Dans le cadre des Conférences Appel d’air du Château-fort / Musée pyrénéen, a été donnée une Conférence intitulée « Autochromes en Bigorre, 1921 » par Christian CASASSUS, le Jeudi 17 octobre à 18h au Palais des congrès, en présence de la Maire-adjointe à la Culture Sylvie MAZUREK et de la Responsable du service des publics du Château-fort Marie-Pierre BARRERE.
Christian CASASSUS a présenté les autochromes (photographies en couleurs sur plaques de verre, procédé breveté en 1903 par les frères Auguste et Louis Lumière et mis au point par Gabriel Doublier au sein de leurs ateliers, premières photographies couleurs fabriquée de façon industrielle) et les films en noir et blanc réalisés en 1921 par les opérateurs du philanthrope Albert Kahn (1860-1940), dont l’objectif était de constituer « Les Archives de la Planète ».
Il envoie des opérateurs équipés des dernières innovations photographiques et cinématographiques des frères Lumière afin de saisir le monde en pleine évolution, sur quatre continents, sans oublier la France, les Pyrénées dont la Bigorre.
Au sortir de la Première Guerre mondiale, l’opérateur photographique Fernand Cuville, envoyé par Albert Kahn, va sillonner les Hautes Pyrénées et prendre plus de 340 autochromes prises de vues qui donnent à voir une multiplicité de paysages, de villages, de portraits des habitants des vallées bigourdanes en 1921. Le public de la Conférence reconnaît entre autres facilement le Cirque de Gavarnie.
D’autres autochromes ainsi que quelques petits films de cette époque retracent en partie par exemple des scènes sur les activités au Sanctuaire de Lourdes. Ainsi Mgr François-Xavier SCHOEPFER (évêque du Diocèse Tarbes Lourdes à l’époque) pose assis dans un fauteuil très intrigué face à ces appareils qui peuvent enregistrer les images qui défilent dans cette curieuse boîte à soufflets.
Le public est ravi et émerveillée et se délecte des propos du conférencier.
C’est ensuite la vie d’Albert Kahn qui va être abordée. Il est né en 1860 à Marmoutier, dans le Bas-Rhin. Il quitte avec sa famille l’Alsace occupée. Arrivé à Paris à l’âge de 16 ans, il travaille quelque temps chez un tailleur-confectionneur de la rue Faubourg-Montmartre, avant d’entrer comme employé à la banque des frères Edmond et Charles Goudchaux et où, tout en travaillant, prépare son Baccalauréat. Travailleur acharné, en 1884, il est reçu au Baccalauréat es-lettres et puis la même année obtient une Licence en droit. Ayant la confiance de ses employeurs, il entreprend un voyage en Afrique du Sud où viennent d’être découvertes des mines de diamants.
Il introduit sur le marché ces valeurs minières qui connaîtront une hausse extrêmement rapide. C’est le début de sa fortune. Il devient principal associé de la banque et plus tard il en est l’unique propriétaire.
C’est à Boulogne qu’il va consacrer toute sa volonté et sa fortune pour réaliser son idéal de réconciliation universelle par une connaissance des peuples. Il fait se rassembler à Boulogne dans sa propriété ceux qui détiennent entre leurs mains la destinée des nations. Dans ses magnifiques jardins aménagés se sont croisés, entre 1910 et 1930, le monde la politique celui des affaires et celui de l’université. Pour diriger les nations, ces personnalités, estime Albert Kahn, doivent être informées des réalités.
Il fait créer successivement différents Jardins qui encore aujourd’hui existent après quelques modifications. Dès 1909, un éclairage est disposé dans les arbres pour que les invités parcourent les jardins même en soirée dont chaque partie s’éclairait au fur et à mesure, puis retombait dans l’obscurité au rythme de leur progression. Huit jardins sont construits : Jardin Anglais, Jardin Japonais, Jardin Fruitier et Roseraie, Jardin Français, Forêt Vosgienne, Forêt Dorée, Forêt Bleue et Jardin d’Enfants.
Il crée le Comité National d’Etudes Sociales et Politiques qui a pour objectif écoles l’étude positive des questions d’ordre social et politique, social et religieux. Il crée aussi en 1898 en France, en Angleterre, en Allemagne, au Japon et en URSS des «Bourses» pour permettre à de jeunes agrégés d’entrer en communion avec les différents peuples. Les premiers Centres de Documentation voient le jour dans les grandes villes.
C’est encore Albert Kahn qui invente le «Secours National» destiné à soulager les souffrances causées par la guerre.
En 1910, commence la constitution « des Archives de la Planète » que dirige le géographe Jean Brunhes. Des milliers d’autochromes et de films sont l’œuvre de ces photographes qui parcourent de nombreux pays du monde. Partisan convaincu de la Société des nations, Albert Kahn s’est battu toute sa vie, pour l’avènement d’un monde paisible, fait tout entier de compréhension et de paix que l’on peut ressentir dans les multiples allées de ses jardins de Boulogne.
En 1929, suite à la crise économique, il est ruiné. Ses biens sont saisis et sa propriété est vendue aux enchères. Il s’éteint en novembre 1940. En 1968, lors de la création des nouveaux départements autour de Paris, le Jardin devient propriété du département des Hauts-de-Seine.
Une Conférence qui a baladé avec émotion le public dans la Bigorre éternelle grâce aux collections d’Albert Kahn.
René KAHN