Face aux violences que connait le pays depuis la mort du jeune Nahel, Carole Delga réagit :
« Il y a des moments de vérité dans une société qui nécessitent d’être à la hauteur des événements, si tragiques soient-ils. Celui que nous connaissons depuis la mort d’un jeune homme de 17 ans, abattu à bout portant dans son véhicule par un policier suite à refus d’obtempérer, en est un assurément.
La première de nos responsabilités, individuelle et collective, est d’accompagner la famille de Nahel, avec sincérité, compassion et dignité.
Au-delà des mots, nécessaires mais jamais suffisants face à une telle tragédie, notre Etat de droit lui doit vérité et justice, sans lesquelles le vivre ensemble n’a pas de sens. Il doit garantir une enquête exemplaire, suivie de décisions fortes pour qu’un tel drame ne se reproduise plus.
L’émotion est là, tout comme la colère, légitimes. Mais la raison, nécessaire à toute vie en société, impose de refuser les violences et dégradations de biens publics auxquels nous assistons depuis plusieurs jours.
La République ne doit admettre qu’un citoyen soit tué lors d’un contrôle routier. Pas plus qu’elle ne peut admettre que la vie des policiers, des agents de la sécurité civile, des élus, soient mise en danger, ainsi que celle des familles ou des commerçants suite à l’incendie volontaire de leurs habitations ou de leurs commerces.
Je condamne ces exactions qui n’apportent aucune solution pour demain, tout comme l’exploitation éhontée de groupes politiques qui attisent les braises à des fins bassement électoralistes. Ces propos incendiaires, qui visent une partie de notre population, sa religion ou sa couleur de peau, tout comme ceux qui évoquent un « permis de tuer » dans la France de 2023, les disqualifient de fait.
Car, face à cette situation, la réponse n’est pas politicienne : elle est politique.
L’appel au calme et à la dignité est aussi un appel à agir. Agir pour restaurer l’autorité de l’Etat trop souvent bafouée. Agir pour une police républicaine de proximité et respectée, garantissant un usage de la force proportionné. Agir pour que la citoyenneté et l’éducation redeviennent les piliers de notre société. Agir pour que des pans entiers de nos villes, de nos territoires ne soient pas laissés à l’abandon. Agir pour mettre fin aux injustices du quotidien, aux discriminations et au sentiment d’enfermement, qui rongent les fondations même de notre modèle républicain.
A celles et ceux qui acceptent, par lâcheté ou par désir, une France face à face, j’appelle, avec une grande majorité de nos concitoyens, à restaurer une société du respect et de la confiance. »