A l’occasion du 80ème anniversaire de La Libération de Lourdes, ce samedi 24 août, le Maire Thierry Lavit, les élus municipaux, les Présidents des associations patriotiques et leurs Porte-drapeaux, des Lourdais se sont rendus sur les tombes des Résistantes et Résistants Lourdais lors d’un circuit mémoriel d’hommage.
A 10h30, ils étaient au cimetière de l’Egalité, pour se recueillir devant les sépultures de Radegonde Callet et d’Alice Carrazé, deux Résistantes (dont les portraits sont désormais accrochés dans la salle du Conseil municipal).
Les Porte-drapeaux se sont positionnés autour de leur tombe tandis que le Maire et le Délégué aux Anciens combattants rendaient compte de leur parcours de vie au moment de la Résistance (lire ceux-ci au bas de l’article sous le diaporama-photos), suivi du dépôt d’une gerbe par le Maire, le 1er Adjoint Philippe Ernandez et le Délégué aux Anciens combattants Jean-Georges Crabarie, de la sonnerie aux Morts et de la Marseillaise reprise avec ferveur par l’assistance.
A 11h30, ils étaient au Cimetière de Langelle, comme tous les ans, sur la tombe d’Honoré Auzon, Résistant lourdais qui avait reçu la reddition des Allemands. A noter la présence de sa famille en la personne de son neveu. C’est la Présidente locale du Souvenir Français Madeleine Navarro qui a rendu compte de son parcours de résistant (lire celui-ci sous le diaporama-phoros), suivi d’un dépôt de gerbe par le Maire, la Présidente du Souvenr Français et la Vice-présidente Claudie Tourreille, de la sonnerie aux Morts et de l’Hymne national.
A 11h45, ils se sont rendus devant la plaque des Martyrs de la Déportation. C’est la Secrétaire générale de l’association des Déportés Internés Résistants Patriotes Carmen Fontaine qui a lu un commentaire (lire celui-ci sous le diaporama-photos) rendant hommage aux 10 Déportés lourdais et aux autres déportés Haut-pyrénéens parmi lesquels un ancien Député, Sénateur et Ministre, suivi d’un dépôt de gerbe par le Maire, le 1er Adjoint, le Délégué aux Anciens combattants et la Secrétaire générale, de la sonnerie aux Morts et de la Marseillaise.
Pour finir à 14h, ils sont allés devant la plaque commémorative posée sur les murs de l’Hôtel Beau Séjour (en face la Gare anciennement Hôtel Terminus) lieu où le capitaine lourdais Honoré Auzon reçut la reddition des Allemands. L’ hommage à commencé avec la diffusion du Chant des Marais ou chant des déportés, suivie d’une lecture de texte patriotique de Guy de Cassagnac, intitulé «Aux morts des deux guerres» par Fabienne Méric, de l’allocution du Maire (lire le texte sous le diaporama-photos), d’un dépôt de gerbe, de la sonnerie aux Morts», du chant de la Marseillaise par les «Chanteurs Montagnards» et l’assistance, suivis d’un défilé d’anciennes voitures de l’époque avec l’association des Vieux Volants Pyrénéens et les Amis des sapeurs-pompiers de Tarbes jusqu’au monument aux Morts où s’est déroulée la Cérémonie officielle.
Un circuit mémoriel très instructif pour le devoir de mémoire et la reconnaissance.
Hommage à Radegonde Callet au cimetière de l’Égalité
Jean-Georges Crabarie a rendu hommage à Mme Callet : « Madame Radegonde Callet, vous êtes née à Lourdes le 11 novembre 1915. Domiciliée au 18 de la rue basse, votre famille possédait une pension de famille à la rue du Bourg. Vous avez fait très tôt le choix de l’engagement au sein du réseau Wisigoth-Lorraine, base Espagne, entre 1940 et 1943. Votre hôtel sert d’étape, d’hébergement et de repère pour les aviateurs anglais et américains qui souhaitent traverser la frontière espagnole. Votre rôle est crucial pour la Résistance, et vous intégrez les Forces Françaises Combattantes en mai 1943. Quelques mois plus tard, vous êtes arrêtée par la Gestapo à Toulouse avec votre mère, internée à la prison St Michel de Toulouse où vous serez torturée par les allemands, avant d’être libérée 2 mois plus tard le 24 décembre 1943. Vous reprendrez vos activités de résistance jusqu’à la Libération en qualité d’agent P1 matricule n°7L.
