A 11h30, Mme le Maire Josette Bourdeu et les élus, les Présidents d’associations patriotiques, les Portes-drapeaux, le Curé de Lourdes par intérim et la chorale paroissiale « Coecilia », des Lourdais de tous âges et des adolescents du collège de sarsan, se sont retrouvés au Cimetière de l’Égalité devant le monument « Aux enfants de Lourdes morts pour la France ».
La chorale paroissiale Coecilia a entonné la très belle chanson « Vierge de la Montagne » pour ces jeunes Pyrénéens morts au combat et M. le Curé a dit une prière d’hommage.
Un dépôt de gerbes a été effectué par Madame le Maire et 2 adolescents.
Une sonnerie « Aux Morts » et une Minute de silence ont clôturé cette première cérémonie. Puis tous les participants se sont rendus en défilé vers le square Foch, précédés du tambour de la fanfare musicale de l’UML et des Portes-drapeaux.
Cérémonie au Cimetière de l’Egalité et Défilé jusqu’au square Foch
Cérémonie au square Foch
A 12 h la Cérémonie officielle s’est déroulée au square du Maréchal Ferdinand Foch, né le 2 octobre 1851 à Tarbes et mort le 20 mars 1929 à Paris, commandant en chef des forces alliées pendant la Première Guerre mondiale. Il planifia et mena l’offensive générale qui força l’Allemagne à demander l’Armistice le 11 Novembre 1918.
La Cérémonie a été présidée par Mme la Sous-Préfète d’Argelès-Gazost Sonia Penela, en présence de Mme la Députée Jeanine Dubié, de la Sénatrice Viviane Artigalas, du Maire Josette Bourdeu, du Maire-adjoint aux Anciens combattants Madeleine Navarro, de très nombreux élus municipaux, du Conseiller départemental Bruno Vinualès, de la Principale-adjointe du collège de Sarsan, des autorités militaires (puisqu’un Piquet d’honneur était présent) et une forte assistance intergénérationnelle.
A noter la présence de nombreux enfants et adolescents de l’école du Lapacca, du collège de Sarsan, de l’école de rugby du Pays de Lourdes et qui ont participé à la cérémonie par des lectures de récits de Poilus (voir ces lectures ci-dessous), en accompagnant les dépôts de gerbes, en chantant « La Marseillaise »…
Le Colonel en retraite Daniel Lavigne a présenté le déroulement de la cérémonie et expliqué les événements de l’année 1919 en France, une difficile «sortie de guerre» et dans le monde. (voir cette présentation ci-dessous).
Puis Mme la Sous-préfète Sonia Penela a donné lecture du Message de Geneviève DARRIEUSSECQ, Secrétaire d’Etat auprès de la Ministre des Armées pour ce 11 Novembre 2019 et de la liste des noms des Morts pour la France en 2019 (voir cette lecture ci-dessous).
Plusieurs gerbes ont été ensuite déposées par Mmes la Sous-préfète, la Députée et la Sénatrice, le Maire de Lourdes, par le monde patriotique lourdais, par M. Barrère, Ancien combattant Président de l’association patriotique Les Evadés de France au nom de son grand-père mort en 14/18 et par l’école de rugby du Pays de Lourdes.
A noter, qu’auprès de la statue de Foch, s’est tenu, pendant toute la Cérémonie, deux Porte-drapeaux.
Après la sonnerie aux morts et la minute de silence, les Chanteurs montagnards et l’UML ont interprété la Marseillaise, reprise en chœur par les enfants de l’école de rugby Pays de Lourdes et tout l’assistance tandis s’élevait dans le ciel les pigeons du Messager Lourdais.
Les autorités saluaient le chef du Piquet d’honneur du du 1er RHP de Tarbes et remerciaient le détachement de Sapeurs-pompiers, le Représentant de la Police Nationale, le Représentant de la Gendarmerie, la Cheffe de la Police municipale, les Portes-drapeaux, les Présidents des associations d’anciens combattants et patriotiques, les enfants et adolescents.
