Lourdes : Clôture de l’Assemblée plénière de la Conférence des Evêques de France plombée par « les affaires »

Ce mardi 8 novembre a été clôturée l’Assemblée plénière de la Conférence des Evêques de France.

Suite à cette clôture une Conférence de presse a été donnée à 14h à l’Accueil Notre-Dame par le Président de la Conférence des évêques de France, Monseigneur Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims, Monseigneur Nicolas Brouwet, évêque de Nîmes, et Monseigneur Matthieu Rougé, évêque de Nanterre.

Elle a porté sur 3 sujets : les affaires d’abus sexuels dans l’église, la fin de vie et la restruturation de la Conférence des Evêques de France.

La question des abus sexuels ébranle une fois de plus la Conférence des évêques de France et Monseigneur Eric de Moulins-Beaufort a évidemment été assailli de questions sur les affaires Santier et Ricard.

« La justice de notre pays suit ces affaires comme il se doit. Nous, nous ne sommes pas des procureurs. Il y a une grande diversité des situations, des faits commis ou reprochés. La Conférence des évêques de France a fait des propositions concrètes afin d’améliorer la communication et la transparence dans des affaires de violences sexuelles.

C’est d’abord au Tribunal pénal canonique national d’entrer en action. Nous avons créé aussi un Conseil de suivi «Vos Estis Lux Mundi» qui sera présidé par une personnalité qualifiée et reconnue et composé de personnes aux compétences diverses nommées par le Conseil permanent.
Les archevêques métropolitains consulteront ce Conseil dès qu’ils seront saisis d’une plainte concernant un évêque. Ce Conseil les accompagnera dans le suivi de l’affaire, les conseillant sur la manière de comprendre les faits, de les faire connaître aux autorités judiciaires et au Saint-Siège, et sur les mesures conservatoires éventuellement nécessaires.
Ce Conseil aidera ensuite l’archevêque ou l’Ordinaire du lieu où réside l’évêque dans l’application des peines et leur communication partielle ou totale.
L’Assemblée plénière s’engage à ce que les décisions définitives soient toujours communiquées aux
personnes plaignantes.
L’Assemblée plénière reconnaît et comprend que le fait qu’un ministre ordonné condamné pour des
faits d’agression sexuelle continue de célébrer les sacrements soit un motif légitime d’incompréhension et de scandale, heurtant la foi des fidèles. Mais une fois sa peine judiciaire accomplie, elle demande que soit rigoureusement vérifiée la possibilité pour le ministre ordonné concerné d’exercer à nouveau un ministère et de célébrer les sacrements, et qu’il soit accepté par la communauté qui l’accueillera.
Nous sommes meurtris, bouleversés mais résolus. » (Lire en fin d’article Le Message des Evêques « Bouleversés et résolus »)

Monseigneur Matthieu Rougé, a rappelé que en qui concerne le débat sur la fin de vie, les évêques de France ont rappelé leur engagement en faveur des soins palliatifs et leur refus de l’« aide active à mourir ». L’« aide active à mourir » permettrait évidemment de supprimer toute souffrance, mais elle franchirait l’interdit que l’humanité trouve au fond de son être et que confirme la Révélation de Dieu sur la montagne : «Tu ne tueras pas». (Lire à la fin de l’article La Lettre pastorale adressée aux fidèles catholiques)

Discours de clôture de l’assemblée plénière des Evêques de France

Discours de Clôture

Communiqué de presse 

Message des évêques de France « Bouleversés et résolus »

Lettre pastorale des évêques de France aux fidèles catholiques

« Bouleversés et résolus », message des évêques de France du 8 novembre 2022

Chers frères et sœurs,

Réunis en Assemblée plénière à Lourdes, nous avons entendu la stupéfaction, la colère, la tristesse, le découragement suscités par ce que nous apprenons au sujet de Mgr Michel Santier, ancien évêque de Luçon puis de Créteil, et maintenant au sujet de Mgr Jean-Pierre Ricard, ancien archevêque de Montpellier puis de Bordeaux.

Nous sommes conscients que ces révélations affectent douloureusement les personnes victimes, en particulier celles qui avaient choisi de nous faire confiance. Nous constatons l’ébranlement de nombreux fidèles, de prêtres, de diacres, de personnes consacrées. Ces sentiments sont également les nôtres. Membres d’un même corps ecclésial, nous sommes nous aussi blessés, atteints en profondeur.

Dans le cas de Michel Santier, nous avons vivement conscience des responsabilités qui nous reviennent et nous avons travaillé pendant notre Assemblée à identifier les dysfonctionnements et les erreurs qui ont mené à une situation choquante pour tous.

Certains ont pu se demander si le droit de l’Eglise n’organisait pas une forme d’impunité ou de traitement particulier des évêques. Ils pensent, à juste titre, que la responsabilité épiscopale renforce chez ceux qui l’exercent le devoir de droiture et la légitime exigence des fidèles comme de l’institution ecclésiale. Nous le redisons avec force : il n’y a pas, et il ne peut pas y avoir, d’impunité des évêques.

En raison même de la nature de leur charge apostolique, les évêques dépendent directement du Saint-Siège. Les procédures qui les concernent sont plus complexes et prennent davantage de temps. Nous nous engageons à travailler avec le Saint-Siège aux clarifications et aux simplifications qui s’imposent. Nous avons décidé de mettre en place un Conseil de suivi qui nous permettra de ne pas affronter seuls et entre nous ces situations.

Certains s’interrogent : dans les circonstances présentes, quel crédit donner aux engagements pris il y a un an pour tirer les conséquences du rapport de la CIASE ? Nous pouvons en donner l’assurance : une transformation des pratiques est bel et bien en cours, avec l’aide de nombreux fidèles laïcs particulièrement qualifiés, dont des personnes victimes. Des décisions sont déjà prises et mises en œuvre. Diocèses et mouvements d’Eglise s’impliquent de manière plus construite dans la protection des mineurs. Les groupes de travail décidés il y a un an rendront leurs conclusions en mars 2023. Nous venons de faire un point d’étape avec eux au cours de cette Assemblée. Ce travail de fond commence à porter du fruit. Nous continuerons sur cette lancée.

Une autre question habitait nos cœurs au début de l’Assemblée plénière : y a-t-il, y aura-t-il d’autres affaires de ce genre ? La condition humaine étant ce qu’elle est, nul n’est à l’abri de fautes graves et dramatiques. Mais nous pouvons et nous voulons renforcer dans l’Eglise les processus qui les limitent au maximum et les traitent adéquatement quand elles surviennent.

Dans ce contexte, le communiqué du Cardinal Jean-Pierre Ricard nous a tous bouleversés. Son initiative de révéler lui-même un fait grave de son passé est importante. Nous avons mentionné l’ensemble des situations que nous connaissons. Elles concernent des évêques qui ne sont plus en fonction. Elles ont toutes fait l’objet d’un traitement judiciaire.

Frères et sœurs, humblement mais de tout cœur, nous continuons le travail entrepris pour que l’Eglise soit une maison plus sûre. Les personnes victimes demeurent plus que jamais au cœur de notre attention. Vos attentes et vos exigences sont légitimes et vraiment entendues. Nous les accueillons comme venant du Seigneur lui-même. C’est tous ensemble, nous en avons conscience, que nous pouvons contribuer à une fidélité renouvelée à l’Evangile. Telle est notre détermination résolue. Telle est notre humble prière.

A Lourdes, le 8 novembre 2022