« Oublier, c’est effacer de sa mémoire.
La nostalgie, c’est regarder en arrière, et regretter le passé.
Mais, se souvenir c’est le devoir de chacun de nous de continuer à faire vivre le vécu et transmettre à ceux qui viennent après nous ce qu’ils ne connaîtrons pas, car leur vie se déroule à l’époque actuelle, et elle est tellement différente !
Il y a plus de 60 ans ce petit village des hautes-Pyrénées ; où chaque maison était occupée, je l’ai connu, j’y ai grandi et je l’ai aimé. Même si les années ont passé, même si le cours de ma vie m’a transportée bien loin de lui, j’y reviens, je m’y promène , et mon coeur se serre : AYZAC !
L’école, dans la partie basse du village, elle est toujours là, identique, inchangée , mairie et école à la fois, comme autrefois.
Il n’y avait pas de bus scolaire, pas de parents qui amenaient leurs enfants en voiture, peu de circulation sur la nationale.
Pourtant les enfants allaient à l’école, ceux du haut descendaient souvent en courant, passaient à travers les vergers ; ceux qui venaient d’Ost, marchaient, il y avait aussi moins de danger avec la circulation routière. La murette qui entoure la cour de récréation existait déjà, mais tout autour il y avait des vignes, et quand le raisin était mûr, on se mettait à plat ventre sur la murette pour en picorer quelques grains.
Le lavoir devant le presbytère ( tous deux ont disparu pour faire place à une maison de retraite). Les femmes s’y retrouvaient, avec les bassines, les lessiveuses de linge qu’elles avaient auparavant fait bouillir chez elles, c’était un lieu de rencontre tout en travaillant, tout le monde se connaissait, se parlait.
Il n’y avait pas de portails électriques, pas de panneaux « propriété privée-défense d’entrer, chien méchant, vidéo surveillance, etc », rien de tout ça.
Le terrain de jeux c’était l’extérieur ; les rues du village, les cours des maisons, les châtaigneraies, les cabanes improvisées, la pêche aux tétards dans les abreuvoirs était une occupation des plus prisées, autant pour les garçons que pour les filles !
A l’occasion d’une fête religieuse comme la « Fête Dieu », les femmes préparaient et décoraient les reposoirs dans divers endroits du village ; les rues qui n’étaient pas asphaltées, étaient alors recouvertes de verdure, et les enfants habillés en jour de fête, avaient des petits paniers autour du cou remplis de pétales de roses qu’ils jetaient en avançant ; nous étions heureux de notre vie.
Les maisons avaient toutes des jardins potagers, et je peux vous assurer que les enfants savaient reconnaître aux premières feuilles, les légumes qui poussaient : carottes, poireaux, blettes, fèves, petits-pois, haricots, pommes-de-terre.
Les plants de pommes-de-terre ont d’ailleurs une petite histoire que tant d’années écoulées n’ont jamais pû effacer. Chacun sait que les petits-enfants arrivent toujours à négocier avec leurs grands-parents ! Je tenais absolument à sauver les coléoptères rayés qui habitaient ces plants, et je m’étais engagée vis -à-vis de mon grand-père à les en débarrasser sans qu’il soit obligé d’intervenir – c’était donc à l’aide d’une boite de conserve que j’effectuais régulièrement le déménagement des doryphores en les amenant le plus loin possible du jardin, c’est à dire vers les chataîgneraies tout en haut du village.
Nos petits villages doivent continuer à vivre, d’une autre façon, mais gardons leur identité, et respectons ce qui leur est propre ! »
Texte d’une fidèle lectrice Christiane HILD