Un vin d’honneur offert par la Municipalité a été servi au Palais des congrès.
Intervention du Colonel Daniel Lavigne :
« 1919 : une difficile « sortie de guerre ».
1919 : Année de nouveaux conflits : guerre dans les pays baltes, guerre civile en Russie, guerre soviéto-polonaise, guerre gréco-turque, guerre d’indépendance en Irlande, révolte en Corée. On se bat sur 27 théâtres d’opérations. Ces combats font autant de victimes que le total des morts français, britanniques et américains pendant toute la Grande guerre.
1919 : Un tueur que l’on n’attendait pas. La grippe dite « espagnole », importée des Etats Unis en 1917 cause entre 25 et 40 millions de décès en quelques années. Davantage de victimes que pendant toute la Grande Guerre (10 millions).
1919 : Une catastrophe humanitaire : Aux 3 millions de réfugiés pendant les combats de 14/18 s’ajoutent 3 autres millions, conséquence des nouveaux conflits et du bouleversement des nouvelles frontières définies dans les nouveaux traités de Paix. Dans l’urgence, le droit international et humanitaire existant est transformé par la Société des Nations en cours de création.
1919 : Année de l’espoir mais aussi année qui crée les prémices d’un futur conflit : la paix est signée à Versailles, paix « bâclée » pour les uns, « diktat » pour les autres; Le pacte de la Société des Nations, qui deviendra après la 2° guerre mondiale l’ONU, est signé par les pays vainqueurs, mais les pays vaincus ne sont pas invités.
1919 : Année du retour des poilus dans l’intimité des familles, retour souvent difficile marqué par les blessures invisibles,
«l’obusite » les terribles cauchemars qui hantent les nuits. Retour difficile pour les mutilés qui se sentent inutiles. Retour difficile pour « les gueules cassées » qui ont honte de paraître en public.
1919 : Année de la solidarité des anciens combattants avec leur devise : « tous unis comme au front ». Les associations obtiennent une ébauche de statut d’anciens combattants (6millions) et innovent en créant un embryon de sécurité sociale destiné dans un premier temps aux blessés et aux mutilés. Ensemble, ils se racontent, se confient, se comprennent, osent dire ce qu’ils cachent à leur famille
1919 : Année de gloire et de reconnaissance pour les « poilus » mais aussi des « blessés qui font tâche » (tableau de Jean Galtier Boissière). En effet, les autorités n’intégrèrent qu’in extremis et sous la pression des mutilés et de leurs frères d’arme les blessés les plus « présentables » dans le défilé du 14 juillet, qui passera sous l’arc de triomphe, arc de triomphe qui abritera le soldat inconnu dès l’année suivante. 4 millions de spectateurs salueront avec émotion les soldats vainqueurs.
« Tout à l’heure, quand les mutilés sont passés, il y a eu une contrainte, une pudeur dans les acclamations. Devant les martyrs, les cris n’osaient s’élever trop joyeux » Joseph Kessel.
Jeunes rugbymen, écoliers, collégiens, lycéens, le 11 novembre n’est pas une fête, c’est un anniversaire de fin de combat avec des conséquences douloureuses. Il doit être célébré avec dignité, gravité et respect.
La cérémonie va commencer, redressez-vous, découvrez-vous la tête, soyez fier. Pendant le dépôt de gerbes, la sonnerie « aux Morts », et la minute de silence pensez au sacrifice de nos anciens et chantez de toutes vos forces et avec respect « la Marseillaise » !
Sous la garde des « Morts pour la France » représentés par ce monument, sous les plis des drapeaux, l’Etat symbolisé par madame la sous-préfète, les élus (es), les anciens combattants, les associations patriotiques et la population ici présente, vous regardent et vous transmettent l’héritage de « ceux de 14 » : sauvegarder et défendre la Paix dans le cadre républicain de notre Nation, la France. »
Lecture du Message de Geneviève DARRIEUSSECQ,
Secrétaire d’Etat auprès de la Ministre des Armées pour ce 11 Novembre 2019, par la Sous-préfète Sonia Penela.
