Jeanne, à l’accueil ; Stéphanie à la réception des plaintes ; et au bureau au-dessus, les enquêtrices… Le préfet des Hautes-Pyrénées, Jean Salomon, a rencontré les interlocutrices des femmes victimes de violences, lors d’une visite au commissariat de Tarbes, ce mercredi après-midi.
Une parole parfois difficile à réceptionner, tant ces dernières se sentent parfois coupables, ou tentent de dédouaner leur conjoint… Sans oublier la famille qui parfois s’en mêle et ne souhaite pas de suite judiciaire.
A l’encontre de certains témoignages de femmes dont la parole a été difficilement entendue, ces trois femmes policières ont expliqué leur démarche vis-à-vis de celles qui osent franchir la porte du commissariat.
Mettre à l’aise, s’assoir tout simplement à hauteur de la victime, proposer des crayons ou des feutres à son enfant ou la laisser allaiter… Face à un processus de sortie d’un parcours de violence difficile, ces femmes essaient avant tout de réceptionner la parole, sans jugement mais aussi en décortiquant ce parcours de violence.
Une assistante sociale de France Victimes dispose de son bureau dans les locaux, pour prévoir l’accompagnement futur. Il faut tout penser : éloigner l’auteur et sa victime, mais parfois aussi prévoir des courses face à un départ précipité et surtout convaincre de porter plainte. Une hantise : celle de la main courante…
Face aux besoins, cette dernière, recrutée en 2021, travaille désormais à temps plein depuis avril. Une nécessité : les plaintes pour violences conjugales ont été multipliées par cinq en dix ans.
Mais Vincent Gorre, directeur départemental de la police nationale, prévient : « On peut désormais diligenter une procédure, même sans plainte. »
Une procédure où la mise en confiance et la sécurisation sont indispensables et qui pourra aboutir au tribunal. « On se sent utile, dit l’enquêtrice. On auditionne le mis en cause, et le voir au tribunal, que justice soit faite, nous anime. »
Cette dernière note d‘ailleurs l’amélioration de la prise en charge des victimes : « On se sent appuyé », dit-elle à propos de la salariée de France Victimes qui intervient aussi pour proposer une écoute et un accompagnement cruciaux.
L’intervenante sociale en commissariat assure une permanence à Tarbes et Lourdes. A Tarbes, les lundis, mercredis et vendredis de 9 heures à 12 heures et de 13 heures à 17 heures, ainsi que les mardis de 9 heures à 12 heures. A Lourdes, elle est présente les jeudis de 9 heures à 12 heures et de 13 heures à 17 heures.
Gaetane ROHR Journaliste