La rubrique des « coups de cœur Karine » est une rencontre hebdomadaire sur le site de Lourdes Actu, proposée par la Médiathèque avec Karine Aristin Chargée de la culture.
Cette semaine elle vous propose « THÉ A L ’OPIUM » de Bianca TAM.
THÉ A L ’OPIUM
Autobiographie d’une aventurière, espionne dans la Chine des années 40 – 50.
L’auteur : Bianca TAM. 18 ans en 1936. Bianca TAM est une jeune fille, issue de la haute société italienne. Qui plus est, elle a la chance d’avoir été dotée d’une beauté qui émouvra jusqu’au Saint Père . Elle côtoie le gotha durant toute sa jeunesse, et mène une vie choyée. Cependant, plutôt que de se fondre dans le moule qui la destine à une existence bourgeoise et dorée, elle s’éprend d’un jeune officier chinois de l’armée de Chiang Kai-Shek.
L’histoire :
Arrivée en Chine, à Canton, Bianca rencontrera sa belle mère, une hiératique chinoise à l’ancienne mode, propriétaire d’une plantation d’opium, qui paraît ne pas comprendre le choix qu’a fait son fils d’épouser une occidentale. Très vite, le mari de Bianca, soumis à ses obligations professionnelles, part pour le front où sévit la guerre contre le Japon.
Bianca, malgré la présence aimante et chaleureuse de ses enfants (un fils et deux fille) trompe l’ennui, et ses frustrations charnelles, dans les bras de l’amah (nourrice) de sa progéniture. La vie se déroule de façon agréable jusqu’à ce que le jour même du retour de son mari, la dernière née de ses filles tombe gravement malade. Pourtant, son père, ayant l’air de se désintéresser du sort de l’enfant, intime à Bianca, l’ordre de préparer les bagages en vue du départ imminent pour la prochaine affectation de l’officier ; celui-ci, emmenant, cette fois, sa famille.
Bianca refuse catégoriquement, mais dans la nuit, à l’hôpital, le petite fille meurt. Plus rien ne la retient à Canton. Bianca accepte, donc, de suivre son mari et leur établit, dans la province de Kwei-chow, un foyer agréable où Tam peut se ressourcer entre deux missions sur le front. Bientôt naît un autre enfant, dans des conditions fort peu confortables (Bianca accouche sur la table de la salle à manger, seulement assistée d’un médecin de guerre et de sa domestique), dont le caractère pour le moins spartiate, tremperont d’autant plus le caractère d’airain de la jeune et fort séduisante jeune dame.
D’ailleurs, quelques temps plus tard, sa beauté fera beaucoup d’effet dans l’entourage de son mari, lors d’une cérémonie à laquelle ce dernier avait négligé de la convier, mais où elle s’était rendue avec deux des soldats factionnaires de sa maison. Et pour cause, Bianca, ce jour-là, découvrira qu’elle n’est pas l’unique femme de sa vie, et que Tam entretient une relation avec une infirmière de son unité.
Se sentant bafouée, elle décide, malgré une quatrième grossesse, de quitter son époux, en emportant ses enfants, accompagnée de Lynn,sa domestique, et de se rendre à Shangaï pour y refaire sa vie.
Ce qui m’a plu : écriture sobre, dynamique, tout à fait de rigueur pour relater cette existence tumultueuse et fascinante. De plus, Bianca TAM nous immerge totalement dans l’Histoire contemporaine, avec un grand H.
Enfin, la vie que cette femme a menée, toute faite d’intrigues et d’exotisme, me paraît compter comme certains des plus jubilatoires récits du quotidien dans le monde de l’espionnage.