Lourdes : Billet hebdomadaire de l’Abbé Duhar

 Lourdes, le mercredi 6 avril 2020 Fête de Sainte Prudence

« Chère Communauté Lourdaise, Chers Tous,

Huitième et peut-être dernière semaine de confinement…Notre liberté spatiale et temporelle nous sera rendue, serons-nous pour autant des femmes et des hommes libres, lucides et donc charitables moralement ou spirituellement ? Nos existences tant asservies par le matérialisme et l’argent, au-delà de nos besoins réels, retourneront-elles à leurs excès avec la même vigueur ou bien, ces longues journées centrées sur la part essentielle de la vie auront-elles fait germer en nous le grain de la conversion ?

« Ne pas perdre la mémoire de ce que nous avons vécu, ne pas revenir là où nous en étions avant, c’est le moment de faire un pas, de retrouver la dimension de la contemplation » nous propose le Pape François pour envisager ce qu’il nomme, comme beaucoup d’entre nous, le jour d’après. La contemplation n’est pas l’inertie. Elle est le centre de gravité que chacun doit trouver en lui d’abord, et dans le monde qui l’entoure ensuite, pour pouvoir se mettre, et aujourd’hui se remettre, en chemin. Sur cette voie, il s’agira de dépasser, de transcender sa simple et humble condition d’homme et de tendre ainsi vers le but essentiel, le bien abouti de toute vie : l’Amour absolu.

L’Amour absolu vit au-delà de nos propres personnes, il est plus grand que nos personnes et pour les chrétiens il est la signification même de Dieu. Nous ne l’atteindrons qu’en nous mettant résolument au service, car nous ne sommes jamais aussi grand, ici-bas, que lorsque nous servons nos contemporains. Je sais que beaucoup parmi vous ont expérimenté cela ces temps derniers.

Nous attendons le déconfinement comme une renaissance, une petite résurrection après la peine, la souffrance vécue par nombre d’entre nous comme une forme de la Passion sur terre jusqu’à la mort physique parfois. Cette renaissance, faculté de nous voir rendus à notre essence même ne trouvera son sens, je crois, que si nous la vivons autant individuellement que collectivement dans une exigence partagée de l’Amour, une exigence acceptée, plus encore voulue et recherchée.

A tous mes pensées et ma profonde amitié. »

 Jean-François Duhar

Curé de Lourdes