Lourdes : Billet hebdomadaire de l’Abbé Jean-François Duhar

Lourdes, le mercredi 29 avril 2020, Fête de Sainte Catherine de Sienne                                                                          

« Chère Communauté Lourdaise, Chers Tous

Septième semaine de confinement, le recul du nombre de décès quotidien laisse donc poindre une lumière dont la faible flamme grandit peu à peu. Elle crépitera bientôt plus encore du brasier ardent de l’Espérance car l’homme est heureusement ainsi créé qu’il ne renonce pas si facilement à la vie. Cela fait aussi partie de la grâce que chacun reçoit en partage de sa naissance à sa mort.

Ce sentiment accru de la mort menaçante qui nous a habité, et nous habite encore, doit nous faire percevoir avec autant d’acuité les beautés de la vie et l’impérieuse  obligation de la célébrer. En jouir certes mais non la gaspiller, la respecter bien sûr mais non l’idolâtrer, la célébrer par conséquent en appréciant la valeur du don qui nous est fait. N’ignorons pourtant pas que la mort donne sens à la vie terrestre puisqu’elle nous conduira, le moment venu et chacun à son heure, aux portes d’une vie ardente et plus longue encore. Je l’appelle pour ma part la Vie Eternelle.

La vie d’homme suppose, donc, que chacun d’entre nous intègre l’idée même de la mort, ne serait que parce qu’elle permet de laisser apparaitre, par contraste en quelque sorte, celle de la vie. Cette période difficile nous conduit, en effet, à prendre la pleine conscience de notre situation d’être mortel mais cet apprentissage serait en pure perte si nous en perdions la mémoire sitôt la crise passée, un temps plus heureux revenu.  

Ce que l’on nomme l’expérience est cette faculté propre à l’humain de conserver en lui le chemin passé de sorte qu’elle permet d’aborder celui qui reste à venir. Cette expérience doit nourrir nos vertus et nous préparer sans cesse à être meilleurs, à nous-même tout comme aux autres. Principe chrétien pour certains, plus généralement principe moral pour d’autres, mais pour tous clé d’une vie plus sereine ici-bas dont nous ressentons le si cruel besoin en ce temps de trouble.

A tous mes pensées et ma profonde amitié. »

 Jean-François Duhar

Curé de Lourdes