Lourdes a commémoré la Journée nationale de la Résistance

Ce samedi 27 mai à 10h, devant la stèle du Général de Gaulle, a eu lieu la Cérémonie commémorative de la Journée nationale de la Résistance, présidée par le Sous-préfet Fabien TULEU, en présence du Député Benoit MOURNET, de la Conseillère départementale Evelyne LABORDE, du Maire Thierry LAVIT, du Conseiller municipal aux Anciens combattants Jean-Georges CRABARIE, des Présidents des Associations patriotiques, des Porte-drapeaux, du Commandant de la Police nationale de Lourdes et d’un représentant de la Gendarmerie  d’Argelès-Gazost. Peu de public présent, il faut dire que la cérémonie s’est déroulée sous une pluie battante et un vent conséquent.

La Cérémonie a débuté par la lecture du message national de la Résistance lu par le Maire en l’absence d’Olivier De CLARENS, Président du Comité départemental de la Résistance. (lire celui-ci sous le diaporama photos)

Puis a suivi la lecture du message national de Sébastien LECORNU, ministre des Armées et de Madame Patricia MIRALLES, secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants et à la Mémoire, par le Sous-préfet. (lire celui-ci sous le diaporama photos)

Après la diffusion du très beau chant des Marais, cinq gerbes ont été déposées par le Sous-Préfet, le Député, la Conseillère départementale, le Maire et le Conseiller délégué aux Anciens Combattants et M. Marcel SAPARRA au nom de l’Association Nationale des Anciens Combattants etAmi(e)s de la Résistance.

Suivi de la Sonnerie aux morts, de la Minute de silence et de l’hymne national chanté avec ferveur par tous les présents.

Pour finir, le Autorités ont été saluées et remerciées le Portes-drapeaux, les représentants de la Police et de la Gendarmerie, les Présidents des Associations patriotiques, les élus.

Discours de M. Olivier de Clarens Président du Comité Départemental de la Résistance (lu par le Maire)

« Cette année, nous célébrons les 80 ans de la libération de la France, un an avant la fin de la deuxième guerre mondiale. 80 ans peut se traduire en 2 générations, les témoins sont partis, les souvenirs se brouillent, l’histoire s’estompe! La lutte d’aujourd’hui se livre contre l’oubli dans les générations qui n’ont connu la guerre que par des oui-dires lointains mais aussi contre l’excès d’information qui occupe les media avec des documentaires trop enclins à jouer sur les émotions et mènent au risque de la banalisation de l’époque: la guerre réelle n’est pas une série télévisée.      

La Résistance, ce sont des individus, hommes et femmes, dont l’action isolée peut paraître dérisoire. Mais un individu peut sauver un autre individu, voire plusieurs. Ainsi, Maurice Trélut, maire de Tarbes accueillait à l’hôpital des juifs, faux malades et vrais soignants, la ville de Lourdes a caché beaucoup de monde. Une famille locale peut sauver une famille de juifs

En plus des réseaux structurés et compartimentés, comme Andalousie ou Buckmaster, dans la montagne, des passeurs individuels ont convoyé de simples fugitifs mais tous les évadés ne se sont pas faits connaître à la  »Mission Française de Madrid » et ont gardé le secret de leur passage. De plus, certains ont guidé plusieurs fois des évadés, d’autres anonymes n’ont accompagné qu’une seule traversée.

Les itinéraires praticables dans un milieu naturel difficile n’étaient pas infinis. Les Hautes Pyrénées portent bien leur nom, elles n’étaient franchissables que pendant la belle saison au contraire des autres départements situés aux extrémités de la chaîne.

On peut quand même estimer le nombre total des évadés de France, sur toute la frontière à 22 685 personnes, mais aussi entre 7 000 et 10 000 échecs : remis aux allemands, arrêtés, internés, déportés, fusillés, morts en montagne. En plus des 342 passeurs déportés et des 660 internés. 

Résister était aussi une aventure collective et complexe. Par exemple, le Corps Franc Pommiès, véritable armée clandestine, a évité la destruction de l’usine Hispano en la sabotant, ce qui a rendu inutile le bombardement prévu, qui, même effectué par des Anglais, aurait eu des conséquences terribles sur la ville de Tarbes, qu’à l’époque on n’appelait pas dommages collatéraux.

L’Occupation résultait d’une guerre et une guerre ne se mène pas seul. Les maquis composés pour l’essentiel de réfractaires au STO avaient du mal à assurer l’intendance, ils manquaient de nourriture, d’équipement, de logement, d’armes mais formaient quand même de futures combattants.

Les réseaux constitués sont sortis de l’ombre dès que l’ordre a été donné en juin 1944 et ont mené des combats qui ont abouti à la libération du département. Les résistants haut-pyrénéens ont vaincu  sans l’aide militaire directe des Alliés.

Dans l’enthousiasme de ceux qui voulaient en découdre et la pagaille qui a fait croire à l’ennemi qu’ils étaient nombreux et bien armés, l’esbrouffe a eu raison d’une armée encore puissante mais légèrement démoralisée, devenue nerveuse, qui était encore capable du pire comme les drames de Trébons, Pouzac et Bagnères l’ont montré.

Résister c’est se fédérer, s’unir contre l’occupant, agir contre la barbarie mais aussi incarner des valeurs qui 80 ans après sont toujours d’actualité dans le monde instable qui nous envahit de partout. Clairvoyance devant l’ennemi, la connaissance du passé nous rend plus forts pour affronter l’avenir. »

Message de Patricia Mirallès Secrétaire d’Etat auprès du ministre des Armées, chargée des Anciens combattants et de la mémoire

« Il y a 81 ans, au numéro 48 de la rue du Four, la France, meurtrie et trahie, avait rendez-vous avec la République, qu’il lui tardait de retrouver. Il y a 81 ans, au numéro 48 de la rue du Four, la Résistance rassemblait le désordre de courage qui la constituait pour le transformer en une force ardente, résolue et inflexible. La force d’un refus, qu’avait déjà exprimé le général de Gaulle en 1940, et qui n’avait depuis cessé de croître.