« Journée nationale de commémoration de la Victoire et de la Paix
Hommage à tous les « Morts pour la France »
C’était il y a un siècle.
Un an après la fin des combats de la Grande Guerre, le 11 novembre 1919 fut le premier de la paix retrouvée.
Désormais, le silence domine là où l’orage d’acier a tonné avec fureur. Il règne sur d’innombrables champs de batailles qui ont charrié un si long cortège de morts, de mutilés, de blessés et de traumatisés.
Les traités sont signés, l’allégresse de la Victoire s’est déployée dans une ampleur incomparable le 14 juillet 1919, l’état de siège vient d’être levé, la vie sociale et politique reprend ses droits, la démobilisation poursuit sa lente progression. Les Poilus retrouvent leur foyer, leur famille et leur commune. Ils découvrent une vie bouleversée, une France transformée par une épreuve de quatre années et par de profondes séquelles. Partout, le pays est traversé par la sourde évidence que rien ne sera plus jamais comme avant, que le retour à F avant-guerre est impossible.
C’était il y a cent ans. Une nouvelle page s’ouvrait. Celle du souvenir, de la mémoire et de l’hommage.
Depuis, inlassablement, les Français sont fidèles à cet anniversaire. En ce jour, dans les nécropoles, devant les monuments aux morts, sur les places de nos villes et de nos villages, toutes les générations – unies et solidaires – se rassemblent et se recueillent.
La Nation se souvient de ceux qui se sont battus pour elle entre 1914 et 1918. Elle n’oublie pas ses enfants tombés au champ d’honneur sur tous les fronts, d’Orient et d’Occident. Elle n’oublie pas le sang versé par des soldats venus d’Afrique, d’Asie, du Pacifique et d’Amérique. Elle salue toutes les nations alliées qui ont partagé le même combat.
Les noms gravés sur nos monuments aux morts nous rappellent constamment les valeurs d’honneur, de courage, de dévouement et de bravoure.
Depuis 2012, chaque 11 novembre est aussi l’occasion d’honorer toutes les filles et les fils de France qui, dans tous les conflits, hier comme aujourd’hui, ont accompli leur devoir jusqu’au don suprême.
En ce jour, la Nation rend un hommage particulier aux soldats morts pour la France en opérations extérieures. En inaugurant un monument national en leur mémoire, le Président de la République inscrit dans la pierre comme dans les mémoires la reconnaissance pleine et entière de tout un peuple pour ses combattants. Haut Lieu de la Mémoire Nationale, ce « monument aux morts pour la France en opérations extérieures » est aussi un rappel : la préservation de notre indépendance, de notre liberté et de nos valeurs repose sur ceux qui ont donné leur vie pour les défendre.
Enoncé par Mme la Sous-préfète des Morts pour la France cette année 2019
Premier maître Alain BERTONCELLO, commando Hubert, mort pour la France au Burkina Faso, le 10 mai 2019 ;
Premier maître Cédric de PIERREPONT, commando Hubert, mort pour la France au Burkina Faso, le 10 mai 2019 ;
Médecin principal Marc LAYCURAS, 14e centre médical des armées, mort pour la France au Mali, le 02 avril 2019 ;
Brigadier Erwan POTIER, 501e régiment de chars de combat, mort pour la France à Rouen (France), le 21 mai 2019, des suites de blessures reçues au Liban ;
Brigadier-chef Ronan POINTEAU, 1er régiment de Spahis, mort pour la France au Mali, le 2 novembre 2019. »
Lectures d’un poème et récit d’un Poilu par les élèves du collège de Sarsan
Francis James est un poète, romancier né à Tournay dans les Hautes-Pyrénées en 1868. II participe à l’effort de guerre en s’engageant activement auprès de l’ambulance Orthez et, surtout, en donnant poèmes et proses aux journaux locaux et nationaux. L’extrait qui a été lu est issu d’un recueil poétique intitulé « Cinq prières pour le temps de la guerre ». C’est un soldat dans les tranchées qui s’exprime.
