Le 9 janvier 2019 un incendie aux causes encore inconnues ravageait l’usine agroalimentaire « Toupnot » créée à Lourdes en 1932 et qui comptait 74 salariés.
Selon les Syndicats, en dépit de la mobilisation des salariés, des pouvoirs publics et des élu.e.s du territoire, le groupe COFIGEO (qui possédait à présent l’usine) décida de ne pas tenir les engagements donnés par écrit au Gouvernement et de ne pas reconstruire le site en dépit des millions d’euros d’indemnisations d’assurance perçus. 74 salariés sacrifiés et une nouvelle bataille engagée pour faire en sorte qu’un maximum des fonds perçus restent sur le territoire pour contribuer à une revitalisation et contribuent à la « réparation » du préjudice subi par les salariés.
Vu comment ils ont été traités, un groupe de 54 anciens salariés a décidé de demander réparation. Et après plusieurs séances consacrées à des questions de formes, de formulations, enfin ce jeudi 4 avril à partir de 9h les demandes d’indemnisation de 54 salarié.e.s de TOUPNOT/COFIGEO ont enfin été examinées à l’audience publique du Conseil des prud’hommes de Tarbes dans les locaux de la CCI des Hautes Pyrénées, boulevard du Président Kennedy.
Une cinquantaine des ex-salariés était présente et la tension dans la salle était palpable mais également une émotion sincère, certains suite à la plaidoirie de leur avocate ont eu la larme à l’œil.
Dans la matinée on notait la présence de la Conseillère régionale Yolande GUINLE, du Maire de Lourdes Thierry LAVIT et dans l’après-midi du Maire de Pierrefitte-Nestalas et Président de la Communauté de communes Pyrénées Vallée des Gaves Noël PEREIRA.
Présent encore l’ancien patron Pierre FRANCO qui avait cédé l’entreprise à Rémi Arnaud DE SARTRE pour enfin partir à la retraite à 70 ans et qui était là pour soutenir ses anciens salariés.
Bien entendu Rémi Arnaud DE SARTRE était présent avec 2 avocates qui se sont employées à « sabrer » les arguments de l’avocate des salariés. A noter que Rémi Arnaud DE SARTRE avait fait rentrer l’entreprise lourdaise dans le grand groupe agoalimentaire COFIGEO et dont il est actuellement membre du Conseil de direction.
Six ans après l’incendie de leur usine qui a fait basculer leur vie, les salariés, malgé toutes les promesses faites de reconstruction de leur usine avec l’argent de l’assurance (entre 18 et 25 millions d’€ suivant l’une ou l’autre des parties), sont restés « sur le carreau ».
Une véritable bataille de chiffres s’est engagée devant le tribunal. L’avocate des salariés, a essayé de démontrer comment l’entreprise avait été « pillée » par COFIGEO, en estimant que Rémi Arnauld DE SARTRE s’était versé « entre 6 et 7 M€ en cinq ans » entre les dividendes et son salaire annuel de 40 000 €, « soit par exemple 1,28 % de ce qu’une salariée a reçu pour solde de tout compte (77.000 €) en 32 ans de carrière.
Une version contestée par l’avocate adverse.
L’avocate des salariés a également sous-entendu que l’origine accidentelle de l’incendie était surprenante car « ce feu aurait pris dans une armoire électrique vérifiée la veille par l’Apave ».
L’avocate de l’employeur lui a rétorqué que tout ce qu’elle disait faisait partie « d’une théorie du complot ».
L’avocate des salariés a continué en précisant que l’employeur n’avait pas le droit de licencier car il avait signé avec l’État un accord de maintien de l’emploi pendant deux ans, et s’était engagé à reconstruire le site ravagé par le sinistre.
L’avocate du groupe lui a répondu que COFIGEO « s’était engagé à maintenant un effectif global sur l’ensemble du groupe et non sur le seul site de Toupnot. »
L’avocate des salariés a qualifié Rémi Arnaud DE SARTRE « d’homme de paille » de COFIGEO.
Pour finir l’avocate des salariés a demandé au tribunal des dommages et intérêts de 17 441 € à 71 468 € pour chacun des salariés suivant leur ancienneté dans l’entreprise, plus 8 000 € chacun pour manquement à l’obligation de sécurité et pour inexécution du Plan de Sauvegarde de l’Emploi (qui vise à faciliter le reclassement des salariés dont le licenciement économique est inévitable), alors que les avocates du Rémi Arnaud de SARTRE et dirigeants de COFIGEO ont plaidé pour le rejet de toutes ces demandes.
La décision sera mise à disposition des requérants le 19 septembre.