La rubrique des « coups de cœur Karine » est une rencontre hebdomadaire sur le site de Lourdes Actu, proposée par la Médiathèque avec Karine Aristin Chargée de la culture.
Cette semaine elle vous propose » SAO TIAMPA Epouse laotienne » de Gaston Starbach, avocat, poète et écrivain, et Antonin Baudenne commis des Services Civils de l’Indochine
SAO TIAMPA Epouse laotienne
Les auteurs :
Gaston Starbach, avocat, poète et écrivain, et Antonin Baudenne commis des Services Civils de l’Indochine, ont écrit ce roman à 2 plumes, en 1912.
L’histoire :
Vébaud, jeune homme de 25 ans, plein d’entrain, doté d’un grand engouement pour l’Indochine et frais émoulu de l’école coloniale, est envoyé au Laos pour exercer son métier de fonctionnaire administrateur.
Dépêché dans un village laotien, lors d’une rencontre avec le chef, il croise une jeune autochtone dont la plastique et la mise le fascinent immédiatement : Sao Tiampa. Manifestement, l’attirance est réciproque.
Si les rituels de cour assidue n’en finissent pas de s’éterniser entre deux fiancés, dans la pure tradition des mœurs laotiennes, Vébaud, en homme pragmatique et efficace, veut aller vite dans les pourparlers. Par l’entremise de son Tchuôp -son interprète- il demande en mariage, à la mère de la jeune fille, l’objet de sa convoitise. L’affaire étant conclue, Voici Verbaud fier de ce mariage indigène qui vêt pour lui toutes les promesses d’une union épanouie et heureuse sous tous les aspects possibles. Sa femme est belle, jeune, et contrairement aux occidentales expatriées, peu habituée aux caprices et au luxe.
Mais déjà, lors de la cérémonie, Verbaud commet des impairs. Impatient de posséder son épouse, le fougueux jeune homme bouscule et fait abréger le déroulement des rites, ce qui ne manque pas de mettre Sao Tiampa en de bien moins bonnes dispositions. De plus, comment se comprendre lorsqu’on ne parle pas la même langue ? Voici que l’interprète masculin, pourvu d’une grande beauté, lui fait de l’ombre auprès de sa légitime.
Que dire aussi de cette gigantesque différence de mœurs, coutumes, états d’esprits que séparent, inexorablement, les administrés autochtones du jeune fonctionnaire qui, loin s’en faut, n’a pas tout appris à l’école coloniale, de la réalité quotidienne indochinoise… De plus, cette douce paysanne sortie d’un village de la jungle, ne va-t-elle pas se révéler plus capricieuse encore que les frivoles occidentales ? Ainsi, à mesure que Verbaud grimpera dans la hiérarchie, il sera confronté à certaines désillusions tant conjugales que sociales qui laisseront un goût amer à cet innocent dont l’expérience des relations humaines et du pays auront fait défaut.
Ce qui m’a plu :
Vicissitudes de l’incompréhension entre hommes et femmes, gouffres d’antagonismes entre les mœurs asiates et occidentaux, tourments et contradictions de la nature humaine, tout ceci nous est narré avec une grande subtilité, doublée d’une solide connaissance de l’humanité.