Si « la volonté permet de monter sur les cimes », comme l’énonce un proverbe chinois, on peut dire que Monsieur José RODRIGUEZ, le Président de la Défense des Forêts lourdaises, n’en manque pas et que, en ce qui le concerne, elle le pousse à grimper au sommet des arbres, tant il n’a de cesse de « remettre l’ouvrage sur le métier » et de tenter d’alerter nos concitoyens sur l’état de notre domaine forestier.
Ainsi, une entrevue initiée par Monsieur MEUNIER, le Directeur de l’ONF qu’accompagnait le responsable de l’Unité Territoriale dont dépendent les forêts de Lourdes, n’a guère apaisé cet amoureux de nos espaces naturels qui poursuit inlassablement son combat afin de préserver au mieux nos écosystèmes naturels de proximité.
Ni sur le bien-fondé d’installer, sur des îlots d’avenir, le chêne rouge de Hongrie ou le pin de Bulgarie, ni sur la paulownia, cet arbre qui peut atteindre 10 à 15 mètres de hauteur en l’espace de 3 ans et qui, en outre, absorbe 10 fois plus de CO2 que tout autre essence de bois, n’a permis à cette rencontre de trouver un consensus de bon aloi entre les deux parties.
D’autant que, s’appuyant sur une enquête menée par l’Association Disclose, notre défenseur des forêts lourdaises précise que l’ONF a vendu « des centaines de milliers de m³ de chênes vers la Chine, malgré le label UE qui les protégeait de l’export, et qu’entre 2019 et 2022 ce sont, pas moins de 294 000 m3 qui, durant cette période, partirent vers l’Asie. »
Et le Président de la Défense des Forêts lourdaises de s’insurger sur « ce véritable scandale » tout en reprochant à l’ONF de se défausser sur ce sujet en accusant « les communes forestières d’être peu enclines à trier les différentes essences de bois qu’ils vendent. »
Or, comme il tient à le rappeler, « le partenariat Communes-Forestières-ONF stipule qu’il incombe à cette dernière d’initier l’écoulement des bois mis en vente dont les bénéfices, est-il besoin de le préciser, s’élève pour l’ONF entre 10 et 12 %. »
Nous comprenons, dès lors, que l’administration de nos forêts est soumise à une gestion qui paraît bien éloignée du discours ambiant qui donne l’illusion d’un écosystème forestier maîtrisé et protégé, alors qu’il est essentiellement tourné vers la rentabilité, l’efficience et, pour tout dire, la profitabilité.
Quant au bois de Mourle, José RODRIGUEZ, au prix de savants calculs, toujours au regard des gains d’exploitation espérés au bout de 6 ans et chiffrés à 120 000 euros, il estime que, là aussi, « l’ONF dilapide nos chênes sans que le référent municipal à la gestion de nos forêts n’émette la moindre réserve puisque ce sont ainsi… 1500 arbres qui seront abattus… dont 469 chênes… dès la première année. »
On le voit , entre les discours euphorisants sur la transition écologique et les mesures coercitives qu’on impose aux citadins pour sauver la planète, la dure réalité financière des activités forestières gérées par l’Office National des Forêts n’est pas encore prête à lâcher prise et l’on peut craindre comme le précise la Une du Monde, datée justement du 8 juin, que « La forêt française ne soit plus qu’un puits de carbone en péril » puisque comme le précise toujours, en sous-titre, ce journal, « la capacité de stockage du CO2 par les écosystèmes forestiers a été divisée par deux en 10 ans. »
Affaire à suivre.
J.A