Lourdes : enfants et adolescents présents en nombre à la cérémonie de la Journée nationale de la Résistance

Ce lundi 27 mai à 11h, a été célébrée la Journée nationale de la Résistance.

La cérémonie a été présidée par la Sous-préfète d’Argelès-Gazost Sonia Penela, en présence du Maire Josette Bourdeu, du Maire-adjoint aux Anciens Combattants Madeleine Navarro, des élus municipaux, du Conseiller départemental Bruno Vinualès, du Capitaine Lamy de la Police nationale, du Capitaine Cédric Doublet Chef du centre de secours des Pompiers, des Présidents et Présidentes des associations patriotiques et de leurs Portes-drapeaux, des enfants de l’école de Soum, des adolescents du collège de Sarsan et leurs enseignants et d’une nombreuse assistance.

La cérémonie a débuté par la lecture du Message de la Secrétaire d’Etat auprès de la Ministre des Armées par la Sous-préfète Sonia Penela (voir celui-ci au bas de l’article). Puis les élèves de l’école de Soum ont lu avec beaucoup d’application le poème « Liberté » de Paul Eluard, suivi de la lecture par les collégiens de « La Petite cordée » de Sarsan avec beaucoup de conviction d’un extrait de Lettres et carnets de Sophie Sholl, fondatrice du mouvement des résistants allemands « La Rose Blanche ». (voir ces textes ci-dessous)

Puis a résonné le très beau Chant des partisans, suivi du dépôt de gerbes par la Sous-préfète, le Maire de Lourdes, par Marcel Sapara représentant local de l’ANACR (Association Nationale des Anciens Combattants et Ami(e)s de la Résistance). Tous ont été accompagnés par les enfants.

Puis les enfants de l’école de Soum ont déposé des œillets bleus, blancs, rouges.

Après la sonnerie aux morts et la minute de silence, a été entonné la Marseillaise tandis que s’élevaient dans le ciel les pigeons de l’Entente colombophile.

La cérémonie s’est achevée par le salut des Autorités aux Porte-drapeaux, aux Présidents des associations patriotiques et le remerciement aux enfants et à leurs enseignants.

Un vin d’honneur a été servi au Palais des congrès.

Mme la Sous-préfète d’Argelès-Gazost, Sonia Penela

Mme la Sous-préfète lit le message de Geneviève Darrieussecq, Secrétaire d’état auprès de la Ministre des Armées

« Il est des journées qui font l’histoire d’une Nation, qui nourrissent son espérance et bâtissent son avenir. Le 27 mai 1943, dans Paris occupé où flottait la bannière à croix gammée, le Conseil National de la Résistance tenait sa première réunion.

Ce jour-là, la France avait rendez-vous avec le meilleur d’elle-même. Dans le secret d’une rencontre clandestine, l’union de la Résistance était réalisée ; la renaissance de l’unité républicaine et des libertés fondamentales était préparée.

Courage et unité ! Honneur et progrès ! Le poids qui pèse sur les épaules des hommes réunis au 48 de la rue du Four est celui de l’avenir de la France. Le premier d’entre eux, Jean MOULIN, ne vit pas la fin de guerre mais l’envoyé du général DE GAULLE avait accompli l’essentiel : regrouper, rassembler, unifier et renforcer.

C’est bien ce jour-là que la « Résistance » a prit sa majuscule. C’est bien ce jour-là que les Français résistants sont devenus la Résistance française. C’était il y a soixante-seize ans et malgré le temps écoulé, la reconnaissance de la Nation ne faiblit pas. Notre gratitude va à toutes les femmes et à tous les hommes qui ont résisté, qui ont pris des risques, qui ont souffert ou qui ont perdu la vie.

