Ce vendredi 11 Novembre a été commémoré le 104ème anniversaire de l’Armistice de la 1ère guerre mondiale de 14-18.
Elle s’est déroulée en 2 temps. D’abord au Cimetière de l’Egalité devant le « Monument aux Enfants de Lourdes Morts pour la France » (entretenu par le comité local du Souvenir Français présidé par Madeleine NAVARRO), en présence du Maire Thierry LAVIT, du Conseiller municipal Délégué aux Anciens combants Jean-Georges CRABARIE, des Présidents d’Associations patriotiques et Porte-drapeaux et du Curé de Lourdes Pierre JAMET. Il est en effet d’usage que ce Monument soit béni par le Curé de Lourdes et que la chorale paroissiale chante le très beau chant « Vierge de la montagne ». Puis c’est le tour de la Municipalité pour le côté républicain : le Maire et le Délégué aux Anciens combattants déposent une gerbe, suivi de la Sonnerie aux Morts, de la Minute de silence et de la Marseillaise. Tous rejoignent ensuite en défilé par la rue de l’Égalité, la rue de la Grotte, la Chaussée du Bourg, le Passage Jean Dupont, le square Foch où se tient la Cérémonie officielle.
A 12 h, sous un soleil automnal radieux, un nombreux public a assisté à cette Cérémonie officielle du 11 Novembre de très belle facture à laquelle ont participé avec ferveur les enfants de l’école du Lapacca, les collégiens de la Cité scolaire de Sarsan et les enfants de l’école de rugby du Pays de Lourdes.
Cette cérémonie était placée sous la présidence du Délégué militaire départemental-adjoint le lieutenant-colonel Thierry RHONE. Elle était présidée par le Sous-préfet Fabien TULEU, en présence du Député Benoît MOURNET, de la Sénatrice Viviane ARTIGALAS, des Conseillères départementales Marie PLANE et Evelyne LABORDE, du Maire Thierry LAVIT et de nombreux Conseillers municipaux, du Recteur du Sanctuaire Michel DAUBANES, du Directeur de l’ONAC Bruno MONTAGNOL, des Président(e)s des Associations patriotiques et leur Porte-drapeaux, du Piquet d’honneur du 35ème RAP de Tarbes, du Piquet d’honneur des Sapeurs Pompiers, des représentants de la Police nationale et de la Gendarmerie, de l’Inspectrice de l’éducation nationale du secteur Catherine LAVIT, de la Proviseure de la Cité scolaire de Sarsan Martine ARMAGNAC et de la Principale-adjointe, des Professeurs Valérie PENE et Isabelle BARTHELEMY, du Directeur de l’école du Lapaca Sébastien SARRAT et de trois enseignantes Mesdames JOURDAN, CASTELLS et LLANES, du Président de l’Ecole de Rugby David PAROU…
Le Maire de Lourdes a ouvert la Cérémonie en prononçant une allocution résumant les différents moments de la cérémonie et l’implication des enfants des écoles de Lourdes et du collège de Sarsan. Suivie de l’allocution du colonel Daniel LAVIGNE au nom du Cercle patriotique du Pays de Lourdes. (lire ci-dessous). Puis ce fut la lecture d’une correspondance de Jacques Ambrosini par deux collégiens de Sarsan, Léa et Soyan, (lire ci-dessous) et du chant « En terres étrangères » écrit par des collégiens d’un collège de Haute-Garonne, (en hommage aux soldats tombés en opérations extérieures, chanté avec perfection et émotion par les collégiens de Sarsan. Le Sous-préfet clôtura les allocutions en donnant lecture du message de Sébastien Lecornu, ministre des Armées. (lire ci-dessous)
Ont suivi 7 dépôts de gerbe par les Autorités civiles accompagnés par les enfants de l’école du Lapacca et de l’école de rugby, la Sonnerie aux morts, la Minute de silence et l’Hymne national dont le 1er couplet et le refrain ont été chantés par les Chanteurs Montagnards et le 7ème couplet appelé « couplet des enfants » a été chanté par les élèves des classes CM1 et CM2 de l’école Primaire du Lapacca.
Une fois la cérémonie officielle achevée. Il a été procédé à la Remise de l’insigne et du diplôme d’honneur de Porte-drapeau à Théo Barzu (10 ans d’ancienneté comme Porte-drapeau pour l’association patriotique locale des Déportés Internés Résistants et Patriotes) et à Bruno De Craene (5 ans d’ancienneté comme Porte-drapeau pour l’association patriotique locale des Anciens combattants, Mutilés et Victimes de guerre) par le Sous-préfet et les Présidents d’association Carmen FONTAINE et André LADJINI. (voir photos ci-dessous)
Un vin d’honneur a été offert par la Municipalité au Palais des congrès.
