L’araignée patiente, la mouche imprudente et le bourdon malin
Imagine une très vieille grange, entourée de prairies fleuries.
Tout en haut sur le toit une fenêtre (que l’on ne peut pas ouvrir) ; mais exposée aux rayons chauds du soleil.
Et là, habite une belle araignée, qui a tissé sa toile recouvrant la vitre, c’est son appartement ! Elle est sûre que l’on ne viendra pas la chasser à cette hauteur.
Personne d’autre qu’elle n’a le droit d’y venir et si par hasard un intrus s’y aventurait, l’araignée ne sera pas d’accord, et elle en fera son repas.
Ainsi passent les journées, elle va d’un côté à l’autre, et surveille la prochaine visite ; parfois personne ne vient, tant pis, attendons demain !
La mouche bleue, elle, n’arrête jamais, vole, se pose, repart, visite, rentre dans les maisons, curieuse, va vers les fenêtres, bref elle est toujours en mouvement.
Et voilà notre mouche qui rentre dans la grange par la petite porte restée ouverte ; elle fait le tour de la pièce ; rien de particulier, mais là-haut, sur le toit, une fenêtre par où rentre la lumière, chauffée par le soleil, et qui lui donne envie de s’en approcher, et de se poser sur cette vitre chaude.
Elle y va, sans voir le piège !
Quelque chose la gêne dans ses pattes ; pas facile de s’en débarrasser, en faisant quelques pirouettes, cela devrait s’arranger.
Non, rien à faire, elle tourne, vire, s’énerve, et à présent ce sont ses ailes qui paraissent collées, décidément il aurait mieux valu ne pas venir ici, et rester sur les fleurs de la prairie.
Elle a tout essayé, elle est coincée, épuisée, rien à faire, l’araignée est tranquille, elle n’est pas pressée, elle ira la voir quand elle aura faim ! .
La porte est toujours ouverte, et le bourdon qui passait par là, rentre, pour juste pour voir ….par curiosité ; un tout petit tour, sur les pierres, sur les poutres, rien de spécial finalement on est beaucoup mieux dehors ;
Mais où est la sortie ? il refait un tour, monte, va, vient, cherche, ne voit rien, va vers la fenêtre, mais ne s’en approche pas trop, la regarde de loin. Par contre quelqu’un est rentré dans la grange, le bourdon va prendre des risques ; et il va se poser bien délicatement et sans se faire remarquer sur la blouse colorée ; surtout ne pas bouger ; ne pas faire de bruit, malin le bourdon ; et c’est exactement ce qui se passe ; la blouse ressort à l’extérieur, et lui aussitôt il s’envole et retrouve sa liberté ; ouf !
La blouse colorée, c’était moi ; je l’ai vu ce magnifique bourdon qui s’est posé sans bruit, confiant, n’a plus bougé, comme pour attendre de moi que je l’aide, et c’est ce que j’ai fait ! C’était facile. En somme, une confiance mutuelle.
Le hanneton pris au piège !
Nous sommes à la mi-juillet, et ce matin, j’ai fait une rencontre avec un insecte que je n’ai plus vu depuis des années ! UN HANNETON.
Il y a plusieurs dizaines d’années, et je n’exagère pas, que je n’en ai pas tenu un dans ma main ; cette espèce, c’est bien connu, est en voie de disparition, aussi me voici ramenée, par la pensée, quelques années en arrière, au mois de mai, dans les allées du parc d’Argelès, où il y en avait tellement !
Mais celui-ci avait besoin d’aide de toute urgence !
Je balayais ma terrasse, et là, je vois, suspendu à un fil de toile d’araignée, un insecte à qui il vient juste d’arriver quelque chose de désagréable, vu l’état d’agitation où il se trouve. Il est bien plus gros qu’une mouche, et en plein travail pour essayer de se libérer ! Tout d’abord, je pense à une abeille, vite, le balai pour le faire descendre, il tombe, mais…ça n’est pas gagné, surprise, un hanneton.
Ce petit fil de la toile d’araignée qu’il a à une de ses pattes, je pense qu’en tirant juste dessus, je vais pouvoir le libérer. Eh bien non, j’ai commencé à le tenir délicatement entre le pouce et l’index, mais le bougre n’arrêtait pas de se démener, et le fil vu de près ressemblait à un plâtre sur une jambe ; serré autour de cette patte toute fine et bien fragile.
Plus de dix minutes d’opération délicate pour enfin faire disparaître ce fil blanc, sans occasionner le moindre dégât, car une patte en moins, et l’insecte est condamné.
Dans le coin du mur, l’araignée, quant à elle suivait les opérations, en espérant bien sûr que son repas n’allait pas lui filer sous les yeux, et se demandant sans doute, de quoi s’occupait ce gros insecte à deux pattes qui se permettait de lui voler sa nourriture.
Eh bien tant pis, il faudra attendre le prochain imprudent, parce-que ce hanneton, lui, a repris son vol, et j’en suis ravie.
Christiane Hild