Ce dimanche 30 avril a eu lieu la Journée d’Hommage aux Déportés Internés et Résistants Patriotes. Elle a débuté à 10h15, rue des Martyrs de la Déportation où se trouve la plaque-emblème, en présence du Maire Thierry LAVIT, de la Présidente locale des Déportés Carmen FONTAINE, de Présidents d’associations patriotiques et de Porte-drapeaux. Après la Sonnerie aux Morts, tous ont entonné l’Hymne National, suivi d’un dépôt de gerbe par la Présidente et le Maire et de la Minute de silence, empreinte d’une grande émotion.
Puis à 11h, devant la stèle du général De Gaulle, a eu lieu la cérémonie officielle présidée par le Sous-préfet d’Argelès-Gazost Fabien TULEU, en présence du Député Benoît Mournet, des Sénatrices Viviane ARTIGALAS et Maryse CARRERE, des Conseillers départementaux de Lourdes 2 Stéphane PEYRAS et Marie PLANE, du Maire Thierry LAVIT, du 1er Adjoint Philippe ERNANDEZ et quelques Conseillers municipaux, des Présidents des Associations patriotiques et de leur Porte-drapeaux, des représentants de la Police nationale, de la Gendarmerie et du public.
La cérémonie a débuté par la lecture du Message national 2023 des associations par Carmen FONTAINE (voir ci-dessous), suivie du discours du Maire de Lourdes (voir ci-dessous). Cinq gerbes ont été déposées, suivies de la Sonnerie aux morts, la Minute de silence et de l’Hymne national chanté avec ferveur par toute l’assistance. Puis les Autorités ont salué les Porte-drapeaux, les Président(e)s des Associations patriotiques et les élu(e)s, tandis que s’élevait, par une diffusion sonorisée, le très beau « Chant des Marais », mettant ainsi fin à cette cérémonie fort émouvante.
Carmen FONTAINE, Présidente de la section lourdaise de l’Association des Déportés Internés Résistants (ADIRP) a lu le message signé par plusieurs associations de Déportés :
« En ce dernier dimanche d’avril, la Nation rend hommage aux victimes et aux héros de la Déportation que la barbarie nazie, avec la complicité du régime de Vichy, a jeté par dizaines de milliers dans l’enfer des camps de concentration et d’extermination en raison de leur résistance à l’occupant, de l’arbitraire des rafles de répression, de leur appartenance ethnique, de leur confession ou de leur choix politique.
Cet hommage puise sa force dans l ‘évocation des valeurs portées par les derniers rescapés des camps et par leurs camarades disparus : le respect des droits humains, la dignité et la liberté, la tolérance, l’égalité et la fraternité. Ils
ont, pour beaucoup d’entre eux, payé de leur vie leur attachement à la France.
Les survivants se sont résolument engagés dans la construction d’une Europe unie et pacifique, gage de solidarité entre les peuples.
Le destin tragique des déportés doit interpeller la conscience et la raison de toutes les générations car le combat n’est pas terminé. En effet, se précisent, sous nos yeux, les menaces de plus en plus préoccupantes des totalitarismes
de toute nature, du fanatisme religieux, du nationalisme et de la xénophobie, du racisme et de l’antisémitisme, de la remise en cause de plus en plus systématique des principes de la démocratie.
L’actualité nous le rappelle cruellement : les forces destructrices des dictatures s’attaquent à la souveraineté et à la liberté des peuples dans le monde. Sur notre continent, le martyre actuel du peuple ukrainien, dont le patriotisme et la résistance héroïque à l’agresseur forcent le respect, doit nous inciter à faire preuve d’une vigilance accrue. Tous les efforts doivent tendre à l’instauration d’une paix juste et durable pour tous les peuples comme l’avaient espéré les
déportés à leur libération.
Les hommes et les femmes qui, dans les camps de la mort, ont fait de la dignité et de la solidarité un combat quotidien pour survivre à un système organisé de négation de la personne humaine, nous montrent, par leur
exemple, la voie à suivre, celle de la résistance et du combat permanent pour la Liberté.
