Dans le cadre de la Journée Internationale des droits des femmes, à l’initiative de la Ville de Lourdes le film-documentaire de Thibault Férié «La révolte des femmes de chambre» a été diffusé ce samedi 11 mars au cinéma Le palais, suivi d’un débat, devant quelques 200 personnes.
L’héroïne de ce film est l’actuelle Députée LFI de la 7ème circonscription du Val-de-Marne Rachel KÉKÉ.
La Députée Nupes des Hautes-Pyrénées Sylvie FERRER avait invité sa collègue de l’Assemblée nationale à venir à Lourdes pour l’occasion.
Elle a évidemment visité la ville, s’est rendue à la Grotte, a rencontré des militants.
A 18h30 elle a donné une Conférence de presse accompagné de Sylvie FERRER et d’Ahmad ASGARI, responsable CGT du Comité des précaires et privés d’emploi des Hautes-Pyrénées.
Rachel KÉKÉ, a parlé de son parcours personnel, de la lutte et grève des femmes de chambre de l’hôtel Ibis Batignolles à Paris qui a duré plus de 22 mois de 2019 à 2021. Elle explique que pour répondre à leurs besoins économiques et espérer renouveler leurs papiers (puisque la plupart sont des étranger(e)s), les employé(e)s sont contraint(e)s de subir des conditions de travail déplorables sans oser les dénoncer. Rachel KÉKÉ dénonce également les viols subis par les femmes de chambre par des clients qui savent qu’ils resteront non-dénoncés et impunis. Elles se sont mobilisées avec courage et obstination pour améliorer leurs salaires et leurs conditions de travail imposées par un sous-traitant d’ACCOR, premier groupe hôtelier européen et 6ème mondial et Rachel KÉKÉ et ses compagnes de lutte ont finalement obtenu gain de cause. Cette longue grève s’est terminée sur une victoire puisque toutes les revendications ont été acceptées. Dans cette bataille, elles ont bénéficié du soutien du syndicat de l’hôtellerie CGT-HPE jusqu’à la victoire.
Sylvie FERRER rappelle qu’en cette période de contestation sociale massive contre la Réforme des retraites, c’est l’occasion de rappeler que dans le monde professionnel, les femmes sont des travailleuses plus pauvres et plus précaires que les hommes. Sans conteste, la Réforme des retraites que le gouvernement veut imposer, pénalisera l’ensemble des salarié(e)s et tout particulièrement les femmes. Elle apparait ainsi comme une violence économique supplémentaire faite aux femmes.
Rachel KÉKÉ a tenu à dire à propos de la Réforme des retraites que sans lutte et grève dure, les Français n’obtiendront rien.
Sylvie FERRER ajoute que les métiers féminisés tels qu’auxiliaires de vie, aides à domicile, AESH… sont nettement précarisés. On y retrouve beaucoup de turn-over, de difficultés à vivre dû aux amplitudes horaires hors-normes et aux faibles rémunérations.
Ahmad ASGARI, reconnu localement dans les Hautes-Pyrénées pour avoir mis à jour la publication de «fausses» offres d’emploi, c’est-à-dire des offres d’emploi mensongères ou indécentes et donc non-solvables. Il dénonce aujourd’hui les statuts précaires et l’absence de statuts des travailleuses et travailleurs saisonniers notamment à Lourdes.
Avant le film, la Maire-adjointe Cécile PREVOST a excusé la Maire-adjointe à la Culture Sylvie MAZUREK et a dit quelques mots et a conclu sur un proverbe africain « Si les femmes baissaient les bras c’est le monde qui s’effondrerait ». On notait encore la présence dans la salle de la Conseillère municipale Jeannine BORDE.
A 20h30 a été diffusé le film documentaire « La Révolte des femmes de chambre » qui raconte donc la bataille et quelle bataille ! menée par Rachel Kéké et ses compagnes de lutte, car tenir tête à un tel groupe hôtelier international et à leurs avocats, tenait du miracle ! Elles entament une grève pour dénoncer les cadences infernales, le travail impayé et les conditions éprouvantes que leur inflige le groupe Accor via le sous-traitant qui les emploie. Où quand la sous-traitance tourne à la maltraitance ! Devant la justice, elles osent parler d’exploitation et de discrimination de la part du premier groupe hôtelier européen et troisième mondial. C’est un système entier qui est pointé du doigt dans cette lutte qu’elles mènent, sans relâche, pendant près de deux ans. Pour Rachel Kéké, porte-parole du mouvement, Sylvie Kimissa et les autres, c’est une lutte primordiale et incertaine qui s’enclenche et bouleverse leur vie.
A travers la chronique de cette mobilisation collective, triomphante, le film nous a embarqué aux côtés de ces femmes et nous a raconté qui sont ces nouvelles héroïnes de notre temps.
Ainsi suite à la médiatisation de sa lutte, Rachel Kéké est devenue députée-porte-voix des employé(e)s sous-traité(e)s, maltraité(e)s, « invisibles ». En effet en juin 2022, l’élection de Rachel Kéké à l’Assemblée nationale fait de cette lutte, au-delà d’un symbole, un véritable marqueur historique et inédit : l’entrée de la première femme de ménage à l’Assemblée.
Le film a été longuement applaudie, les 2 Députées sont montées sur scène et ont répondu aux questions diverses de la salle.