrira plus avant.
En effet, une manifestation d’une telle envergure qui allie expositions, animations, ateliers, conférences ne peut voir le jour sans le talent d’une équipe, celle du CAUE qui a su fédérer autour d’elle de nombreux partenaires ; j’en citerai quelques-uns : l’Union Régionale des CAUE, l’Ordre des Architectes, les étudiants de l’ENSA Paris/Belleville, ceux de l’ENSA de Toulouse, l’Office National des Forêts, la Maison de la nature et de l’environnement des Hautes-Pyrénées… et bien d’autres encore. Qu’ils soient toutes et tous remerciés pour leur participation.
Il s’agit là de la cheville ouvrière de la manifestation, ceux qui ont réalisé ce que vous aurez à voir, à entendre, à parcourir, à admirer.
Mais pour arriver à ce résultat, des moyens financiers ont été mobilisés. Au-delà des fonds propres du CAUE, la DRAC Occitanie et donc l’Etat, nous a Soutenus dans cette aventure comme nous soutiennent la Région Occitanie, le Département et la Mairie de Tarbes. Grand Merci à tous.
Quant à moi, Présidente de cet organisme, je souhaite revenir aux fondamentaux, à l’essence même de l’existence du CAUE créé par la loi sur l’architecture de 1977. Je souhaite rappeler que le conseil aux particuliers et aux collectivités ainsi que nos actions de sensibilisation sont notre raison d’être. Et cet événement s’inscrit totalement dans ces missions. La thématique retenue « Notre territoire en devenir » passe nécessairement par une sensibilisation du public scolaire à la compréhension du territoire. Des ateliers sont organisés pour ce jeune public, ils sont animés par Josiane Magne, architecte conseil, et rencontrent un vif succès. Je m’en félicite et je me dis qu’il faut poursuivre ce beau travail. Merci Josiane et encore merci à toute l’équipe ! »