Allocution du Colonel Daniel LAVIGNE Président du Cercle Patriotique du Pays de Lourdes
« Monsieur le sous-préfet, mesdames et messieurs les parlementaires, monsieur le Maire, mesdames et messieurs les élus, camarades anciens combattants et des associations patriotiques, Porte-drapeaux, enseignants et élèves des écoles, collèges, lycées et de l’école de rugby de Lourdes, mesdames et messieurs, bonjour.
1915 : A la guerre de mouvement, période la plus meurtrière de toute la 1° guerre mondiale, succède la guerre de position : les hommes s’enterrent dans des tranchées reliées par les boyaux qui drainent leur sang.
En effet, la guerre des frontières, suivie de la bataille de la Marne et de la course à la mer du Nord (batailles de déplacement du front d’Est en Ouest) ont causé des pertes très lourdes : dans la seule journée du 22 août 1914, journée la plus meurtrière de l’histoire de France, 20543 soldats français sont tués. Entre août 1914 et août 1915, 554700 cadavres jonchent les terres des Vosges, des Ardennes, des plaines du nord. Dans les tranchées, les combattants pataugent dans la boue, les pieds gelés, subissent le froid glacial, vivent au milieu des morts rongés par la vermine. La guerre chimique avec l’utilisation des gaz dans la région d’Ypres est pour la première fois de l’histoire utilisée le 22 avril 1915. A l’exaltation d’août 1914, « la guerre sera courte », succède l’enlisement accompagné par la résignation et le doute. Le gouvernement de Raymond Poincaré adresse des exhortations aux soldats du front et à la population :
– A partir du 1er juillet les soldats ont droit à 6 jours de permission par an, hors délais de route.
Une loi honorant le sacrifice des soldats « Morts pour la France » est votée dés le 12 juillet 1915.
Les cendres du fondateur de la Marseillaise, Rouget de Lisle, sont transférées aux Invalides le 14 juillet 1915 ; La Marseillaise doit raviver les cœurs.
Ecoliers, collégiens, lycéens vous allez, tout à l’heure, chanter la Marseillaise créée par le capitaine Rouget de Lisle. Il a écrit un texte d’encouragement pour les Armées pendant la nuit du 25 au 26 avril 1792. Accompagné par madame et monsieur de Dietrich, maire de Strasbourg, il donne naissance à un chant appelé «chant de guerre pour l’Armée du Rhin». Les paroles, «Aux armes citoyens… L’étendard de guerre est déployé … Marchons…. Allons enfants de la patrie» s’inspirent d’une affiche de la «Société des amis de la Nation» et font allusion à la famille Dietrich dont 2 enfants sont aux Armées. La musique s’appuie sur un oratorio appelé «Esther», créé en 1787 par le maître de musique Jean Baptiste Grisons à Saint Orner. L’adaptation paroles musique est réalisée par sybille Dietrich et Rouget de Lisle. A partir de juin 1792, ce chant est interprété par les volontaires du Midi tout au long de leur déplacement vers Paris et entonné le 10 août, jour de la prise des Tuileries, journée qui marquera la fin de la royauté et l’installation de la 1ère république. Le peuple de Paris galvanisé par ce chant le baptisera «La Marseillaise ». La même année un 7ème couplet, dit couplet des enfants, est ajouté à la version initiale. Par décret du 14 juillet 1795 la Marseillaise est déclarée hymne national. En 1911 le ministre de l’éducation nationale Maurice Faure rend obligatoire son apprentissage à l’école. Dans le couplet des enfants il est dit «Nous entrerons dans la carrière quand nos aînés n’y serons plus» … «Nous aurons le sublime orgueil de les venger ou de les suivre». Dans le chant «En terres étrangères», créé par les élèves de 4ème et 3ème du collège Elisabeth Badinter de Quint-Fonsegrives dans le 31, il est écrit : «accomplir la mission», «toujours que nos cœurs se souviennent» et «c’est le sacrifice, dites le à mon fils, afin de protéger nos libertés». Toutes ces paroles sont votre héritage et un engagement à servir la Nation française.
