70 représentants de collectivités membres de la «Plateforme des collectivités solidaires avec SOS MEDITERRANEE» MEDITERRANEE», dont la présidente de la Région OccitanieCarole DELGA, ont adressé le weekend dernier, un courrier commun au président de la République afin de l’alerter sur l’urgence humanitaire en Méditerranée et le désengagement croissant des Etats européens en matière de secours en mer. Elles l’exhortent ainsi à profiter du statut actuel de la France, à la tête du Conseil de l’Union européenne, pour porter et défendre le respect des conventions internationales et l’accès humanitaire pour le sauvetage des vies en mer.
Lancée à l’initiative de la Région Occitanie, du Département de Loire-Atlantique, et de la Ville de Paris en janvier 2021,« la plateforme des collectivités solidaires avec SOS MEDITERRANEE » a pour objectif de fédérer un maximum de communes, de départements et de régions autour des missions portées par l’association. Les collectivités membres apportent également un soutien financier indispensable à SOS MEDITERRANEE et constituent une caisse de résonance pour les citoyennes et les citoyens mobilisés dans leurs territoires, en facilitant leurs actions de témoignage et de sensibilisation.
A travers le courrier qu’elle viennent d’adresser au président de la République, ces collectivités alertent ainsi sur «la catastrophe humanitaire qui se prolonge depuis 2014 en Méditerranée […] transformée en cimetière à ciel ouvert», avec sur la seule année 2021, une augmentation de «23% de la mortalité en mer par rapport à 2019, et de 55% par rapport à 2020, avec 1 553 personnes qui ont péri lors de naufrages en Méditerranée centrale».
Face à ce constat macabre, le courrier pointe une «conséquence directe de choix politiques effectués par l’Union européenne et par ses États membres, qui ont décidé de se dégager de leur responsabilité en matière de sauvetage en Méditerranée», mais également un renoncement au respect des engagements internationaux de recherche et de sauvetage des naufragés à travers la mobilisation des ressources des Etats «aux seules fins de contrôle et de sécurisation de leurs frontières». Et de dénoncer : «En délégant ces missions à la Libye, État défaillant avec deux gouvernements qui s’opposent, ils ont créé les conditions d’une gestion humanitaire désastreuse aux portes du continent européen».
Les signataires rappellent également le rôle de SOS Méditerranée et des ONG mobilisées pour limiter les pertes humaines en rappelant que «malgré l’absence totale de soutien des États et les multiples entraves administratives et politiques qui lui sont imposées, l’action de SOS Méditerranée aura permis de secourir, depuis février 2016, 35 333 personnes en danger de mort assumant, de facto, les responsabilités morales et juridiques qui incombent, en toute logique, aux États».
Les collectivités solidaires de SOS Méditerranée souhaitent ainsi mobiliser le président de la République sur la capacité de l’Europe à «changer le cours de l’Histoire à travers les négociations en cours sur le Nouveau Pacte sur les Migrations et l’Asile, qui prévoit une clause concernant le sauvetage en mer et la répartition des personnes rescapées entre les pays européens» et plaident pour «qu’un accord soit conclu entre les États membres pour créer un système européen et solidaire de débarquement et de prise en charge des rescapés». Le but étant de mettre fin au «traitement au cas par cas tel qu’il est actuellement pratiqué» entraînant des «jours, voire des semaines d’attente en mer» avant que les autorités n’autorisent le débarquement en mer, situations « contraires aux conventions internationales et au droit maritime».
Et les signataires de conclure : «Il est désormais temps de mettre fin à cette situation qui déshonore nos États et ne fait qu’aggraver la détresse des rescapés». «Parce qu’elle occupe une place prépondérante dans le Monde et en Europe et parce que la voix du pays des Lumières compte, nous sommes convaincus que la France a un rôle déterminant à jouer auprès de ses partenaires européens pour qu’une solution juste et conforme à nos valeurs se dégage».
Engagée depuis 2017 aux côtés de SOS Méditerranée, la Région Occitanie a déjà mobilisé plus de 400 000€ pour permettre à l’association de mener à bien ses missions de sauvetage, avec notamment la mobilisation de 30 000€ cette année pour l’achat d’un canot de sauvetage.