Lourdes : Chantier des collections Photographiques avec l’Institut National du Patrimoine au Château fort – Musée Pyrénéen

L’Institut National du Patrimoine (INP) s’est associé au Château fort – Musée Pyrénéen pour la réalisation d’un chantier des collections sur les fonds photographiques du Musée.

Dépoussiérage des papiers albuminés

Pendant une semaine, du 1er au 5 avril, deux élèves conservatrices-restauratrices en photographie (2ème année et 3ème année) et leur professeure, Mme Anne Cartier-Bresson sont venues se former sur les fonds photographiques du musée et former les agents en charge des collections. Exceptionnellement et dans le cadre du réseau des professionnels des Hautes-Pyrénées, des agents du musée Massey et des archives municipales de Tarbes ont participé à cette semaine de co-formation, ainsi qu’un agent des Archives Départementales.

Deux ateliers de constat d’état et de conservation préventive ont été organisés au cours de la semaine, principalement sur les fonds photographiques de Lucien Briet, exemplaires quant à leur intérêt historique et artistique et quant à la diversité des supports (plaques de verres, tirages positifs et négatifs, albums, etc.).

Anne Cartier-Bresson est directrice de l’Atelier de restauration et de conservation de la Ville de Paris (ARCP). L’ARCP a été créée en 1983. L’ARCP est un pôle de référence international à l’occasion de colloques, de conférences, un acteur formation des conservateurs et restaurateurs spécialisés en photographie. A ce titre il participe à la formation des élèves restaurateurs de l’Institut National du Patrimoine : les travaux et mémoires de fin d’études des étudiants de la section Photographie participent depuis 1993 à la connaissance de ce patrimoine, discipline récente prise en compte désormais par les musées, les bibliothèque et tous les organismes qui conservent des fonds photographiques. Depuis 1993, c’est à peine une quarantaine d’élèves de l’INP qui ont été formés à ces métiers de la conservation et de la restauration de la photographie. C’est dire aujourd’hui la grande chance, l’opportunité pour le Musée Pyrénéen d’avoir pu accueillir dans ses murs un tel chantier et d’avoir pu bénéficier d’une telle expertise. Ce chantier-école, spécialité photographies fait suite à celui déjà organisé au Musée Pyrénéen au mois de juin 2018, dans la spécialité textiles.

Déroulement du chantier-école

Le chantier a porté sur l’étude du fonds photographique « Lucien Briet » conservé au musée, avec une double finalité, à la fois de mieux comprendre le travail du photographe et sa production, et à la fois de mieux appréhender le traitement conservatoire de l’ensemble du fonds en vue d’une numérisation.

La grande diversité des supports, verre (négatifs et positifs), albums photographiques, papiers albuminés, retirages contemporains, cartes postales, a permis dans un premier temps d’aborder les problématiques de conservation et de conditionnement liées aux différents supports. Deux chaînes opératoires ont été mise en place, une sur le traitement des albums de tirages sur papier albuminé et sur les tirages albuminés contrecollés sur carton, la seconde sur le traitement des plaques de verre. En fin de chaîne opératoire une saisie systématique des données a été faite sur informatique, renseignant pour chaque « objet » photographique observé, le constat d’état, les dimensions, le nettoyage et le dépoussiérage faits ainsi que le conditionnement approprié. Une centaine de plaques de verre à la fopis négatifs et positifs, 5 albums de tirages sur papier albuminé, et une cinquantaine de papiers photographiques albuminés contrecollés sur carton, ont pu ainsi selon un protocole très précis être traités. Pour chaque support a été identifié le conditionnement requis pour une bonne conservation des documents. Anne Cartier-Bresson a souligné le caractère exceptionnel de l’ensemble de la collection Briet et son relatif bon état de conservation : « C’est rare d’avoir un fonds photographique aussi cohérent. Il date de la fin du 19ème et du début du 20ème siècle  et pourtant il y a énormément d’annotations très précises qui renseignent sur les images elles-mêmes associées aux carnets de terrain du photographe. Cela permet de comprendre plus facilement la manière dont Lucien Briet a travaillé et de reconstituer son parcours dans les Pyrénées. »

nettoyage des plaques de verre

Lucien Briet (1860 – 1921) : un voyageur photographe dans les Pyrénées Centrales

Il né le 2 mars 1860 à Paris et décède le 4 août 1921 à Charly-sur-Marne (Aisne). En 1889 il découvre les Pyrénées, il est immédiatement conquis par Gavarnie et son imposant cirque et sa majestueuse cascade. Bon marcheur, excellent photographe, narrateur de talent (il publie dans les revues scientifiques de l’époque, « Spelunca, Bulletin Pyrénéen, Bulletin de la Société Ramond »… et donne de nombreuses conférences), il conjugue ses passions et se consacre à l’exploration du massif calcaire, Troumouse, Gavarnie, Mont-Perdu.

Il s’emploie tout d’abord à décrire et photographier quelques grands sites de la haute vallée de Luz et du Pays Toy dans les Hautes-Pyrénées, avec comme camp de base Gèdre ou Gavarnie : la vallée de Pouey-Aspé, le cirque de Troumouse, la Brèche de Roland, sans oublier le mythique glacier du Mont-Perdu et sa face nord. Sur place il s’adjoint les services d’un guide, le plus souvent Henri Soulé. Le transport du volumineux matériel,  plaques de verre, chambre photographique, trépied… nécessite 2 mules.

Durant quelques années il se cantonne au versant français puis à partir de 1904 et jusqu’en 1911, attiré par les espaces vierges, il dirige ses pas de l’autre côté des Pyrénées, versant espagnol, et explore les nombreuses sierras et villages aragonais.

Lucien Briet s’applique à enregistrer sur ses plaques de précieuses informations pour la topographie, la géologie et l’ethnographie. Héritier du mouvement romantique des écrivains et des peintres du 19ème siècle, il est également un artiste photographe restituant dans ses clichés la beauté du paysage. Ainsi ses photographies témoignent d’un sens aigu de la composition, souvent composées comme un tableau avec une succession de plans, « glissant » parfois un personnage pour donner l’échelle à son cadrage. Au-delà des paysages, Lucien Briet s’intéresse également aux habitants. Il sait  se lier et convaincre les personnes rencontrées de poser pour lui le temps d’une photo.

Lucien Briet  a réalisé un œuvre colossale et de grande qualité pour l’histoire du pyrénéisme et la découverte des massifs pyrénéens, dont les archives et les photographies sont aujourd’hui conservées au Musée Pyrénéen : soit environ un millier de plaques de verre, 33 albums de tirages sur papier albuminé, des carnets de terrains, des manuscrits, des cartes postales, ainsi qu’une importante correspondance. Ses images sont précieuses  pour l’histoire du patrimoine pyrénéen, témoignage d’un passé révolu.