« Voici exactement six mois Alain Garcia quittait le grand théâtre de la vie par une porte dérobée. En gentilhomme qu’il était, il avait souhaité, pour ne pas dire choisi, sa sortie : à son image, discrète, pudique et forcément élégante en nous laissant, en impression dernière, la vitalité et la gaieté qui l’animaient puis son humour parfois grinçant mais toujours si juste. Et c’est bien cela qui persistera dans nos mémoires, ce sentiment que nous convoquerons lorsque nos pensées évoqueront son nom, sa voix ou son visage.
Alain consacra sa vie à la beauté, avec passion, créant autour de lui un univers dont Mary-Elle, sa si célèbre boutique lourdaise, ne fut pas la moindre expression. Il y démontra, des décennies durant, ce qu’était l’œil absolu à l’instar de ces musiciens qui ont l’oreille de même. Ce lieu fut celui du goût le plus fin, toujours audacieux et de bon ton tout à la fois. Il y faisait profession, ainsi qu’il le confessait, d’y habiller les dames et faisait, somme toute, une part de leur bonheur quand il s’avisa enfin de créer Gabo où les messieurs purent avoir leur part de son talent.
Nous allions chez Alain certes pour y trouver de bien belles choses qu’il sélectionnait avec autant d’attention qu’un meuble ou un tableau en les imaginant déjà nôtres et qu’il nous présentait comme telles : « j’ai ceci pour toi ! » vous lançait-il, passé le seuil de sa porte, et je ne me rappelle guère de fois où nous n’en ayons convenu sans réserves. Mais, avant tout, il tenait, et nous faisions, salon, artistique, philosophique ou plus simplement mondain selon l’humeur du moment. Autour de lui et avec lui nous refaisions le monde, échafaudions projets et théories et ponctuions nos conversations les plus sérieuses de grands éclats de rires, conscients que nous étions que tout est dérisoire ici-bas sinon la chaleur de l’amitié qui nous unissait tous.
Un œil flamboyant et grand ouvert sur le monde, l’autre mis clos, rieur et détaché, il observait chacun avec bienveillance et complicité, se livrant peu mais, entre force et fragilité, entre cœur et esprit, donnant beaucoup à qui puisait à sa source.
Ce samedi 27 juin à 18h30 une messe à la mémoire de notre ami Alain sera dite en la Crypte du Sacré-Cœur de Lourdes, nul doute qu’elle y rassemblera tous ceux qui l’ont aimé.
In Memoriam. »
Christian Gelis