Ce lundi 11décembre, Lourdes a fêté la Journée internationale de la Montagne.
En début d’après-midi une classe de l’école primaire du Lapacca a reçu la visite d’Adeline LOYAU Lauréate du Salon du Livre Pyrénéen de Bagnères de Bigorre pour son livre « Les tribulations d’une scientifique en montagne ».
Puis à 18h, au Palais des congrès, accompagnée de Dirk S. Schmeller chercheur du CNRS de Toulon, Adeline LOYAU qui est elle-même ingénieure de recherche biologiste dans le Laboratoire d’écologie fonctionnelle et d’environnement de Toulouse et docteur en écoéthologie, ont donné une conférence remarquable pour sensibiliser le public à la perte de la biodiversité, notamment en étudiant les lacs de montagne, en présence de la Maire-adjointe à la Culture Sylvie MAZUREK.
Mot d’accueil et de présentation de Sylvie MAZUREK : « Le 11 décembre 2003, l’ONU instaure la Journée internationale de la Montagne. Depuis, chaque année, le 11 décembre nous célébrons, cet espace naturel si particulier. Ce paysage, qui semble indestructible, est pourtant vulnérable…on le voit à notre échelle avec, par exemple, le réchauffement climatique et la fonte des glaciers, l’impact des activités humaines sur les milieux naturels…Cette Journée a vocation à sensibiliser les populations et les gouvernements sur l’importance des montagnes, qui jouent un rôle déterminant dans l’alimentation en eau douce, fournissent des ressources naturelles et abritent nombre d’espèces d’animaux et de végétaux. Cette année 2023 pour la 20ème Journée internationale de la Montagne, le thème choisi est celui de « restaurer les écosystèmes de montagne ». Puis elle a présenté les 2 chercheurs-conférenciers.
A la grande surprise du public, Adeline LOYAU a fait part que les lacs de montagne étaient pollués. Une de ces pollutions importantes seraient l’introduction de poissons introduits par les humains. Il y a fort longtemps ces lacs ne contenaient pas de poissons. Et aujourd’hui les alevinages « forcés » sont courant pour la pratique de la pêche loisir. Ces introductions seraient aussi la cause de la diminution des populations d’amphibiens (indigènes de ces lacs grenouilles, salamandres, tritons), cependant il faut rajouter que ces amphibiens sont aussi décimées par le chytride, un champignon tueur) avec une extinction locale de populations d’insectes aquatiques, réduction de la taille ou ralentissement de la croissance des espèces…
Il y a aussi le problème de sécheresse, le niveau d’eau est en baisse et la température de l’eau elle est en hausse et ce lieu de vie notamment pour les amphibiens devient compliqué. Les algues se multiplient et asphyxient ce milieu…
La pollution viendrait aussi d’un certain nombre de molécules chimiques, qui s’évaporent en plaine et retombent dans les lacs par les pluies. Des microparticules de plastique provenant de dépôts atmosphériques (il s’agit de «poussière» de plastique, invisible à l’œil nu puisque les dimensions sont de l’ordre de 50 microns, soit l’épaisseur d’un cheveu) sont aussi présents dans les lacs de montagne et sans parler des pesticides anciens et actuels, fongicides, herbicides, hydrocarbures aromatiques polycycliques, insecticides (certains insecticides utilisés pour les troupeaux ou même les humains, et provenant donc sans doute non pas des précipitations, mais de sources locales (bétail, randonneurs, chiens)….On ne sait aujourd’hui en détecter «que» 479. Toutes les autres ne seront pas décelées, ce qui ne signifie pas qu’elles ne sont pas présentes !
Bref un sacré cocktail qui a perturbé le public qui croyait « un peu naïvement » à la pureté de nos lacs de montagne.
Ce que les lacs d’altitude nous renvoient à travers ces données, c’est avant tout le reflet de l’évolution de notre société.
Et on apprend encore que le réchauffement climatique, les modifications des températures et de l’écologie des lacs d’altitude sera beaucoup plus impactant que les micropolluants organiques.
Que faire ? Certains pays ne sont pas encore au stade de cette prise de conscience, inutile de les attendre, toute mesure favorable prise en un lieu du monde sera bénéfique à l’ensemble de la planète. Le protocole de Montréal pour l’éradication des CFC a été ratifié par la quasi-totalité des pays, et le problème a été réglé en 30 ans . Le même type d’action contraignante serait nécessaire dans le cas des plastiques, pour le même type d’impact.
À l’échelle individuelle, tous les efforts faits dans le sens d’une moindre utilisation du plastique à usage unique, de chauffage plus efficace, de logements mieux isolés, de véhicules moins polluants, d’insecticides naturels contre les tiques, moustiques et autres insectes piqueurs, contribuent indirectement à préserver les lacs de montagne. Le lien avec la qualité de l’eau des lacs cristallins que nous aimons contempler en montagne ne saute pas aux yeux. Et pourtant, leur avenir en dépend…
Cette Conférence commencée à 18h s’est prolongée jusqu’à 21h au vu de l’intérêt du public pour le travail de ces chercheurs. Tout à la fin a eu lieu aussi une séance de dédicace du livre publié en 2022, intitulé « Les Tribulations d’une Scientifique en Montagne » (éditions Glénat), d’Adeline LOYAUqui retrace son aventure scientifique fascinante dans les Pyrénées.