Votre frère, Paul Callet, était également Résistant, il participa au combat pour la Libération. Il ne pût savourer la Libération de Lourdes puisqu’il fût fusillé le 17 août 1944 à Gaillac par les Allemands. Son portrait est également affiché à l’hôtel de ville, tout comme le vôtre maintenant. Vous avez également eu un rôle important après la Guerre au sein des Associations d’Anciens Combattants où vous vous êtes pleinement investie. Vous avez été la Vice-Présidente du Souvenir Français de 1999 jusqu’à 2012, année de votre décès. Discrète et modeste, vous n’avez jamais souhaité affiché votre engagement, ni même vos distinctions en lien avec la Résistance. Votre engagement a pourtant été salué par une lettre de remerciement et de félicitation du Général américain Eisenhower, commandant des forces alliés entre 1943 et 1945, puis Président des Etats-Unis de 1953 à 1961.
Tous les documents et les médailles relatives à vos actions de Résistance sont auprès de vous conformément à vos dernières volontés. Ne possédant aucune descendance, la section locale du Souvenir Français entretient et fleurit votre tombe.
Madame Radegonde Callet, pour tous les faits qui ont précédemment été cités, la Ville de Lourdes vous remercie pour votre engagement au service de la Liberté. »
Hommage à Alice Carrazé au cimetière de l’Égalité
Thierry Lavit a rendu hommage à Mme Carrazé : « Madame Alice Carrazé vous êtes née le 15 mars 1893 à Lourdes. Résidant au quartier de Lannedarré, vous possédiez un commerce d’objets de piété. Vous avez fait très tôt le choix de l’engagement au sein du réseau Claverie fondé par son chef Gérard de Clarens en 1942.
Votre nom de code dans la Résistance, au sein du Réseau Andalousie que vous supervisiez était » Lys « , » Carraz » ou » RAB 647 « . En charge du réseau de liaison, vous acheminiez clandestinement des courriers de boîte aux lettres en boîte aux lettres au côté d’autres femmes. Ces informations transmises à Londres via Madrid, avaient pour objectif de renseigner les Alliés sur le positionnement des troupes d’occupation les agents de Vichy mais aussi d’alerter des trahisons, d’établir des contacts avec d’autres réseaux de la Résistance.
L’enjeu de la transmission d’information en temps de guerre est capital. Au cours de cette période votre rôle est primordial et la survie du réseau dépend de vous. Vous consacrez tout votre temps, votre énergie mais également votre patrimoine à l’activité du réseau : votre maison est le poste de commandement du réseau et vous y hébergez des candidats au passage vers l’Espagne, votre magasin est également une plateforme d’information et votre maison de famille à Luz sert à héberger les aviateurs et autres alliés en cours d’expatriation vers l’Espagne. Gérard de Clarens dira dans ses archives personnelles que votre dévouement et votre désintéressement ont fait de vous » son meilleur agent du réseau Claverie « .
En 1943 la police de Vichy vous arrête, puis après une dénonciation à la Gestapo en juillet 1944 vous voilà prisonnière des Allemands.
Vos frères d’armes essayeront de vous libérer pendant votre votre transfert à Tarbes ils échoueront et vous serez effroyablement torturée par Peters Blindauer de la Gestapo, tortionnaire et criminel de guerre qui sera exécuté à la Libération.
Vous garderez le silence durant le supplice de la baignoire. Condamnée à mort, vous êtes transférée à la prison St Michel de Toulouse. En chemin, le fourgon aura un accident à Muret et vous serez grièvement blessée, ce qui vous sauvera la vie puisque vous serez admise à l’infirmerie de la prison évitant le peloton d’exécution. Les FFI viendront vous délivrer le 19 août 1944.
Par décret du 6 septembre 1945, on vous attribuera la médaille de la Résistance.
Dans votre dossier pour la médaille il est stipulé que vous avez été « un agent de la plus grande valeur « , qui « a été à l’origine de presque tous les groupements de Résistance de la Région de Lourdes et Tarbes » que vous avez également « organisé et réalisé de très nombreuses filières pour le passage de la ligne de démarcation et de la frontière franco-espagnole ». L’ensemble de vos actions est qualifié de « magnifique » dans ce mémoire qui en conclusion vous cite comme « un exemple de bravoure pour tous ceux qui vous ont approchée ».
Madame Alice Carrazé, pour tous les faits qui ont précédemment été cités, la Ville de Lourdes vous remercie pour votre engagement au service de la Liberté. »
Hommage à Honoré Auzon au cimetière de Langelle
Madeleine Navarro, Présidente du Comité de Lourdes du Souvenir français a pris la parole : « École Honoré Auzon, rue Honoré Auzon, voici un nom que l’on entend régulièrement mais peu de personnes savent vraiment qui était le Capitaine Honoré Auzon.
Honoré Auzon, né en 1899 et mort en 1980 était un maître d’école pas comme les autres, avec un destin hors du commun.
Fils d’aubergiste, il est né à Arcizac-ez-Angles.
