Ce dimanche 21 septembre, à l’occasion des Journées européennes du Patrimoine, le public a pu profiter d’une visite guidée de l’église d’Artigues de 14h à 16h puis d’une visite guidée de l’église de Sère-Lanso de 16h30 à 18h30.
Plus de 60 personnes (parmi lesquelles les adhérents de l’association « Les Amis de Saint-Pé »), ont suivi avec beaucoup d’intérêt la visite des ces 2 églises malgré un temps pluvieux.
Ces visites ont été assurées par Thibaut de Rouvray (historien de l’Art, chercheur associé à l’Inventaire général Région Occitanie, Département des Hautes-Pyrénées) avec la participation de Madame Cécile Cabanac, restauratrice et de Madame Pascale Wittendal, artisan peintre.
L’assistance a profité également des beaux chants donnés par la Chorale de la vallée et par les morceaux choisis de musique baroque interprétés par le chantre Frédéric Dupuy.
Thibaut de Rouvray s’est attaché à faire comprendre et apprécier l’art baroque qui se développa à l’époque de la Contre-Réforme catholique, en réaction à la Réforme protestante. Initié en Italie vers 1580-1600 il se répandit dans toute l’Europe et ses territoires lointains avec des adaptations locales. C’est un art total : architecture, peinture, sculpture, orfèvrerie, broderie et chant. Dans les Pyrénées, il permit à des lignées d’artisans de devenir des artistes.
En Bigorre, le Baroque connaît son apogée entre 1660 et 1760. Construire un retable est alors une aventure collective pour les communautés. Dans son expression, cet art fait la part belle au merveilleux, au théâtral, aux cultes populaires, aux symboles et aux jeux de regards.
En s’appuyant sur les retables d’Artigues et de Sère, Thibaut de Rouvray a proposé quelques clés de lecture supplémentaires pour mieux comprendre un style dans sa dernière période de création. Il a demandé d’observer autrement en suivant les regards des personnages : un diacre Vincent qui semble parti pour rejoindre les cieux avec un regard levé, la Vierge à l’enfant pleine de tristesse et d’acceptation comme si elle connaissait le destin de son enfant et un archange saint Michel concentré sur sa mission d’écraser le mal.
Puis Madame Cabanac a expliqué la restauration des sièges des célébrants, de la porte des fonds baptismaux : d’abord la pose du diagnostic, puis l’utilisation de produits respectueux. Elle a fait aussi une démonstration de dorure à la feuille d’or en expliquant toutes les étapes indispensables communes par ailleurs à la mise en peinture des boiseries. Elle a illustré les règles de déontologie à respecter en matière de restauration du patrimoine.
Enfin, Madame Wittendal a narré les réflexions et les émotions qui lui permirent les mises en peinture. Le maître autel l’a inspirée pour décorer l’autel post conciliaire : ponçage pour faire apparaitre les décorations des chapiteaux, reprises des effets marbrés des colonnes, de la table et du socle à l’identique du retable XVIIIème, inscrit au Monument historique. Elle a également remis en propreté la porte de l’église dégradée par des années de soleil… Enfin Monsieur Christian Cacha a implanté une armoire dans le même style que le mobilier présent pour habiller de chêne la sonnerie des cloches, les compteurs… et Monsieur Sébastien Lopez a vitrifié le parquet.
Ces artisans-artistes locaux ont fait preuve de beaucoup de compétence, de respect et de délicatesse.
Après une après-midi riche en émotions, les participants ont échangé avec tous les artisans. Ils ont partagé un goûter très savoureux offert par les deux communes.
C. A
