Ce samedi 16 novembre à 11h, a eu lieu, au Passage Jean Dupont (situé entre les Halles et la Médiathèque), le vernissage d’une exposition qui lui est consacré, en présence du Maire Josette Bourdeu et des Maires-adjoints Alain Garrot, Alain Abadie, Patricia Sayous. Les Maires-adjoints Marie-José Moulet et Madeleine Navarro retenues par d’autres événements s’étaient excusées. Cette exposition était vivement souhaitée par le petit-fils de Jean Dupont, Ivan Brovelli, qui a reçu l’aval de la Municipalité.
Jean Dupont, était un commerçant Lourdais d’adoption qui a tenu 2 magasins au centre-ville pendant de nombreuses années « La Hutte » et au « Franco-Belge »et qui a beaucoup œuvré pour le commerce en créant à l’époque la fameuse « Quinzaine commerciale » encore dans tous les esprits.
Allocution de Mme le Maire Josette Bourdeu
« Mesdames, Messieurs, chers amis
Nous sommes réunis aujourd’hui, sous ce Passage qui porte désormais son nom et en présence de sa famille, pour honorer un Lourdais d’adoption, un Lourdais d’exception !
Jean Dupont est né loin d’ici, à Bergerac, en Dordogne, le 20 juillet 1918. Il est décédé, non loin d’ici, à Pau le 28 septembre 1983, à l’âge de 65 ans, après avoir quitté Lourdes en 1977. Une ville qu’il a d’abord fréquentée comme hospitalier, dans l’accompagnement des pèlerins malades, avant de s’y installer définitivement au début des années 50, avec sa femme, Anne-Marie.
Ensemble, ils ouvrent successivement, à quelques pas d’ici, avenue Joffre, deux magasins qui tiennent encore aujourd’hui une place bien particulière dans la mémoire collective locale ainsi que dans le cœur de beaucoup de Lourdais, non sans une certaine nostalgie. On allait « Chez Dupont », au « Franco-Belge » ou à « La Hutte » pour y trouvait, pêle-mêle, des articles de sports, de pêche, de chasse et de camping mais également des articles pour les enfants, et notamment les plus petits.
Très tôt, dès son arrivée à Lourdes, avec une même énergie communicative et un sens du service et de la solidarité dont il témoignera toute sa vie, Jean Dupont s’implique également dans la vie associative et sociale de la commune. Des engagements dont la longue liste et la grande diversité font de lui une personnalité parmi les plus marquantes de la vie publique lourdaise de cette période.
Jean Dupont fut en effet membre élu de la Caisse d’allocations familiales, membre du conseil d’administration du bureau d’HLM et membre de la CCI des Hautes-Pyrénées ; il fut également le président-fondateur de l’Union Familiale Lourdaise, le président- fondateur du syndicat départemental d’hôtellerie de plein air et le président-fondateur du FCL XI.
Ardent défenseur du petit commerce, il fonde aussi en 1956, avec d’autres commerçants lourdais, l’association des Commerçants et Artisans de Lourdes, l’ACAL. A ce titre, il présidera durant 14 ans, de 1956 à 1969, la très fameuse Quinzaine Commerciale qu’il a lui- même créé un an auparavant et qu’il animera sans discontinuer avec une verve et une faconde que tous ceux qui l’ont côtoyé ne sont certainement pas prêts d’oublier.
Ces Quinzaines Commerciales, avec ses très nombreuses animations, ses « stars » du Petit Ecran et de la Chanson comme Roger Lanzac ou Annie Cordy, ses Simca Aronde, sa tombola et son local tout en verre qui trônait place Marcadal ! Que de souvenirs gravés dans nos mémoires ! La 1ère d’entre elles se déroula du 17 au 31 octobre 1955, la dernière aura lieu en 1974, avant de céder la place aux braderies que nous connaissons encore aujourd’hui. Toute une époque que nous devons à l’imagination et à la clairvoyance de Jean Dupont et de ses amis et collègues commerçants lourdais. Je pense notamment à Marcel Poque, qui lui succèdera à la tête de l’ACAL ou encore Léon Forgue.
Il y a néanmoins un domaine où Jean Dupont ne connaîtra certainement pas le succès espéré. C’est en politique. Il sera en effet candidat aux municipales de 71 et 77, aux côtés de Maurice Laffont et face à François Abadie. Il sera également candidat aux élections cantonales de 1976. En vain. Il ne réussira pas à convaincre les électeurs. Mais, c’est là la règle du jeu démocratique.
Un destin bien lourdais dont vous retrouverez tous les détails et plus encore sur les 4 panneaux d’exposition que la municipalité a décidé de lui consacrer, après avoir choisi, à la suggestion de ses descendants, de donner son nom à ce passage sous les halles. Un lieu au final joliment symbolique.
