La Fête des Voisins : un simple apéritif ou un révélateur de la vie d’une ville ?

Officiellement, c’était hier, vendredi 23 mai. Mais, en réalité, c’est tout le week-end que des rues, des cours d’immeubles, des jardins partagés prennent des airs de guinguette. Une table, quelques nappes, chacun apporte quelque chose. Et ce qui semblait anodin devient précieux : les voisins se parlent, rient, échangent, partagent.

La Fête des Voisins fête cette année ses 26 ans. D’abord baptisée Immeubles en fête à la fin des années 90, elle est aujourd’hui une marque déposée, protégée, encadrée. Pour qu’une commune puisse organiser officiellement la Fête des Voisins, elle doit s’enregistrer, verser une contribution, ce qui lui donne droit à un kit de communication : gobelets, ballons, t-shirts, nappes… et surtout, le droit d’utiliser ce nom devenu symbole.

Un simple moment festif ? Pas seulement. Un geste politique, au sens noble du terme : celui de faire société.

Dans les Hautes-Pyrénées, plusieurs communes l’ont bien compris. À Tarbes par exemple, les rendez-vous se sont enchaînés : ce vendredi à la Gespe, bientôt au chemin de l’Adoureau ou aux Jardins d’Occitanie. Et tout cela, parce qu’il y a derrière un coup de pouce de la collectivité, une impulsion.

On se souvient qu’à Lourdes aussi, cette fête avait trouvé sa place. Pendant plusieurs années, la ville avait choisi d’en être actrice : en finançant les kits, en soutenant les habitants, en allant à leur rencontre le soir venu. Les photos d’élus posant entre deux tréteaux et trois voisins témoignent encore de ces soirées à l’ambiance chaleureuse. Et puis… le temps a passé. Un virus est venu tout arrêter. C’était compréhensible.

Mais ce virus est reparti. Et la Fête des Voisins, elle, est revenue dans de nombreuses communes. Dans certaines villes, elle s’est même enrichie : ateliers partagés, fanfares de quartier, expositions improvisées.

À Lourdes, elle ne figure plus à l’agenda. Peut-être n’a-t-elle plus trouvé preneur. Peut-être s’est-elle perdue dans la complexité des choses à faire. Ou peut-être, tout simplement, n’a-t-on pas jugé cela prioritaire. Après tout, ce n’est “qu’un moment entre voisins”.

Et pourtant, ces moments sont souvent ceux qui donnent une âme à une ville. Là où il ne se passe rien, on ne se croise plus. Là où l’on ne se parle plus, naît parfois l’indifférence. Et là où l’on vit ensemble, on se retrouve autour d’un verre, même une fois par an.

La Fête des Voisins n’est ni un enjeu électoral, ni une urgence. Mais c’est peut-être un indicateur. De l’envie qu’a une ville de faire vibrer ses quartiers. De la volonté d’accompagner ce qui fait du bien. De la manière qu’ont ses élus de regarder au-delà de l’administratif pour penser à l’humain.

Peut-être est-ce cela, finalement, que cette fête révèle chaque année : non pas ce qui se fait, mais ce qui manque.

S.P