La rubrique des « coups de cœur Karine » est une rencontre hebdomadaire sur le site de Lourdes Actu, proposée par la Médiathèque avec Karine Aristin Chargée de la culture.
Cette semaine elle vous propose » ARIA DI ROMA » de Pierre-Jean Remy.
ARIA DI ROMA
L’auteur : Pierre-Jean Remy –de son vrai nom : Pierre-Jean Angremy), de l’Académie française. Né en 1937, décédé en 2010. Diplomate, écrivain, il écrivit, aussi, sous plusieurs autres pseudonymes.
Grand auteur français, il entra à l’Académie français en 1988. A la tête d’une soixantaine de livres, il reçut de nombreux prix littéraires prestigieux. De plus, il administra la Villa Médicis, de 1994 à 1997, et fut nommé président de la Bibliothèque Nationale de France, de cette date à 2002.
L’histoire :
En raison de sa renommée dans le milieu des arts, ainsi que de son grand talent et de sa cote en tant que peintre, le narrateur du récit est convié à séjourner pour le temps qui lui agréera à la Villa Lucrezia, située sur la très agréable colline du Janicule, à Rome, près du Vatican.
Ladite villa Lucrezia appartient à une prestigieuse fondation artistique américaine, qui, après avoir convié, en Suisse, la fine fleur internationale dans ce domaine, propose à quelques artistes –et ce moyennant pour certains, dont notre narrateur, une somme colossale- de s’installer en « résidence d’artiste », pour produire leur plus belle œuvre.
Pour le peintre, tout est matière à un enchantement absolu, dès son arrivée. Cette villa, par son architecture, son emplacement qui offre un panorama magnifique sur la ville éternelle, son luxuriant jardin, ses compagnons de résidence, et leurs propres travaux artistiques, sont autant de promesses d’inspirations, pour lui qui, porté par sa célébrité, ne s’est plus, depuis longtemps confronté à ses muses.
Tout le monde, personnel y compris, paraît nager en pleine félicité et camaraderie de bon aloi. Pourtant, certains des artistes présents à la Villa Lucrezia, parlent volontiers, bien qu’à mots couverts, d’une malédiction qui serait lié au passé de la maison.
En effet, et c’est le cas pour d’autres villa du Janicule, le passé n’est pas totalement enfoui, loin s’en faut, et se mêle au présent. Les fondations labyrinthiques, comme les premières installations végétales, datent bel et bien de l’Antiquité, tel ce bosquet de la Villa Lucrezia ; ce bosquet sauvage en tous points différent du bel ordonnancement du jardin à l’italienne, étendait déjà ses ramures au temps de la construction de la première villa patricienne quelques 2000 ans plus tôt.
D’ailleurs, les résidents se sentent mal lorsqu’ils doivent traverser le petit bois. Certains, même en deviennent littéralement malades et sont pris de malaises. Il se murmure même que c’est à cause de la malédiction, de cette jeune esclave qui a injustement péri dans de terribles souffrances, ici, dans le bosquet, assassinée sur les ordres de sa maîtresse…
Ce qui m’a plu :
Le premier ressenti qui vient à l’esprit à la lecture du texte est : l’élégance. Car tout, dans une éclatante sobriété participe d’une recherche d’harmonie et de plénitude, comme une œuvre conçue dans un parfait équilibre. C’est cela qui est mis en exergue dans la description des jardins, de la villa, de l’état d’esprit du narrateur.
Ensuite, et c’est ce qui rend le roman fascinant, nous nous enfonçons au fil du récit, dans le sous-sol : sous-sol réel, celui de la villa, et des maisons adjacentes, puis sous-sol mental, celui de la psyché des habitants de la villa –commensaux captifs, en somme, des largesses de leur mécène et du confort de la maison- où l’on s’aperçoit que les sujets les plus sensibles sont, en effet, victimes d’une force qui les dépasse, et ne fait pas, à proprement parler, preuve de bienveillance. Justement… Quoi de plus sensible qu’un artiste ?
Un superbe roman qui ravira autant les lecteurs amateurs d’atmosphères envoûtantes que d’énigmes.