Je tiens à ce titre à remercier très sincèrement la famille de Jean Dupont dont je salue très chaleureusement les membres présents à nos côtés aujourd’hui, et notamment son petit-fils, Ivan Brovelli, qui a témoigné de la même force de caractère et de la même détermination que son grand-père pour que ce projet aboutisse.
L’histoire de Jean Dupont se confond en effet avec celles de très nombreux Lourdais. Comme quoi aimer et comprendre notre Ville n’est pas affaire du nombre de générations ! Elle est exemplaire de cet esprit d’entreprendre qui les a longtemps caractérisés et qui a très largement contribué au rayonnement de notre cité.
Jean Dupont fut en effet un grand Lourdais, n’en doutons pas une seule seconde, dont l’engagement pour notre Ville et pour l’ensemble de nos concitoyens et tous ses collègues commerçants, demeure remarquable. Ses idées souvent originales et innovantes doivent continuer de nous inspirer, dans la fierté légitime qui doit être la nôtre de partager un même quotidien, un même destin à nul autre pareil.
Je vous remercie. »
Discours d’Ivan Brovelli , petit-fils de Jean Dupont
« Madame le Maire, je tiens à vous remercier, ainsi que l’ensemble du Conseil municipal pour avoir entendu ma proposition et faire en sorte que nous soyons aujourd’hui réunis au cœur de la ville de Lourdes pour rendre hommage à Jean Dupont, mon grand-père, votre concitoyen.
Recevez également la reconnaissance de l’ensemble des descendants de Jean Dupont, enfants, petits-enfants et arrière petits-enfants, qui vivent aujourd’hui au quatre coins du monde.
Ma gratitude s’adresse également à Monsieur Jean-Joseph Pécoste, ami de Jean Dupont et dont l’enthousiasme qui l’anime à l’évocation du souvenir de mon grand-père, ainsi que les documents qu’il me communiqua, me décidèrent à entreprendre cette démarche auprès de la ville de Lourdes.
Mes remerciements vont également à Monsieur José Marthe, Conseiller départemental, pour m’avoir accompagné dans mes premières démarches et à Monsieur Jacques Barzu de l’Intersyndicale des organisations professionnelles, pour son soutien.
Merci également à la presse lourdaise pour avoir relayé mon projet il y a désormais un peu plus de deux ans.
Voici donc le Passage Jean Dupont. Madame le Maire a évoqué les nombreuses réalisations de Jean Dupont pour la ville de Lourdes, à commencer par les Quinzaines commerciales, dont les jolis panneaux qui ont été installés ici perpétueront la mémoire pour un bon moment, je l’espère. Si l’action, remarquable tant le foisonnement n’a d’égal que le dévouement avec lequel elle a été menée, si l’action – disais-je – de Jean Dupont mérite qu’il lui soit aujourd’hui rendu hommage, j’insisterai pour ma part sur une seule question : qu’est-ce que Jean Dupont en 2019 ?
Assurément, Jean Dupont c’est d’abord l’esprit d’initiative, auquel j’ajouterais l’inventivité. Au milieu des années 1950 il fallait sortir la ville de Lourdes de la seule activité touristique liée au pèlerinages et redynamiser l’activité commerciale de la ville-haute.
Puis s’est ajouté le combat du petit commerce contre la concentration commerciale dans les grandes villes, puis contre les premières grandes surfaces.
Certes l’idée d’une quinzaine commerciale n’était pas nouvelle, de nombreuses villes françaises en organisaient, mais l’on reste émerveillés par la 1 quantité de concours, de jeux et d’activités différentes qui, pendant vingt-ans, animeront les quinzaines de Lourdes et en feront une véritable fête populaire.
Même à la retraite et au soir de sa vie, Jean Dupont cherchait des solutions pour les problèmes de la fin du XXe siècle : face à l’automatisation et à la robotisation naissante de la production il préconisait une taxe sur les robots et les machines qui remplacent l’Homme, pour financer la Sécurité sociale et donc les retraites. Il écrivait cela en 1981. En 2017 le candidat à la présidentielle Benoît Hamon faisait une proposition semblable.
Toujours à l’orée des années 1980, préoccupé par les marges considérables pratiquées par la grande distribution, il préconisait la transparence des prix, avec une étiquetage obligatoire pour tous les commerces, grands et petits, comprenant : le prix d’achat de la marchandise, les frais de transport, la TVA, le charges, le bénéfice personnel et enfin le prix de vente… voilà en tout cas une proposition qui n’est pas près de voir le jour !