Alors que dans quelques jours, nous commémorerons le 75ème anniversaire du Débarquement de Normandie, nous nous souvenons de la contribution et de l’apport incontestable de la Résistance à la libération du territoire. Des Glières au Vercors en passant par l’Ain, de Limoges à Paris en passant par Marseille, les éclaireurs de la liberté ont combattu, saboté, renseigné et mené la guérilla. Nous leur rendons hommage. »

Poème « Liberté » de Paul Eluard lu par les élèves des classes de CP et CE1 de l’école de Soum

LIBERTÉ              

Sur mes cahiers d’écolier

Sur mon pupitre et les arbres

Sur le sable sur la neige

J’écris ton nom

Sur toutes les pages lues

Sur toute les pages blanches

Pierre sang papier ou cendre

J’écris ton nom

Sur les champs sur l’horizon

Sur les ailes des oiseaux

Et sur le moulin des ombres

J’écris ton nom

Sur toute chair accordée

Sur le front de mas amis

Sur chaque main qui se tend

J’écris ton nom

Sur la santé revenue

Sur le risque disparu

Sur l’espoir sans souvenir

J’écris ton nom

Et par le pouvoir d’un mot

Je recommence ma vie

Je suis né pour te connaître

Pour te nommer Liberté

Paul Eluard

Texte lu par les élèves de « La petite cordée » du Collège de Sarsan

Le texte lu est un extrait d’un tract écrit par des résistants allemands dont font partie Sophie Sholl son frère Hans et leur camarade Christophe Probst. Sophie Scholl a fondé le groupe de résistance intitulé La Rose Blanche, elle sera décapitée avec son frère et leur camarade.
Notre dessein n’est pas d’étudier ici la question juive. Nous ne voulons présenter aucun plaidoyer. Qu’on nous permette de rapporter seulement un fait : depuis la mainmise sur la Pologne, 300 000 juifs de ce pays ont été abattus comme des bêtes. C’est là le crime le plus abominable perpétré contre la dignité humaine, et aucun autre dans l’Histoire ne saurait lui être comparé. Qu’on ait sur la question juive l’opinion que l’on veut : Les Juifs sont des hommes et ce crime fut commis contre les hommes. Quelque imbécile oserait-il dire qu’ils ont mérité leur sort ? Ce serait une idée abominable ; mais cet imbécile, que pense-t-il du fait que toute la jeunesse ait étéanéantie ? De quelle façon cela s’est-il passé ? Tous les fils de famille entre 15 et 20 ans furent envoyés au travail obligatoire et dans les camps de concentration en Allemagne, toutes les filles du même âge furent expédiées dans les bordels de SS. Nous vous racontons cette suite de crimes parce que cela touche à une question qui nous concerne tous, et qui doit tous nous faire réfléchir. Pourquoi tant de citoyens, en face de ces crimes abominables, restent-ils indifférents ? On préfère ne pas y penser. Le fait est accepté comme tel, et classé. Notre peuple continue de dormir, d’un sommeil épais, et il laisse à ces fascistes criminels l’occasion de sévir. Faut-il en conclure que les Allemands sont abrutis, qu’ils ont perdu les sentiments humains élémentaires, que rien en eux ne s’insurge à l’énoncé de tels méfaits,qu’ils sont enfoncés dans un sommeil, sans réveil ? C’est bien ce qu’il semble et même, si le peuple allemand ne se dégage pas enfin de cette torpeur, s’il ne proteste pas partout où cela lui est possible, s’il ne se range pas du côté des victimes. Il en sera éternellement reconnaissant. Qu’il ne se contente pas d’une vague pitié. Il doit avoir le sentiment d’une faute commune, d’une complicité, ce qui est infiniment plus grave. Car, par son immobilisme, notre peuple donne à ces odieux personnages l’occasion d’agir comme ils le font. Il supporte ce prétendu gouvernement qui se charge d’une faute immense : il est lui-même coupable de l’existence de ce gouvernement. Chacun rejette sur les autres cette faute commune, chacun s’en affranchit et continue à dormir, la conscience calme. Mais il ne faut pas se désolidariser des autres, chacun est coupable, coupable, coupable ! Cependant il n’est pas trop tard pour faire disparaître de la surface du globe ce prétendu gouvernement ; nous pouvons enfin nous délivrer de ce monstre que nous avons-nous-même créé. Nos yeux ont été ouverts par les horreurs des dernières années, il est grand temps d’en finir avec cette équipe de fantoches. Jusqu’à la déclaration de guerre, beaucoup d’entre nous étaient encore abusés : les nazis cachaient leur vrai visage. Maintenant ils se sont démasqués, et le seul, le plus haut, le plus saint devoir de chaque Allemand doit être l’extermination des brutes.

Lettres et carnets de Hans et Sophie Scholl sous la direction de Inge Jens, 2008