Les Jeunes Agriculteurs 65, la FDSEA 65 et la Chambre d’Agriculture 65 ont donné une conférence de presse ce vendredi 12 août à 11h, à la Chambre d’Agriculture des Hautes-Pyrénées.
« Au lendemain de la parution d’un nouvel arrêté déclenchant la « phase renforcée » du Plan de crise du Bassin de l’Adour dans les Hautes-Pyrénées, les représentants de la profession agricole (FDSEA, JA, CHAMBRE D’AGRICULTRE) éclaircissent ces nouvelles restrictions et font le point sur les cultures, l’irrigation et l’état des rivières.
Les agriculteurs des Hautes-Pyrénées sont victimes d’une sécheresse historique qui impacte la quasi-totalité du territoire. Toutes les productions, végétales comme animales, subissent les conséquences directes ou indirectes d’un stress hydrique.
Le travail des représentants de la Chambre d’Agriculture 65, de la FDSEA65 et des JA65 concernant les conditions de l’irrigation a permis de retarder l’échéance fatale des arrêts, tout en maintenant des débits d’eau suffisants pour la flore et la faune du système hydrographique.
Aujourd’hui, nous devons faire un sacrifice pour conserver un débit minimum dans nos rivières. Ce sacrifice est causé surtout par l’incapacité des élus à construire des retenues collinaires. La profession a pourtant fait des propositions de sites depuis plus de quarante ans. L’acceptation sociétale a toujours été un alibi pour ne pas enclencher les créations de réserves. Espérons qu’une année comme celle-là leur permettra d’agir !
Nous nous insurgeons contre le nouvel arrêté concernant la restriction d’irrigation sur la nappe phréatique. En effet, cette dernière est toujours abondante et n’a que peu d’impact sur le débit des rivières. On ne résoudra pas la problématique des rivières par une limitation des prélèvements dans la nappe. On pénalise uniquement l’agriculteur, sa production et son revenu. Comme d’habitude.
Notre étonnement se tourne également vers nos réserves de lac de montagne (Cap de Long, Oredon et l’oule appartenant à la SHEM et EDF). Au 11 août 2022, il reste 62 millions de m3. Pourtant le système Neste est contraint depuis plusieurs semaines à 2 jours d’interdiction d’irrigation par semaine et depuis le 8 août à une interdiction de 3,5 jours par semaine soit 50% d’irrigation en moins. Alors que 5 millions de m3 suffiraient à le réalimenter et avec 5 autres millions l’Adour pourrait être également réalimenté.
Question : est-il plus important de stocker cette eau pour produire de l’énergie l’hiver que de l’utiliser pour l’irrigation permettant la production de biens alimentaires ?
Le réchauffement climatique est une réalité qui impose à tous de s’adapter. En France, le volume de précipitations annuelles reste stable (480 milliards de m3 par an) cependant leurs répartitions sont modifiées. A l’échelle nationale, 32 milliards de m3 d’eau sont prélevés chaque année.
Le stockage de l’eau est aujourd’hui primordial pour s’adapter aux évolutions du climat. Les retenues collinaires si souvent décriées lors de leur construction dans notre département répondent aux nombreux besoins: eau potable, défense incendie, salubrité publique, équilibre des milieux et biodiversité, besoin agricole, besoin des industries, paysages et loisirs.
A l’heure où la souveraineté alimentaire de notre pays est au centre des priorités, la gestion de l’eau est un gage d’une production régulière de biens alimentaires durables.
Notre département s’est engagé depuis plusieurs années dans la diversification des cultures (obligation de la PAC). Grâce au système coopératif, la culture du soja a été relancée depuis plusieurs années améliorant encore cette diversité culturale. Sans un maïs de qualité, grâce à l’irrigation, pas de foie gras, ni de poulet label, ni de bœuf. Tous alimentent des filières de qualité locale.
Que ce soit en agriculture conventionnelle ou biologique, l’eau est indispensable. Ces productions locales de qualité assurent aux consommateurs de disposer d’une alimentation garantissant la provenance ainsi que la sécurité sanitaire contrairement aux productions importées.
L’accès à l’irrigation joue un rôle déterminant dans le maintien d’un tissu rural fort et actif sur des territoires soumis régulièrement à la sécheresse, en limitant la disparition des exploitations. Une exploitation de 80 ha est viable grâce à l’irrigation. Il en faudrait 200 pour assurer un même revenu sans irrigation.
L’irrigation permet de voir de nouveaux jeunes s’installer dans le métier en leur garantissant un revenu régulier.
L’irrigation assure les rendements en améliorant l’efficience des intrants.
L’irrigation génère une diversité des productions sur notre territoire.
L’irrigation maintient la biodiversité : entre un champ irrigué et un champ non irrigué, on note jusqu’à 20°Cdedifférence.
Les insectes et les petits gibiers recherchent l’eau et la fraîcheur. Les êtres vivants dans le sol (vers de terre, collemboles, champignons, bactéries…) ont besoin d’eau pour rester en vie et fonctionner.
Quelque soit le bassin, système Neste, Esteous, Echez, Louet, Adour, Arros, sachez que vos représentants œuvrent à la résolution des problématiques. En effet, l’ensemble des agriculteurs des Hautes-Pyrénées sont victimes d’une sécheresse historique.
Notre département est un château d’eau exceptionnel pour notre région, ensemble travaillons à son développement !
Nous sommes conscients des enjeux de société qui s’imposent à tous, eau potable, défense incendie, salubrité publique, défense des milieux environnementaux et halieutiques. Sachez que les agriculteurs y contribuent largement au quotidien.
Comprenez le besoin vital d’eau, de stockage, d’ouvrages de ressources et de transfert pour que notre territoire bigourdan soit demain plus résilient !
Notre fin sera votre faim, l’eau c’est la vie. »