Les Ami.e.s de la Confédération Paysanne 65 et l’ADEAR 65 ont organisé une rencontre autour du thème de la souveraineté alimentaire, le samedi 5 octobre, de 14h30 à 21h30, au Palais des congrès de Lourdes, en présence de la Députée Sylvie FERRER et de la Maire-adjointe à la Transition écologique Cécile PREVOST.
Ciné-débats, ateliers, tables rondes ont rythmé cet après-midi d’échanges et de partage. avec en point d’orgue la diffusion du film «La part des autres» pour une alimentation de qualité et durable accessible à tous.
Tout au long de l’après-midi et jusqu’à 21h30 les visiteurs ont également profiter de l’exposition photo «des agricultures pour des paysages vivants» ou se restaurer grâce à la cantine populaire et à la buvette paysanne.
Bien souvent galvaudée ou instrumentalisée, la notion de souveraineté alimentaire a été expliquée en revenant à la source du travail collectif qui a mené l’ONU, en 2018, qui a validé la définition de la Via Campesina : «droit des peuples à une alimentation saine, dans le respect des cultures, produite à l’aide de méthodes durables et respectueuses de l’environnement, ainsi que leur droit à définir leurs propres systèmes alimentaires et agricoles. Elle place les producteur-rices, distributeur-rices et consommateur-rices des aliments au cœur des systèmes et politiques
alimentaires en lieu et place des exigences des marchés et des transnationales. Elle défend les intérêts et l’intégration de la prochaine génération. Elle représente une stratégie de résistance et de démantèlement du commerce entrepreneurial et du régime alimentaire actuel. Elle donne des orientations pour que les systèmes alimentaires, agricoles, halieutiques et d’élevage soient définis par les producteur-rices locaux-ales».
Des tables-rondes avec des acteurs locaux et plusieurs projections de documentaires, suivies de débats avec le public, ont eu lieu.
Par exemple le documentaire «Je suis le pain» du CIVAM 79. Pain, Paysan, Paysage. Les Paysans Boulangers sont au cœur d’un processus qui mêle le sol, les arbres, les animaux et les humains. Depuis le bocage Deux-Sévrien, le pain paysan nous a raconté son histoire récente et ancienne. Il nous a entraîné au cœur de sa fabrication avec du levain naturel, a parlé de semences paysannes, a évoqué la place des animaux dans les rotations culturales. Il nous a dévoilé son goût et ses valeurs de partage… Après le documentaire Julien CANTEGREIL ingénieur agronome du GAB65 et Éric MARIE, paysan-boulanger se sont exprimés sur les semences paysannes gratuites par rapport aux semences industrielles, ont parlé des projets dans le département, de la prise de conscience du public et du milieu médical pour une alimentation saine.
Ou encore le documentaire «Reprise de ferme» du CIVAM 79. Jean-Marie, alias Jimmy, pensait que sa ferme était vouée à disparaître. Dans quelques années il aura l’âge de la retraite, et vu le contexte agricole au début 2020, il s’imaginait que plus personne ne voudrait reprendre son élevage de vaches laitières sur 37ha de terre. Un jour Noémie l’appelle.«J’aimerais tenter de m’installer sur une exploitation, mais je ne sais pas ce que je vaux». La suite de l’histoire raconte comment le couple Noémie et Thomas ont repris la ferme. Aujourd’hui Jimmy, ne travaille plus, et il continue pourtant d’habiter sur la ferme. Quel équilibre ont-ils trouvé pour une transmission dans la cohabitation ?… Après le documentaire Mathieu GERBAULT de Ferm’en Coop et Sybille MALARME de l’ADEAR 65, ont précisé que tous les acteurs de l’agriculture biologique et paysanne travaillent de concert pour soutenir l’aide à l’installation. Le patrimoine foncier existe mais les fermes et terres sont souvent vendues pour une spéculation foncière ou alors on procède à un agrandissement des fermes qui perdent le côté familial…
Ou bien la dernière projection avec en point d’orgue la diffusion du film «La part des autres». Il pose un regard sur l’appauvrissement tant des producteurs que des consommateurs et interroge les conditions d’un accès digne pour tous à une alimentation de qualité et durable avec un regard sur une multitude de situations vécues. Ces situations réunies permettent de questionner le système agricole dans son ensemble, jusqu’à imaginer une sécurité sociale de l’alimentation…
Le public a posé des questions diverses sur les difficultés traversées par les paysannes et les paysans, les inégalités dans l’accessibilité à une alimentation de qualité, les défis climatiques et environnementaux, rendre le métier attractif, problème de la main d’oeuvre, le détournement des terres agricoles pour produire carburants ou électricité. Ce dernier sujet et en particulier sur les champs de panneaux photovoltaïques au sol a focalisé pas mal de questionnement : est-ce que les paysan(ne)s ne vont devenir à court terme des énergéticiens, faute de revenus issus de leur production agricole et alimentaire. L’activité agricole passerait donc au second plan, face à l’appât que représentent les revenus générés par la production énergétique. Cela met aussi en péril la souveraineté alimentaire.
La Confération paysanne et l’ADEAR 65 quant à elles ont soutenu qu’il est possible de vivre d’une agriculture paysanne écologique et humaine, on peut changer de modèle…