La rubrique des « coups de cœur Karine » est une rencontre hebdomadaire sur le site de Lourdes Actu, proposée par la Médiathèque avec Karine Aristin Chargée de la culture.
Cette semaine elle vous propose » AU TEMPS OU LA JOCONDE PARLAIT » de Jean Diwo
AU TEMPS OU LA JOCONDE PARLAIT
L’auteur : Jean Diwo, grand écrivain contemporain français, né en 1914, et décédé en 2011. Il fut, de prime abord, journaliste, puis grand reporter pour de prestigieux magazines.
C’est au moment de cesser son activité professionnelle qu’il se tournera vers l ‘écriture de romans historiques, qui remporteront, tous, un grand succès auprès du public.
L’histoire :
Dans le bouillonnement artistique de la Renaissance italienne, le jeune Antonello, bien que doté d’un talent prometteur en la matière, n’a nullement l’intention de suivre les traces de son père, prospère orfèvre à Messine.
Non, ce qui fascine littéralement le jeune homme, ce sont les couleurs, ainsi que l’art de les travailler pour accomplir des prouesses en matière de peinture. Cette passion le taraude depuis qu’en secondant son père, dans la livraison de pièces d’orfèvrerie chez le Duc Ansaldo, il s’était retrouvé face à des tableaux de Maîtres célèbres.
Malgré ses réticences, de guerre lasse, les parents d’Antonello le laissent assouvir sa soif d’art pictural, et le placent, à Naples, chez un compatriote qui reçoit toute leur confiance : Giovani Colantonio. Lui-même avait délaissé l’art des métaux précieux pour peindre. Ansi, avec une telle similitude d’inclination, l’alchimie entre lui et son apprenti ne pouvait que s’opérer!
Et, en effet, en compagnie de son maître et de son épouse, Antonello développe son savoir-faire, exerce la précision de ses traits, et surtout, s’initie aux arcanes des techniques de préparation des couleurs.
Justement, dans ce domaine de la magie picturale, un homme excelle : le dénommé Van Eyck, un peintre vivant à Bruges, et auteur de tableaux dont les couleurs offrent une luminosité de pierres précieuses. Antonello le découvrira lorsque sera porté, à l’atelier de son mentor, une « Vierge à l’Enfant », destinée à être restaurée, avant de revenir à son propriétaire, le Roi Alphonse d’Arangon.
A n’en pas douter, le maître flamand possède un secret, détient un ingrédient spécial et mystérieux, qui confère, à ses couleurs, cette si vive intensité ! Antonello s’en fait la promesse, même si Bruges paraît se situer au bout du monde, il découvrira le secret !
D’ailleurs, un jour où Alfonse d’Aragon visitera la chapelle, à la décoration de laquelle Colantonio et son disciple oeuvrent, Antonello osera s’en ouvrir au grand homme, lui faisant part de cette curiosité confinant à l’obsession : découvrir la magie de ces couleurs -au parfum si étrange, inconnu jusqu’ici- posées sur le tableau de la « Vierge à l’Enfant ».
N’est-ce pas, déjà, un premier pas vers le succès de son entreprise, le fait que le roi, en personne, soit mis au fait de son irrépressible désir de se rendre en terre flamande, pour rencontrer Van Eyck ?
Ce qui m’a plu :
Jean Diwo signe, ici, une fresque qui dépeint magistralement la grandeur de la Renaissance.
Qui plus est, avec le talent qui lui est coutumier, l’écrivain rend, magnifiquement, hommage aux hommes -mécènes, scientifiques, philosophes, artistes…- qui ont contribué à faire de cette période, une célébration de l’Humanisme, préfigurant les Temps Modernes, et célébrant la grandeur de l’ « Homme », non plus en tant qu’instrument de Dieu, mais tout empli de sa propre puissance créatrice.