La Résistance est née au cœur du plus atroce effondrement de notre histoire, à l’heure où les chaudes nuits d’été se font assassines ; à l’heure du vol feutré des parachutes alliés faisant pleuvoir armes ou combattants et dont la vue soulageait tout un maquis ; à l’heure des rafles dans les matins blêmes ; à l’heure des caves et des cellules, où résonnent les cris des innocents qu’on y torture. A l’heure des greniers que l’on ouvre, pour y cacher Juifs ou résistants.

Comme il fallait croire en l’honneur, en la France et en ses alliés pour rejoindre l’armée des ombres ! Qu’y avait-il de commun entre toutes ces femmes et ces hommes ordinaires qui se sont grandis dans les évènements ? Ni classe sociale, ni religion, encore moins de parti politique. Mais l’espérance et l’amour de la République, qui gouvernaient ces vies clandestines. Chez ces soldats de nécessité, dans le sublime de leur lutte et le tragique de leur mort, notre pays a su trouver quelque chose en lui après la désolation.

Hommes et femmes, les résistants se sont engagés dans cette aventure hasardeuse sans calculs, sans garanties, et avec cette modestie qui les caractérisait. Ils étaient ces milliers qui, en arpentant des chemins différents, en sillonnant nos régions et nos cantons, traçaient les traits de cette France qui relevait doucement la tête.

La Résistance prît de nombreuses formes et de nombreux visages.

Ce sont celles et ceux qui gagnèrent le maquis, car ils préféraient la rudesse honnête de la vie sauvage à la compromission honteuse dont ils étaient les témoins révoltés.

Ce sont celles et ceux qui firent sauter des ponts pour retarder une division allemande, ou pour faire dérailler une livraison d’armes.

Ce sont ces imprimeries clandestines qui n’étaient pas enchainées et tenaient un discours de vérité, annonçant ainsi le retour d’une presse libre, composante essentielle à une démocratie pérenne.

Ce sont ces étrangers, combattants comme Missak Manouchian et son groupe, que la Nation reconnaissante a fait entrer au Panthéon, ou protecteurs comme Sabine Zlatin, l’infirmière juive d’origine polonaise, la Dame d’Izieu bouleversée par la rafle des enfants qu’elle cachait. Ces étrangers, Français par le choix et le sang versé, qui n’ont pas trahi.

Ce sont celles et ceux qui partirent pour l’Angleterre, l’Algérie ou le Maroc pour rejoindre les Forces Françaises Libres et préparer le retour au pays natal, dont ils avaient l’exil en horreur.

Ce sont toutes celles et ceux qui, capturés chez eux ou au maquis, dans les matins trompeurs ou les nuits douloureuses, ont crié « vive la France », comme Marc Bloch avant de tomber, ou bien, comme Jean Moulin, qui se sont élevés dans le silence gardé.

Enfin, ce sont les femmes et les hommes qui, il y a 80 ans, dans le secret des plans et la hâte du lendemain, ont préparé les Débarquements. Sans leurs actions décisives, s’ils n’avaient pu informer comme ils l’ont fait, si les routes n’avaient pas été coupées, les ponts effondrés et les convois attaqués, les Débarquements n’auraient sans doute pas eu le même succès, et les pertes auraient été plus importantes.

Chez eux, la lucidité n’avait pas conduit au découragement. Ils étaient les meilleurs fils et filles du vieux pays écroulé et, comme le disait l’un d’entre eux, poète de Provence aux mains rocailleuses et à l’esprit si grand, «les degrés solitaires d’une gloire collective».

La Résistance aux insomnies nécessaires, la Résistance aux martyrs innombrables n’était pas seulement le mouvement d’hommes et de femmes qui avaient dit non. Elle était aussi celui de bâtisseurs qui avaient en partage l’unité des buts et des sentiments.

Comme le disait Pierre Brossolette, «les morts de la Résistance ne nous demandent pas de les plaindre, mais de les continuer. Ils n’attendent pas de nous un regret, mais un serment ; pas un sanglot, mais un élan».

Cet élan, c’est celui de la Libération et de ce qui lui succèdera, car c’est aussi cela, la Résistance : une refondation radicale.

Refondation sociale, avec déjà l’idée de la sécurité sociale, du droit au travail, du besoin d’une élite non de naissance mais de mérite.

Refondation économique qui, dépassant la reconstruction, a donné à notre pays les moyens de son indépendance et de sa prospérité.

Refondation politique et morale avec le programme du Conseil National de la Résistance, bien sûr, mais il y a aussi et surtout les hommes et les femmes, anciens résistants, qui ont permis de le réaliser. Il y a celles et ceux qui, élus locaux, parlementaires ou ministres, se sont engagés en politiques pour réaliser ce à quoi ils avaient rêvé pendant l’occupation.

Aujourd’hui encore, plus de 80 ans après, nous pouvons donner du sens à l’héritage de la Résistance, qui est aussi une leçon. Celle de ne jamais perdre espoir, pour soi comme pour les autres, parce qu’un sursaut est toujours possible. Celle de ne jamais transiger sur l’honneur, la République et ses valeurs, car ce sont des guides qui ne s’égarent pas.

A jamais, la flamme de la Résistance éclairera la République et le chemin de toutes celles et ceux qui la partagent.

Vive la République !

Vive la France ! »