Bon élève, Honoré Auzon est dirigé par son instituteur vers l’école normale d’Auch. Le diplôme obtenu, Honoré Auzon participe à la 1ère Guerre dans un régiment d’élite. « Quand je suis arrivé au front, j’ai compris que j’étais un mort en sursis. J’ai savouré toutes les années vécues depuis, pour moi c’est du rab ». Sa section était composée de paysans et de petits malfrats. Tandis que ces derniers étaient tétanisés au premier bombardement, les paysans solides et discrets, faisaient preuve d’un courage tranquille sous le feu. « Ce sont les paysans, rustiques et obstinés qui ont gagné la guerre, disait-il. Beaucoup d’officiers de carrière ayant été tués dès les premiers jours, l’encadrement était composé d’instituteurs, de curés et de petits commerçants. Plus proches des hommes, ils ont pu en obtenir davantage. » Après la guerre, il obtient son premier poste à Sia, hameau de la vallée de Luz, puis il est nommé à Lourdes rue de Langelle où il finira par devenir directeur de l’école de garçons.
Honoré Auzon est mobilisé en 1939 comme capitaine au 7ème Bataillon des chasseurs pyrénéens au secteur fortifié des Alpes-Maritimes. Il est ensuite chargé de l’Armée secrète de Lourdes après l’arrestation de Célestin Romain. Son surnom dans la Résistance était « Léon ».
C’est avec le grade de Capitaine qu’il recevra la reddition du colonel Kulitzscher et de 300 Allemands des postes de montagne. Il participera à la poursuite des colonnes ennemies jusqu’en Charente. Alors que beaucoup de résistants sont promus, Honoré Auzon a souhaité garder son grade de Capitaine. Après la guerre, il sera élu à Lourdes au Conseil municipal. Son caractère et sa moralité en firent un personnage important du Lourdes d’après-guerre.
Les élus de la Ville de Lourdes, les membres de sa famille, le Souvenir Français (dont il fut Vice-président) viennent depuis se recueillir sur sa tombe lors de chaque anniversaire de la Libération de Lourdes avant la cérémonie officielle.
Aujourd’hui, 80 ans après vos engagements patriotiques, Capitaine Auzon, nous sommes encore là pour le devoir de mémoire et pour vous rendre hommage pour ce que vous avez fait pour libérer Lourdes, les Hautes-Pyrénées et la France du joug de l’ennemi nazi.
Merci.“
Hommage aux Déportés
Pour clore cette matinée, l’assemblée s’est dirigée vers la plaque des Déportés, rue des Martyrs de la Déportation.
Carmen Fontaine, représentant l’Association des Déportés, Internés, Résistants et Patriotes a énoncé un discours : « Nous sommes rassemblés pour rendre hommage aux combattants de l’ombre et aux innocents qui sont partis dans les camps, pour la plupart arrêtés dans cette rue. Cette plaque en l’honneur des Déportés des Hautes-Pyrénées, inaugurée en 2015, honore la dizaine de Lourdais déportés dont très peu sont revenus... »
Allocution de Thierry Lavit devant la plaque commémorative de la reddition des Allemands : « Il y a 80 ans, le 19 août 1944, les Allemands acceptent de capituler. Cette reddition fût une des premières qui intervint dans la région Sud Ouest influençant l’accélération de la Libération des autres villes. Le procès verbal de la reddition de la garnison de Lourdes a été signé à l’hôtel Beauséjour poste de commandement des Douanes allemandes à Lourdes entre le Lieutenant Colonel Martial de la Direction générale des Services Spéciaux de l’État Major, le Commandant Kulitzscher, le Capitaine Honoré Auzon dit Léon (chef du Secteur FFi de Lourdes) et le sous-préfet Saint-Pierre de l’arrondissement d’Argelès Gazost. 9 officiers et 340 soldats allemands ont été fait prisonniers et leurs armements ont été saisis. C’est donc sans un coup de feu sans qu’aucun homme ne soit ni blessé ni tué que l’occupation allemande a cessé et que les habitants de Lourdes et de l’arrondissement d’Argelès-Gazost ont retrouvé leur liberté. Ce n’est que lendemain, le 20 août 1944 que le Département des Hautes-Pyrénées est libéré.
L’immense soulagement et la joie de la population locale suite à la Libération n’occultent pas les longs mois d’occupation, de privation d’humiliation qu’on subit les populations civiles et militaires. N’oublions pas que 150 actions de guérilla ont été menées entre juillet 1942 et août 1944, 205 résistants ont payé le prix fort et ont perdu la vie alors que plus de 520 résistants ont été internés et déportés pour actes de résistances opinions politiques ou religieuses et orientations, sexuelles.
N’oublions pas également que les représailles allemandes sur les populations civiles auront fait dans le département 78 morts et 50 blessés dans les 3 derniers mois précédant la Libération. Aujourd’hui, nous nous souvenons.
Aujourd’hui, nous commémorons.
Aujourd’hui, nous formulons le vœux de Paix dans notre pays.«