Lourdes : spectacle de théâtre sacré « Les Oiseaux de Compostelle »

Ce dimanche 3 octobre à 17h au Centre d’information Jacquaire, 16 Boulevard de la Grotte à Lourdes, 
a été donné un spectacle racontant la légende des chemins de Compostelle, par Arnaud Pelletier, un ACTEUR-CHANTEUR-DANSEUR PÈLERIN. Il a tenu remercié les bénévoles pour leur accueil, la Mairie de Lourdes pour son soutien et les spectateurs venus malgré un très mauvais temps.

Il s’est dit porté par la soif d’un théâtre du sacré, qu’il a étudié en Inde, en Afrique, au Brésil, au Mexique, en Italie et en France comprenant le théâtre, la musique et la danse.
Sur le chemin des ses voyages, il a eu la chance de rencontrer des êtres merveilleux qui l’ont guidé vers une forme de théâtre sacré en Occident : un spectacle tissé de contes de sagesse et de poésie mystique sur les chemins de Compostelle.

Parti au 1er septembre d’ARLES, il a à cette date parcouru 650km à pied, en jouant le spectacle au soir à chaque étape du chemin (petits villages, villes ou grandes villes). LOURDES est sa dernière étape et son spectacle final.

Entrecoupé de pauses musicales, son récit est celui d’un voyage entrepris par des oiseaux très différents (images des âmes humaines) qui passent dans 6 vallées très distinctes, et leurs péripéties interrogent notre raison d’être, les hasards du destin, nos chemins abrupts et nos marches heureuses.

De la même manière qu’il y a des hospitaliers qui apportent un abri, un repas pour donner des forces aux pèlerins, il a souhaité, par ce spectacle, leur offrir un appui intérieur, une source claire pour leu âme, un bâton de courage pour continuer le chemin.

Ainsi il s’adresse aux pèlerins de Saint-Jacques, qui ont quitté leur vie de tous les jours pour prendre un temps pour eux comme à tous les pèlerins de la terre, arrivés ici sans trop savoir pourquoi et essayant de se frayer un chemin dans le monde.

Après la représentation, un petit groupe de pèlerins du Chemin ont parlé de leur expérience personnelle, et puis les spectateurs ont pu échanger avec l’artiste.

Certains spectateurs étaient très curieux de savoir quels étaient les contes qui avaient inspiré son écriture, d’autres de savoir si finalement il s’agissait de contes initiatiques ou des images montrant les différents chemins pris les humains.
« La trame de mon spectacle est inspirée de la Conférence des Oiseaux, poème perse du XIIème siècle, composé par Attar. J’ai également puisé dans des contes réunis par Nathalie Léone et dans ceux rassemblés par Henri Gougaud. Certaines histoires proviennent des apocryphes, d’autres ont été écrites pour l’occasion à partir de textes de saints et d’hagiographies. »

« Ce sont des contes initiatiques avec pour trame le voyage qui est toujours une métaphore du chemin intérieur. Ainsi, cette littérature est comme un révélateur des «étapes» dans lesquelles nous nous
trouvons pour mieux les comprendre. »

Et pourquoi le choix du chemin de Compostelle ?

« Pour qui est déjà parti plusieurs semaines en pèlerinage, la question ne se pose plus. On sait que l’expérience est indescriptible pour ceux qui ne l’ont pas vécue et on sait déjà qu’on y retournera.

Un hospitalier du chemin m’a dit un jour ceci : « le chemin de Compostelle est un outil de développement spirituel occidental accessible à tous. » Il est une réponse aux questionnements de notre civilisation, qui plus est démocratique : j’y ai rencontré des gens de toutes confessions confondues, autant que des athées ou des agnostiques, des êtres de tout âge, de tout pays, même des handicapés moteurs. Et pour tous, c’est la magie.

Nombreux sont ceux qui partent sans trop savoir pourquoi ; ils le découvrent en chemin.

Cet outil est là, il suffit simplement de faire son sac et de partir pour entrer dans l’expérience.

Ainsi, être en pèlerinage, c’est incarner la métaphore vivante du voyage intérieur. Les premiers jours, notre sac est plein à craquer, comme notre tête. Nous avons tout apporté de notre ancienne vie, ses soucis, ses inquiétudes. Et puis chaque soir, nous défaisons et refaisons entièrement notre sac, et pour chaque objet nous nous demandons : « En ai-je véritablement besoin »? Peu à peu, la même économie se joue avec nos pensées, nos soucis, et peu à peu notre cœur s’allège comme notre sac à dos.

Un ami avec qui j’ai marché il y a dix ans sur la voie du Puy me disait : « Tu connais sans doute la blague : vous savez comment faire rire Dieu ? Dites-lui vos plans !

Les trois premiers jours, nous croyons savoir quels sont les problèmes de notre vie et nous les ressassons. À la fin de la première semaine, on ne se souvient plus du tout de ces problèmes mais on commence à se poser des questions sur d’autres sujets qui nous paraissent bien plus essentiels. Et au bout de trois semaines, nous trouvons des réponses à des questions que nous nous sommes jamais posées ! »

Et puis arrive le jour où nous sommes au bout du pèlerinage. Si c’est à Santiago, nous franchissons cette fameuse porte où l’alpha et l’oméga sont inversés, signe que ce ne sera plus le même homme ou la même femme qui rentrera chez soi. Certains vont jusqu’à la mer pour brûler leurs habits car, de la même manière que nous avons dû abandonner notre ancienne vie pour nous recentrer à l’essentiel, il nous faut à abandonner le pèlerinage pour nous concentrer sur ce que la vie nous propose désormais.

Ici encore, une belle métaphore : nous avons marché plusieurs semaines, pour certains plusieurs mois en suivant les signes du GR, marchant en confiance vers l’inconnu, sans rien savoir des lieux où nous allons, mais nous savons que le nécessaire y sera, nous savons que nous trouverons de quoi manger et dormir. Lorsque le pèlerinage physique s’arrête, un autre commence, où il nous faut continuer à marcher vers l’Inconnu, en confiance, en suivant les signes de la vie. »