Les bouquetins en leur domaine au Parc national de Pyrénées !

Quel plus beau témoignage de la bonne adaptation du Bouquetin ibérique au territoire du Parc national que la dynamique de la population constatée en cette année 2022, par les gardes-moniteurs du Parc national des Pyrénées ?

La reproduction, d’une part, le taux de survie d’autre part
Dès les premières réintroductions en vallée de Cauterets, la reproduction a été particulièrement forte.
Avec soixante-trois animaux relâchés (2014 – 2015), le noyau évoluant sur Cauterets et les environs, est aujourd’hui estimé à plus de deux cents individus.
Avec un taux de reproduction de 50% des femelles accompagnées de leur cabri de l’année, et un taux de survie avoisinant 100 %, la population en vallée de Cauterets poursuit une excellente trajectoire.

En vallée de Luz-Gavarnie, depuis les lâchers de quarante-six animaux (2016 – 2017), et malgré les difficultés d’observation dues à la typologie des sites, les agents du Parc national ont constaté des échecs de reproduction au cours des dernières années. Le taux de reproduction atteint cette année 41% des femelles, et la croissance de cette population est plus lente. Elle est aujourd’hui estimée à soixante bouquetins. Un renforcement de la population est prévu pour le printemps prochain afin que ce noyau de population prenne lui aussi son envol dans ce milieu favorable à son épanouissement.

En vallée d’Aspe, dernier en date des sites d’accueil de bouquetins en provenance du Parc national de Sierra de Guadarama (Espagne), quarante bouquetins ont été relâchés en six opérations entre 2019 et 2021. Il est incontestable que ce site réussit aux ongulés à la vue du nombre de naissances déjà recensées dans cette population nouvellement réintroduite : , onze des treize femelles présentes sur la commune d’Accous, ont déjà mis bas en 2022, dont une femelle qui a désormais à ses côtés des jumeaux.

Par ailleurs, il est à noter qu’une femelle âgée de deux ans, née en Béarn, a déjà un jeune, alors que l’âge habituel pour une première portée dans les populations plus anciennes est de trois, voire quatre ans. Cela caractérise une population réintroduite bien adaptée avec une croissance démographique rapide.
Le noyau de la vallée d’Aspe dépasse désormais les cinquante bouquetins.


Deux cabris de l’année en vallée d’Aspe © A. Garnier. – Parc national des Pyrénées



Une veille sanitaire aux résultats prometteurs
Des moyens importants sont mis en œuvre par le Parc national des Pyrénées afin de surveiller l’état de santé des bouquetins ibériques.
Avant chaque réintroduction, les animaux capturés sont mis en quarantaine et bénéficient d’un suivi vétérinaire afin de détecter un éventuel état de méforme ou une pathologie incompatible avec leur venue sur un nouveau territoire.
Une veille sanitaire passive est réalisée sur les cadavres de bouquetins qui sont retrouvés. Les analyses réalisées par le laboratoire des Pyrénées et des Landes, permettent de déterminer les causes de la mort des animaux. A ce jour, seules des chutes et ensevelissements dans des avalanches ont été recensés.
Enfin, une veille sanitaire active permet de connaître l’état de santé au cours de la vie du bouquetin. Pour ce faire, le bouquetin est capturé par les gardes-moniteurs du Parc national des Pyrénées. Endormi au fusil hypothermique sous la surveillance d’un vétérinaire, l’animal peut ainsi être examiné par ce spécialiste de l’espèce. L’état de santé constaté de l’animal sera complété grâce à une prise de sang permettant des analyses complémentaires.
Le besoin de changer un collier permettant de suivre les déplacements de l’ongulé ou la volonté de suivre l’état sanitaire d’un noyau de population, sont autant de raisons de réaliser ce protocole. Il a aujourd’hui été mené à trois reprises avec succès par les agents du Parc national.