Ce Message a été rédigé conjointement par :
La Fédération Nationale des Déportés, Internés, Résistants et Patriotes (FNDIRP),
La Fondation pour la Mémoire de la Déportation (FMD) et les Associations de mémoire des camps nazis,
L’Union Nationale des Associations de Déportés et Internés de la Résistance et Familles (UNADIF – FNDIR)
Discours de Thierry LAVIT, Maire de Lourdes
« Sitôt arrivés au pouvoir en janvier 1933, les nazis créent les premiers camps de concentration en Allemagne dont Dachau qui ouvre le 21 mars 1933.
Avec l’expansion allemande en Europe puis la Seconde Guerre mondiale, le système concentrationnaire prend une autre dimension. Les camps se multiplient, y compris dans les territoires annexés ou occupés : Mauthausen en Autriche, Auschwitz en Pologne, Natzweiler (Struthof) en France…
Persécutés dès l’arrivée au pouvoir des Nazis, les Juifs sont dès 1941, et d’abord à l’Est, victimes d’une logique génocidaire. Au fil du temps, y sont internés également les opposants au régime, les «asociaux», les personnes dont l’orientation sexuelle n’est pas conforme aux préceptes nazis et tous ceux qui n’entrent pas dans les normes national-socialistes comme les politiques et les résistants.
Les travaux de l’Institut d’histoire du Temps Présent et du Ministère des Anciens combattants retiennent un chiffre de 141 000 déportés de France dans les camps de concentration, ou lieux d’extermination nazis, au cours de la Seconde Guerre mondiale.
75 000 environ pour des raisons raciales (2 500 survivants) chiffre auquel il convient d’ajouter 4 000 victimes mortes ou exécutées pendant leur internement en France.
66 000 environ pour des raisons diverses dont 42 000 pour faits de résistance (23 000 survivants)
100 000 déportés partis de France ne reviendront pas.
Cette guerre dite «drôle de guerre» débutée le 1er septembre 1939 aboutira rapidement, pour la France, par la signature d’un Armistice le 22 juin 1940.
La France sera alors divisée en deux, d’un côté l’occupation et de l’autre la zone dite libre, sous le régime de Vichy, dirigé par le Maréchal Pétain. Une zone qui sera tout de même occupée le 11 novembre 1942, suite à l’arrivée des alliés en Afrique du Nord.
La Résistance dans le département est un sujet peu connu et pourtant bien réel.
A Lourdes de nombreux hôtels sont réquisitionnés ; à Tarbes ce sera l’Arsenal et notamment les usines comme Morane-Saulnier.
Alors que les Allemands s’installent, des mouvements sont rapidement créés. D’abord des réseaux, dont celui de Gaston HECHES qui dès juillet 1940, permet la transmission d’informations par l’Espagne. Puis vient le réseau Andalousie et les mouvements «Libération» mené par André FOURCADE et «Comba » par Roland CAZENAVE. Enfin viennent les premiers maquis comme le groupe Bernard (vallée de l’Espone), Nistos-Esparros (des Francs Tireurs et Partisans Français) et le maquis d’Omex, sans oublier le Corps-Franc Pommiès.
A l’occasion de cette journée commémorative, il me paraissait donc important, au titre du devoir de mémoire, d’honorer nos Résistants lourdais tombés au feu, exécutés sans jugement ou qui ont été déportés, parfois après de longues journées de torture.
Parmi tous ces héros, certains resteront hélas dans l’ombre. Mais leur souvenir restera vivace au travers de ceux, connus, qui se rappellent à nous au travers des rues, avenues ou places qui portent leur nom en remerciement de leur sacrifice et à l’admiration de leur courage.
Vous pouvez leur rendre hommage en visitant la salle du Conseil Municipal de Lourdes, où figurent leur portrait. Bientôt y seront accroché aussi les portraits des femmes résistantes lourdaises.
Morts au combat : René COURTADE, Jean VALLÈS, Jean MENVIELLE, Paul CALLET
Déportés et (ou) exécutés par les nazis : Célestin ROMAIN, Alexandre MARQUIS, Francis LAGARDERE.
Vive la République, vive Lourdes et Vive la France. »