« Mais voici le soir, qui est le plus attristant, ici, pour moi, et sans doute pour les miens, te-bas. C’est I’heure de I’angoisse indicible.
Que je vous redise, mon Dieu, les mots qui vous inclinèrent à demeurer auprès des pèlerins d’Emmaüs au moment que votre cher visage allait s’6clairer pour eux d’une lueur singulière qui, déjà, rendait leurs cœurs tout brulants :
« Restez avec nous, car il se fait tard et d6ja le jour baisse. » Restez avec nous et nous serons plus forts que la mort n’est forte.
Le froid, l’humidité vont envahir de plus en plus la tranchée.
C’est I’heure ou mes petits rentrent de I ‘école pour souper.
Je les prenais sur mes genoux pour qu’ils babillassent. Et je pressais contre leurs joues fraîches ma joue qui ne connaît plus que le baiser de la crosse du fusil. Et ils ne savaient pas. Et avant que je partisse pour le front, ils me disaient: « Nous ne voulons pas que tu sois tu£ par les Allemands. » Sous la lampe, ma femme coud, impassible comme sait paraitre I ‘énergie. Et les deux vieillards s’assoupissent, les traits tir6s.
Seigneur, je ne vois même pas le ciel s’étoiler. J’ai peur d’être saisi d’angoisse. II me faut toute ma force et tout mon calme. N’êtes-vous plus dans les ténèbres avec nous ?
« La paix soit avec vous ! C’est moi.
Ne craignez point. »
La lettre a été écrite par Jacques Ambrosini qui est originaire de Speloncato, en Haute-Corse. Fils d’agriculteurs, engagé dans les Dardanelles contre Les Turcs à l’âge de 19 ans, il finit la guerre comme lieutenant. Ses lettres à son frère François décrivent l’horreur quotidienne.
« La baïonnette au canon, on s’élance hors des tranchées. Le capitaine en tête, nous faisons un bon de 30 à 50 mètres, et nous voilà couches, dans les tranchées qu’occupaient nos camarades de l6re ligne.[…] Victor est à mes c6tes, mais bientôt dans cette course folle, je ne le vois plus. Les camarades tombent. Presque tous blesses. Ce sont alors des cris de douleur. D’un cote, on entend « ma femme », « mes enfants », de l’autre, « ma mère », « achevez-moi », « ne me faites plus souffrir ». Tout ceci te déchire le cœur, le sang coule à flots, mais nous avançons quand même, marchant sur les morts. Les Turcs sont couches par centaines. Notre 75 aussi bien que les pièces de marine ont fait du bon travail. Ils sont déjà tout gonfles. Ceux qui n’ont pas été touches s’échappent à grandes enjambées, nous courons toujours. Impossible de les rattraper. On se met alors à genoux, on s’arrête, on vise et, patatrac, ton homme tombe. Les Sénégalais qui passent sur les tranchées ennemies achèvent les blesses […] Tout à coup, je vois un turc a trente mètres devant moi qui s’évade a grandes enjambées. Je me mets à genoux je sur la détente et le voilà qui tombe à plat ventre comme s’il tombait d’un cinquième. J’arrive sur lui, il n’était pas encore mort, mais je l’avais bien touche. Une autre cartouche et voilà la cervelle qui saute en Pair. Les Turcs ne sont pas loin. On marche toujours mais impossible de les rattraper. Les voilà qui entrent dans une vallée. On ne peut pas les toucher. Mon lieutenant est en tête. Il me regarde et crie courage mais je suis touche. J’ai ressenti comme une commotion électrique à gauche. Et je tombe le visage en avant. Pas de douleur. Je sens le sang qui commence à couler. Je reste quelques minutes couche : le sac sur la tête (…) Je me lève alors et voyant que je puis marcher je tache de rejoindre sac au dos, et fusil au bras, le poste de secours. La fusillade et la canonnade deviennent plus intenses. Nous sommes plusieurs blesses qui retournons sur nos pas. »