Henri GOURSAU (résidant à Ayzac-Ost) déjà bien connu pour ses nombreuses publications sur les différentes langues parlées dans le monde, vient de faire paraître un petit dictionnaire des langues de la Grande Occitanie.
« Depuis longtemps, j’avais à cœur d’écrire un petit dictionnaire qui ferait apparaître différentes graphies de l’occitan selon les régions de la grande Occitanie, de l’Atlantique à l’Italie, par-dessus les Pyrénées et la Méditerranée. Ce dictionnaire présente 19 variantes du parler occitan. Ce livre n’a pu être réalisé que grâce à la collaboration d’éminents linguistes, locuteurs, militants, défenseurs des langues minoritaires représentant chacun une région d’Occitanie. Et l’occitan gascon bigourdan y figure en bonne place. Ma langue maternelle étant le patois gascon lavedanais, que je parle couramment et encore parfois en famille, » nous précise Henri GOURSAU.
Il est vrai que les patois et les dialectes sont des traditions vivantes de la France, une richesse qu’il est important de collecter, de préserver et de conserver. Au début du XIXe siècle, on a voulu éradiquer les patois, sous prétexte qu’ils étaient nuisibles à l’apprentissage du français. Les patois étaient synonymes d’analphabétisme et aussi de misère sociale ; la vraie culture ne pouvant s’acquérir que par la langue de Molière. Aujourd’hui, l’école semble refaire ce qu’elle a détruit en proposant des cours d’Occitan.
Henri GOURSAU rajoute que « plusieurs langues régionales sont en danger d’extinction n’ayant aujourd’hui que peu de locuteurs. En Suisse, le patois neuchâtelois n’est plus écrit et parlé que par une seule personne, le médecin Joël Rilliot.
Originaire d’Arrens-Marsous en Lavedan, j’ai moi-même appris le patois avant le français enseigné à l’école du village. C’était la langue d’usage dans la plupart des familles et nos parents nous parlaient ainsi. Mais ma génération est la dernière à avoir utilisé le patois. Ceux qui sont venus après moi comprenaient le patois mais répondaient à leurs parents en français. Et donc à partir des années 60, le patois c’était terminé et la transmission ancestrale aussi. Plus tard, j’ai compris qu’il ne fallait plus parler patois en dehors du cercle familial et surtout pas en société, ce qui vous ridiculiserait et était honteux. La bienséance exigeait qu’on ne s’exprime plus qu’en français. Les patois étaient si riches en vocabulaires, en dictons, en formules, qu’on ne pourra pas en conserver toute la richesse, l’étendue et les subtilités.
Chaque village avait son parler avec ses propres mots, ses constructions de phrases, ses accents. Au cours des siècles à la campagne les gens avaient modelé leur propre patois, car ils vivaient en quasi-autarcie grâce aux nombreuses exploitations agricoles mais aussi grâce à la couturière, au maréchal-ferrant, au mécanicien, au charpentier, au boucher, à l’épicier, au cafetier et à la rareté des moyens de locomotion. On se mariait d’abord entre gens du même village et même entre cousins au 2° et 3° degré. Les villages en ces temps ayant un mode de vie de forme tribale.
L’apprentissage de l’Occitan à l’école ne reconstruira pas ces nombreux dialectes qui faisaient la spécificité et l’authenticité de chaque village, hameau, vallée, contrée.
Dans mon village d’Arrens-Marsous a vécu Miquèu de Camelat (1871-1962), l’un des plus grands écrivains gascons du XXe siècle et fervent promoteur de la langue gasconne.
N’abandonnons pas les langues historiques de nos chers territoires et pays ! Elles appartiennent au patrimoine de la France. »
Henri GOURSAU
42, avenue des Pyrénées
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