Dans la construction identitaire d’un pays, d’une nation, d’un individu «le devoir de mémoire» ne suffit pas à préserver le souvenir. Seul le «devoir d’histoire» peut et doit garantir la pérennité et l’équité des mémoires. Aujourd’hui, vous avez inscrits dans vos connaissances une initiation à l’histoire de la «Marseillaise» et appris un nouveau chant «En terres étrangères». C’est une page de votre histoire, de notre histoire. En chantant la Marseillaise les «poilus» et les soldats de tous les conflits ont donné leur sang et souvent leur vie pour la Patrie, la terre des pères. Ils se sont engagés à servir les armes que l’Etat français leur avait confiées pour préserver la liberté, notre liberté. S’engager, c’est exprimer par des actes une prise de position morale. Servir, c’est accepter de ne plus s’appartenir tout à fait, c’est tout donner y compris sa vie. Vous devenez aujourd’hui les héritiers d’une histoire qui participe à l’histoire collective de la Nation qui nous a construits.
A titre individuel, engagez-vous et servez votre pays en travaillant à l’école, au collège puis au lycée. Etudier, c’est déjà être dans l’histoire de la vie de son pays. Exposez-vous et révélez-vous : dites «je vaux ce que je veux !». Votre Nation vaudra ce que vous voudrez.
Le 11 Novembre n’est pas une fête, c’est un anniversaire de fin de combat tragique avec des conséquences dramatiques, il doit être célébré avec dignité, gravité et respect.
Redressez vous, découvrez vous la tête, soyez fier. Pendant le dépôt de gerbes, la sonnerie «aux Morts», et la minute de silence pensez au sacrifice de nos anciens et chantez de toutes vos forces et avec respect «la Marseillaise» !
Sous la garde des «Morts pour la France» représentés par ce monument, sous les plis des drapeaux, l’Etat représenté par monsieur le sous-préfet, les élus (es), les anciens combattants, les associations patriotiques et la population ici présente, vous regardent et vous transmettent l’héritage de «ceux de 14» : sauvegarder et défendre la Paix dans le cadre républicain de notre Nation, la France. »
Lecture d’une correspondance de Jacques Ambrosini, par Léa Andrieu élève de 5ème 2 et Soyan Aguirre élève de 3ème 5 du collège de sarsan.
Jacques Ambrosini est originaire de Speloncato, en Haute-Corse. Fils d’agriculteurs, engagé dans Les Dardanelles contre les Turcs à l’âge de 19 ans, il finit la guerre comme lieutenant. Les lettres à son frère François décrivent l’horreur quotidienne du front.
Le mercredi 19 mai 1915
« Cher Frangin,
La baïonnette au canon on s’élance hors des tranchées. Le capitaine en tête, Nous faisons un bon\de 30 à 40 mètres, et nous voilà couchés dans les tranchées qu’occupaient nos camarades de 1 ère ligne. Les balles avaient sifflé, mais personne n’avait été touché. La rage de tuer et poussés par l’odeur de la poudre aussi bien que par les cris des bêtes féroces, car à ce moment-là on devient des bêtes féroces, ne pensant qu’à tuer et à massacrer, nous nous élançons comme un seul homme. Victor est à mes côtés, mais bientôt dans cette course folle, je ne le vois plus. Les camarades tombent. Presque tous blessés. Ce sont alors des cris de douleur. D’un côté, on entend «ma femme», « es enfants», de l’autre, «ma mère», «achevez-moi», «ne me faites plus souffrir». Tout ceci te déchire le cœur, le sang coule à flots, mais nous avançons quand même, marchant sur les morts. Les Turcs sont couchés par centaines. Notre 75 aussi bien que les pièces de marine ont fait du bon travail. Ils sont déjà tous gonflés. Ceux qui n’ont pas été touchés s’échappent à grandes enjambées, nous courons toujours, impossible de les attraper. On se met à genoux, on s’arrête, on vise et, patatrac, ton homme tombe. Les Sénégalais qui passent sur les tranchées ennemies achèvent les blessés. On nous l’avait bien recommandé à nous aussi, mais je n’ai pas le courage. Tout à coup à la troisième tranchée turque, un de ces vieux mahométans, blessé et pouvant encore bouger ses bras, hisse un drap blanc, au bout d’un morceau de bois. Je m’approche pour le voir de près. Que fait-il ? Il me regarde puis saisit son fusil et veut me mettre en joue. Le malheureux, plus leste que lui, je lui flanque ma baïonnette dans la tempe gauche et instinctivement, je fais partir un coup. Les cervelles sautent en l’air et viennent jusqu’à ma figure. Il me crie pardon et meurt. Je repars me disant : «Tous les blessés, tu les achèveras.» C’est ce que je fis.
