9 femmes qui ont subi des violences conjugales sont montées sur scène grâce à la Compagnie lourdaise Rouge/Esope

La semaine du 17 mars, la Compagnie Rouge/Ésope (compagnie de théâtre musical basée à Lourdes) et le CIDFF de Tarbes (centre d’information sur les droits des femmes et des familles) se sont associés pour permettre à 9 femmes de monter sur scène pour la première fois.

Laure Rossi, metteuse en scène et comédienne de la compagnie, les a initiées au théâtre et a créé avec elles le projet DEBOUT, une petite représentation – de 45 minutes tout de même – devant un public de proches et l’équipe du CIDFF. Ce travail a été mené au petit Théâtre Maurice Sarrazin à Tarbes durant cinq matinées. 

Parce qu’il est nécessaire de le dire sans détours : ces neuf femmes ont subi des violences conjugales, c’est pourquoi elles ont été en lien avec le CIDFF à un moment de leur vie ou le sont encore. DEBOUT traite de ce sujet. On part de la destruction de ces femmes, en montrant ses mécanismes, puis cela va pour aller vers la reconstruction par l’entraide -précieuse sororité- jusqu’à l’éclosion, la revanche et la joie. Ces neuf femmes ont joué des extraits de Scènes de violences conjugales de Gerard Watkins. Puis elles ont dit des poèmes du recueil Rouge Pute de Perrine le Querrec, autrice qui fut elle-même victime de violences et qui raconte sa reconstruction. Enfin, il y a eu de nombreuses scènes corporelles, dansées et chantées, construites ensemble suite à des improvisations. 

Le premier jour, la fuite était dans les yeux de certaines. Mais au matin du deuxième jour, toutes étaient là, et toutes sont restées. Les larmes sont montées plusieurs fois. Mais le théâtre, le poème, la fiction et le travail ont posé un cadre protecteur pour toutes. Elles ont pris plaisir à raconter des histoires sur scène et certaines envisagent même de poursuivre le théâtre. Elles ont parlé des bienfaits de cette semaine théâtrale sur le plan personnel : la reprise de confiance en soi et en les autres, la joie qui revient délicieusement dans le corps, l’ouverture aux autres. « J’avais la joie dessus hier après le théâtre, je faisais danser ma fille dans la rue ! Depuis combien de temps ça ne m’était pas arrivé ! ». Les corps se sont ancrés : « Je ne suis plus dissociée, mon corps est là ». Les liens se sont faits entre elles, si différentes pourtant. Elles étaient debout, ensemble. 

Jouer quarante-cinq minutes en quatre fois quatre trois heures de travail quand on n’a jamais mis les pieds sur scène, relève de l’exploit. Malgré une certaine angoisse, les sourires et les larmes sont là à la sortie de la représentation. Si cela a pu les « changer pour toujours » comme le disent certaines, c’est merveilleux. Et si ce n’était qu’une parenthèse magique d’une semaine, c’est déjà magnifique. La compagnie se tient prête à renouveler ce genre d’aventures à chaque instant : si le théâtre peut ainsi servir, Rouge/Ésope sera là pour le transmettre.