L’esprit d’initiative va de pair avec l’action. Jean Dupont c’est une énergie débordante au service de l’action. Les personnes qui l’ont connu et que j’ai rencontrées s’accordaient toutes sur ce point. D’aucuns l’ont appelé, à l’instar de Bécaud, « Monsieur cent-mille volt ». Un article de la Nouvelle République des Pyrénées, au sujet de l’inauguration de la XIe quinzaine commerciale – en 1965 donc – évoquait, je cite, le « discours atomique de M. Dupont ». L’article mettait en avant, dans son titre, une phrase marquante de son discours : « L’avenir touristique du département dépendent de Lourdes qui doit devenir, très vite, la grande et moderne capitale des Pyrénées ».
Un objectif ambitieux, mais l’homme avait suffisamment d’énergie pour contribuer, à son échelle, à sa réalisation. En tout cas, il savait « mouiller la chemise », en prenant part au jeux de la quinzaine – vous le verrez pilotant une caisse roulante sur l’une des photos des panneaux du passage – en faisant certaines annonces au haut-parleur, ou encore en sauvant de la disparition le club de foot de Lourdes, en 1963.
À l’instar du football qui est un sport collectif, les objectifs ambitieux ne peuvent aboutir sans un véritable esprit collectif. Jean Dupont c’est aussi le sens du collectif et surtout, de la solidarité. Le fait que tous les bénéfices des quinzaines commerciales soient reversé à la soupe populaire, qui devient ensuite le Foyer d’accueil lourdais en est un bel exemple, mais ce n’est pas le seul.
Toute l’action de Jean Dupont tend à relier les Hommes. J’en veux pour preuve le Syndicat départemental de l’Hôtellerie de Plein Air, l’Association des commerçants et artisans lourdais, dont le but a toujours été la défense des intérêts des petits et moyens commerçants. Mais avant cela il y eut l’Union familiale lourdaise, pour promouvoir la famille avec ses nombreuses activités culturelles. Ou encore les clubs, comme celui des Amis des voyages ou encore le club 2 astronomique. N’oublions pas non plus son engagement en tant que membre élu de la Caisse d’allocations familiales de Tarbes, du bureau HLM et de la Chambre de commerce.
« L’union fait la force » pourrait être la devise, le credo de Jean Dupont. Car toutes les réalisations évoquées ici n’auraient pu voir le jour sans des Lourdaises et des Lourdais engagés et dévoués pour leur ville. Il était le premier à rappeler leur nom, ce qui me permet aujourd’hui de les citer afin de leur rendre hommage. Aux côtés de Jean Dupont, lors de la première quinzaine commerciale il y avait MM Royer, Eugène Lacaze, Lafage, Puibarreau, Sié, Gruloos, Demoisy, Balleule, Bildstein. Puis les précurseurs furent rejoints par d’autres : Guillon, Ceailles, Francis Nicoleau, Sarguinet, Charrier, Laclaverie, Camille Abadie, Marcel Poque, Podenas, Jacob, Courrèges, Cousin, Boutes, Cueu, Faréou, Moulia, Noguez, Subra, Sié, Hères, Benquet-Lacaze, Maturiau, Volivert, Manuguet, Passalaygue, Dumonteil, Vène, Bouvin, ainsi que Mlles Huard, Vergez et Brieu. Sans oublier Mlle Germaine Benaben, secrétaire du comité de la quinzaine commerciale depuis le début.
Enfin, Jean Dupont, c’est le franc parler. D’aucuns n’y verraient qu’un trait de caractère, une caractéristique toute méridionale. Mais ce serait oublier que le franc parler est aussi l’expression de la sincérité et de la franchise dans les rapports humains. Lorsque l’on souhaite bouger les lignes, il faut désigner les problèmes et les dysfonctionnements. Beaucoup de personnes prennent cela pour des attaques personnelles. Il n’en est rien, il s’agit simplement d’un aiguillon pour aller de l’avant et améliorer le sort de tous. La phrase qui me semble incarner le mieux ce franc parler et qui fut relevée en son temps, est celle qu’il prononce lorsqu’il démissionne de la Chambre de commerce à la fin des années 1960, en disant qu’en cinq ans, il n’y avait jamais entendu parler de commerce ! Les esprits chagrins diront que c’était une autre époque. Certes. Mais l’esprit d’initiative, l’inventivité, le goût de l’action, la solidarité et le sens du collectif, le franc parler et la sincérité, voilà des qualités qui n’ont pas d’âge !
Voilà des valeurs qui doivent vous inspirer, Lourdaises et Lourdais ! Tel est le témoignage que j’ai voulu vous transmettre et en particulier à votre jeunesse ! Esprit libre et homme d’action, Jean Dupont nous rappelle à tous que si le monde dans lequel on vit ne nous plaît guère, il n’appartient qu’à nous de le changer. «