Lourdes : « Les coups de cœur de Karine »

La rubrique des « coups de cœur Karine » est une rencontre hebdomadaire sur le site de Lourdes Actu, proposée par la Médiathèque avec Karine Aristin Chargée de la culture.

MEKONG

L’auteur : J. A.Pourtier. Roman écrit en 1931. Bien que l’auteur ne soit que peu connu, parmiles auteurs de l’Indochine, nous pouvons d’ores et déjà reconnaître à ce romanune importante modernité humaniste. En effet, le texte se veut le défenseur desautochtones, coolies et ethnies asservies par l’Occident colonialiste, ce quidans la littérature de cette période est encore assez rare.

L’histoire :

Monsieur Dalabert, est un colon français expatrié au Laos depuis de nombreuses années, riche propriétaire, à Pakket, d’une mine d’étain. Il est aidé, dans cette tâche d’exploitation minière, par son intendant : Monsieur Lempereur, un colon de la première heure, ainsi que de son associé chinois Li-Wu-Yen.

Chose peu commune à cette époque et dans son milieu, Dalabert respecte et ménage, dans toute la mesure du possible, la  main d’œuvre qui exploite le minerai. En effet, l’homme entretient d’excellentes relations avec son personnel autochtone, ainsi qu’avec les ethnies habitant dans les villages qui jouxtent sa propriété. Preuve en est son union avec une Laotienne, maintenant décédée ; union dont est née une fille qu’il chérit, Saolem, maintenant en âge de convoler.

Saolem est donc métisse, et par sa personnalité, ses inclinations la portent plus vers la culture laotienne qu’européenne, le bal de la Résidence, quintessence de la « fête coloniale », la mettant bien  moins en joie que les fêtes de village laotiennes. De plus, peut-être est-ce un rapport de cause à effet, la jeune fille est éprise d’un jeune laotien qui vit sur les terres de son père.

Pourtant, il va falloir qu’elle s’y rende à ce bal du Résident. D’ailleurs le prestigieux fonctionnaire, accompagné de son épouse, vient, ce soir, en personne, rendre visite à Dalabert et sa fille. Le Résident compte s’entretenir d’une affaire de la plus haute importance avec ce dernier. Le sujet concerne certainement son ambition d’acquérir des terres supplémentaires pour agrandir la mine, déjà fort prospère, la concurrence avec le reste de la colonie se révélant assez âpre, et les bonnes dispositions de Dalabert envers les laotiens, plutôt incomprises.  

C’est que le désir d’équité, la droiture avec laquelle il traite ses ouvriers est loin d’être du goût de la communauté très fermée des autres colons, bien moins respectueuse, entre autres, de la main d’œuvre locale. Des bruits de dénigrement courent dans le milieu privilégié. L’Administration Générale commence à s’intéresser au cas « Dalabert », et émet le souhait d’ouvrir un dossier d’inspection.

C’est ainsi que le Résident lui apprend que son associé Li-Wu-Yen serait à l’origine d’un trafic d’opium sur ses terres et qu’une enquête sera ouverte. Il le met aussi en garde contre certains de ses projets qui vont à l’encontre de ceux de la bonne société coloniale, jalouse du succès de l’exploitant. Ce dernier doit affronter de nombreuses chausse-trappes imprévues, mais il va trouver, en la personne de l’épouse du Résident, une alliée inespérée, dès qu’il commencera à entretenir une liaison avec cette élégante qui s’ennuie poliment auprès de son Résident de mari.

Ce qui m ‘ a plu :

Fait relativement rare, parmi les auteurs de colonie, J. A. Pourtier  semble, avec grande complaisance, beaucoup plus s’attacher à la narration du peuple laotien que de la société  occidentale, qu’il décrit, d’ailleurs avec fort peu d’aménité.

Pour illustrer cela, l’écrivain soulève les injustices que subissent les autochtones, en tant que main d’oeuvre asservie, tout en sublimant leur nature et leur personnalité.

L’on décèle, aussi, une grande sensibilité qui transparaît dans le texte de cet auteur, et qui confère une force supplémentaire à ce souffle humaniste qui réside au cœur du roman.