Lourdes compte une vingtaine de généralistes, beaucoup d’entre eux sont proches de la retraite ou devraient déjà y être. Et malheureusement à cela s’ajoute les 3 médecins décédés sans solution de remplacement. Si bien que 4 000 patients de Lourdes et des villages environnants devraient se retrouver sans médecin dans les toutes prochaines années.
Plusieurs praticiens tirent désormais la sonnette d’alarme sur le sujet, surtout avec une population qui ne rajeunit pas.
Les docteurs qui restent sont débordés et ne prennent plus de patients.
Bien conscients de cette situation, un collectif de médecins avait déjà tiré la sonnette d’alarme et avait organisé une réunion en Mairie de Lourdes pour informer le Maire de cette situation très préoccupante pour le secteur santé lourdais.
Voici le Communiqué du Docteur Jean-Marc VERZEROLI, médecin généraliste à Lourdes :
« Depuis une dizaine d’année nous avons perdu 12 médecins généralistes à Lourdes : départs en retraite, modification du mode d’exercice ou voire décès, pour seulement 4 jeunes médecins arrivés.
A l’instar de la situation nationale, depuis 20 ans on « sacrifie » la médecine de ville au profit de l’hôpital déséquilibrant ainsi l’offre de soin et désorganisant la prise en charge.
Aujourd’hui on se retrouve avec une plus grande pression sur l’hôpital, du fait du manque de moyen criant de la médecine de ville, alors que l’hôpital n’a aucune vocation à faire de la médecine générale.
En déplaçant les moyens d’offre de soin sur l’hôpital au détriment de la médecine de ville on a désorganisé la prise en charge.
Ceci est paradoxal quand on voit que l’essentiel de la prise en charge médicale pour les soins de premiers recours relève de la médecine libérale, l’hôpital est bien sur nécessaire pour les soins plus complexes et demandent également des moyens financiers plus importants mais cela nécessite quand même une régulation libérale en amont de premier recours que l’on ne peut plus désormais assumer.
La continuité des soins que les généralistes doivent assurer pour un bon équilibre du système n’est plus suffisamment couverte. Si effectivement l’hôpital souffre et ne peut plus sereinement assumer sa tache, il ne faut pour autant pas prendre le problème à l’envers en continuant à sacrifier la médecine de ville. Le bon fonctionnement du système hospitalier commence par une prise en charge initiale des patients par la médecine de ville optimale.
La perspective pour 2022 est le départ de 2 médecins (1 pour changement d’activité : le Dr SOUBIROUS qui n’exercera plus en médecine générale de ville, 1 retraité : le Dr DUBOIS, auquel départ s’ajoute malheureusement le décès récent le Dr LAM qui exerçait jusqu’alors en tant que retraité actif. Le Dr MINVIELLE qui devait lui aussi partir à la retraite en 2022 s’est ravisé et concède de continuer 1 ou 2 ans maximum en espérant trouver un remplaçant.
Cela fait environ 3 000 patients sur le bassin lourdais qui chercheront un médecin traitant en 2022, s’ajoutant à tous les patients en errance depuis 1 an ou 2. Les cabinet existants seront dans l’impossibilité d’absorber cet afflux de patients.
A cela s’ajoute une contrainte accrue sur la permanence des soins avec l’augmentation du nombre de gardes (du fait de la diminution des médecins effecteurs) alourdissant dangereusement notre charge de travail.
Il devient donc urgent sur Lourdes mais également sur l’ensemble du territoire de redynamiser la médecine libérale, porte d’entrée du patient dans le système de soin ainsi que pilier de sa prise en charge globale pour le soin et le suivi chronique. »
Jean Marc VERZEROLI,
Médecin généraliste à Lourdes