Nous franchissons cinq autres lignes de tranchées et tous sont achevés, car les bougres, quoique blessés, tirent sur nous et ne s’arrêtent que lorsqu’ils sont morts. Nous avons maintenant la descente et nous gagnons du terrain. Tout à coup je vois un turc à trente mètres devant moi qui s’évade à grandes enjambées. Je me mets à genoux, je vise, tire sur la détente et le voilà qui tombe à plat ventre comme s’il tombait d’un cinquième. J’arrive sur lui, il n’était pas encore mort, mais je l’avais bien touché. Une autre cartouche et voilà la cervelle qui saute en l’air. Les Turcs ne sont pas loin. On marche toujours mais impossible de les rattraper. Les voilà qui entrent dans une vallée. On ne peut les toucher. Mon lieutenant est en tête. Il me regarde et crie courage mais je suis touché. J’ai ressenti comme une commotion électrique à la gauche. Et je tombe le visage en avant. Pas de douleur. Je sens le sang qui commence… »
Message de Sébastien Lecornu, ministre des Armées et de Patricia Mirallès, secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants et à la Mémoire, par Fabien TULEU, Sous-Préfet de l’Arrondissement d’Argelès-Gazost à l’occasion du 11 Novembre 2022 Journée nationale de commémoration de la Victoire et de la Paix, Hommage à tous les «Morts pour la France»
« La nouvelle de la Victoire se répand à la volée dans tout le pays, de clocher en clocher. L’écho du clairon vient d’annoncer la fin d’un conflit qui a éprouvé le monde et décimé les Hommes. La fureur du canon s’est enfin tue, couverte par un immense éclat de joie.
11 novembre 1918, il est 11 heures : c’est l’Armistice.
Pour des millions de soldats venus du monde entier, c’est la fin de quatre terribles années de combat. Le soulagement est immense.
La guerre est finie, mais pour les survivants commence un funeste décompte, celui d’un million quatre cent mille soldats français tombés au champ d’honneur, de quatre millions de nos militaires blessés ou mutilés, ces braves aux « gueules cassées » qui plongent la Nation entière dans l’effroi et l’émotion.
Le traumatisme est mondial. En tout, ce sont près de 10 millions de soldats qui ont été tués, 3 millions de veuves et 6 millions d’orphelins. Les morts sont presque aussi nombreux parmi les civils.
Ceux qui sont revenus des combats racontent la puanteur des tranchées et le fracas des obus. Ils expliquent la peur avant les charges, le courage qu’il faut pour sortir des abris et donner l’assaut aux lignes ennemies sous la mitraille. Ils disent l’horreur du spectacle de leurs frères d’armes qui tombent à leurs côtés.
Souvenons-nous de leur bravoure et de leur sacrifice. Commémorons ces soldats dont les noms doivent rester gravés dans nos mémoires comme ils le sont sur nos monuments aux morts, dans les villes et les villages de France, dans l’Hexagone comme dans les Outre-mer.
Souvenons-nous des soldats venus d’Afrique, du Pacifique, des Amériques et d’Asie, de ces soldats alliés venus verser leur sang pour la France, et défendre avec nous la liberté sur une terre qu’ils ne connaissaient pourtant pas.
Le sacrifice de nos Poilus nous oblige, il nous rappelle que la Paix a un prix, et que nous devons être désormais unis avec ceux qui étaient hier nos adversaires, car «ce n’est qu’avec le passé qu’on fait l’avenir», écrivait Anatole France.
Ce souvenir, ce sont les jeunes générations qui doivent désormais s’en emparer, pour venir raviver la flamme de la mémoire de ceux qui sont morts pour la France, pour notre liberté. C’est la reconnaissance que la Nation doit à ses combattants, à ceux qui sont tombés et à ceux qui ont survécus.
Aux combattants d’hier et à ceux d’aujourd’hui, comme à leurs familles et ayants droit, la Nation doit continuer d’assurer réparation, reconnaissance et droit, comme l’a voulu le Président de la République.
Cette année nous honorons deux soldats morts pour la France au Mali : le maréchal des logis chef Adrien Quélin et le brigadier-chef Alexandre Martin. Honorons leur sacrifice et celui de tous les soldats qui ont versé leur sang pour la France.
Le monde était convaincu en 1918 que la Première guerre mondiale devait être la « Der des der », la dernière des dernières. Nous savons ce qu’il advint de cet espoir et aujourd’hui, en ce 11 novembre 2022, alors que la guerre est de retour sur notre continent, n’oublions pas le combat des Poilus pour la Paix et le sacrifice de nos soldats morts pour la France.
Vive la République !
Et vive la France ! »
Deux Porte-drapeaux ont reçu l’Insigne d’honneur et le Diplôme : Théo Barzu (10 ans d’ancienneté comme Porte-drapeau pour l’association patriotique locale des Déportés Internés Résistants et Patriotes) et Bruno De Craene (5 ans d’ancienneté comme Porte-drapeau pour l’association patriotique locale des Anciens combattants, Mutilés et Victimes de guerre)