La rubrique des « coups de cœur Karine » est une rencontre hebdomadaire sur le site de Lourdes Actu, proposée par la Médiathèque avec Karine Aristin Chargée de la culture.
Cette semaine elle vous propose » SANS FAILLE » de Valentin Musso.
SANS FAILLE
L’auteur : Valentin Musso né en 1977, agrégé de lettres, a publié son premier roman en 2010. Enseignant en littérature et langues anciennes, il en est actuellement à son quatrième roman et a déjà reçu un prix (meilleur polar des lecteurs du Point en 2011).
L’histoire : Deux couples se retrouvent dans un chalet pyrénéen, à Cauterets, sur l’invitation d’un de leurs amis : Romuald qui a tout orchestré et planifié pour faire une randonnée d’un week-end. Cette sortie dans la nature doit rapprocher ces amis qui ne se sont pas revus depuis 10 ans. Cela dit, très vite, malgré la connaissance du terrain qu’est censé avoir l’organisateur de la randonnée, incidents et erreurs s’enchaînent jusqu’à un drame qui n’est que le prélude de ce qui ressemble fort à une vengeance implacable.
Mais revenons 10 ans en arrière : Romuald un jeune métis de mère martiniquaise, n’ayant jamais connu son père, et vivant dans une cité mal famée parvient, grâce à sa vivacité d’esprit et sa volonté farouche de réussir, à intégrer une prestigieuse école préparatoire. Cette opportunité incarne littéralement la chance de sa vie ; lui qui est si différent de ses congénères qui sévissent dans la cité par le biais de divers méfaits et trafics, va enfin pouvoir se réaliser à travers de brillantes études et s’élever dans la société.
A l’école, il se lie d’amitié avec Théodore et Claudia, la petite amie de ce dernier. Tous deux, jeunes nantis, ont grandi dans l’opulence et la facilité. Leur aisance à se mouvoir dans la vie, leur état d’esprit où l’assurance et la confiance en soi confine à un sentiment de puissance inextinguible, leur dandysme qui les conduit à partir en quête des paradis artificiels, fascinent Romuald… Toutes ces aventures, il va les vivre à leurs côtés, d’abord en spectateur, un peu en retrait, protégé par une certaine méfiance induire par les attitudes présomptueuses de Théodore- puis à mesure que l’année s’écoule, il tombera dans les rets de cette existence superficielle qui ne souffre ni la discipline ni la rigueur que nécessitent les travaux scolaires.
Ainsi en même temps que ses résultats scolaires deviennent médiocres, Romuald se rapproche de ses amis jusqu’à se sentir, intrinsèquement, lié voire dépendant de ce monde. Tout, même l’amour filial s’efface devant sa nouvelle vie, jusqu’à la trahison de Théodore qui le renverra, lui, le gosse des cités dans une situation bien pire que celle sur laquelle il s’était construit et avait fondé ses espoirs de réussite.
Et c’est ici, dans cette nature hostile que ce jouera le dernier opus d’une histoire qui avait débuté dix années auparavant…
Ce qui m’a plu :
On se laisse prendre à cette histoire de promenade qui tourne mal et tout dans le texte, nous y invite. En effet, l’auteur possède une solide connaissance de la nature humaine et du rapport aux autres. De plus, il joue avec beaucoup de talent sur le registre des émotions et des réminiscences.
D’ailleurs, c’est ainsi qu’est construite la trame du roman, pour la plus grande jubilation du lecteur : entre l’action, le caractère d’urgence que suscite le récit de la randonnée, et le souvenir des événements s’étant déroulés 10 ans plus tôt, qui reviennent sous forme de flash back, des changements de rythmes dans la narration génèrent une tension qui nous amène à ne plus lâcher ce livre.
Enfin, le style est très sobre, et s’adapte parfaitement, dans le ton, à ce genre de récit. C’est un excellent ouvrage de distraction auquel on se prend très vite, dont ont meurt d’envie de connaître le dénouement.
