Le cardinal Roger Etchegaray est mort ce mercredi 4 septembre, âgé de 97 ans. L’Église de France se souvient qu’il fut archevêque de Marseille de 1970 à 1985 et président de la conférence des évêques de 1975 à 1981. Les plus anciens gardent la mémoire de son contact souriant, de ses éditoriaux pleins de fine sagesse, de son engagement pour l’unité de l’Église au moment où les relations de Mgr Lefebvre et de l’Église entière devenaient difficiles, de sa capacité à exprimer avec justesse et souplesse les richesses de la foi. Ensuite, comme président de « Cor unum » et de Justice et Paix, il avait pris une dimension nouvelle. Il travailla à la mise en œuvre de la diplomatie voulue par le pape saint Jean-Paul II, cherchant à entrer en dialogue avec tous les régimes mais toujours pour y faire entendre l’appel au respect des droits de l’homme, au premier chef desquels vient le droit à la liberté religieuse. La mort est venue sceller une vie bien remplie, menée à grands pas, avec liberté et joie, depuis l’appel initial à consacrer sa vie dans le sacerdoce jusqu’aux dernières années, pleines d’activités autant qu’il fut possible, de recueillement et de prière aussi. L’Église de France accompagne le cardinal Etchegaray, alors qu’il remet sa vie entre les mains de Dieu, le Juge de tous les hommes, se confiant en Jésus, « le médiateur d’une alliance nouvelle » (He 12, 24) et elle rend grâce pour ce qu’elle a reçu par sa fidélité et son service sans faille. En union avec la célébration de ses obsèques à Bayonne lundi 9 septembre, la messe sera célébrée le mardi 10 septembre à 8h30, dans la chapelle de la Maison des évêques, 58, avenue de Breteuil, à l’intention du cardinal Roger Etchegaray. Éric de Moulins-Beaufort Archevêque de Reims Président de la CEF |
Le Père Roger Etchegaray, comme on l’a appelé le plus souvent, laisse le souvenir d’un homme simple et chaleureux. Le béret basque sur la tête, un sourire bienveillant, encourageant, un accent bien trempé attiraient une immédiate sympathie. Il était un des meilleurs ambassadeurs du piment d’Espelette ! Jusqu’au bout il a aimé être visité. Il s’intéressait à la vie de chacun, des familles, de l’Église et du monde. Après ses premières années de ministère dans le diocèse de Bayonne, le Père Etchegaray devient secrétaire général de l’épiscopat, poste où il a servi avant de devenir lui-même en 1975 président de la conférence des évêques de France. Il excella dans ces responsabilités. Son amour de l’Église, son sens de la diplomatie lui ont permis d’accompagner les temps difficiles de la mise en œuvre du Concile Vatican 2 dont il avait été un des experts. Son esprit d’ouverture, son amour des hommes, son expérience pastorale lui donnent de trouver le juste ton pour entraîner le Conférence épiscopale à avancer sans peur et avec enthousiasme sur le chemin ouvert par le bon Pape Jean XXIII qui voulait que l’Église se fasse maîtresse à la manière d’une mère. Je ne puis passer sous silence son long ministère d’Archevêque de Marseille (1971-1984) où il a laissé un souvenir encore vivant aujourd’hui. Ses éditoriaux, son sens de la formule, sa facilité de contact y ont fait merveille. Lui-même reconnaîtra combien ce passage à Marseille aura marqué sa vie et son ministère. Créé Cardinal, il deviendra Président des conseils pontificaux « Justice et paix » et « Cor unum ». Là il prendra la mesure de l’état du monde. Il saura puiser dans le trésor de l’enseignement social de l’Église des lignes d’action pour que l’Église s’engage dans les défis de la société au service de la défense des droits de l’homme, de la personne humaine, des plus pauvres, de la recherche de la paix et du soutien de la construction d’un monde où justice et paix marcheraient d’un même pas. Le Pape Jean Paul II lui a confié des missions difficiles auprès des grands de ce monde. Il les a rencontrés avec courage, clarté, simplicité, ouverture. Il rappelait parfois ces moments uniques, comme sa visite au président Fidel Castro ou ses interventions au nom du Saint Siège pour encourager à renoncer à la guerre ici ou là. Cela a profondément enrichi son expérience sans jamais lui ôter son humanité faite d’humilité, de simplicité. Il fut passionné par le sort de la Chine où il avait été envoyé à plusieurs reprises. Ce « continent » faisait l’objet de ses recherches permanentes, de ses observations et de son espoir pour ce pays et pour l’Église. Il fut un homme des grands horizons. Il ne s’est jamais laissé enfermer dans les combats sans issus d’une Église centrée sur elle-même.Cela lui a donné la capacité de mettre sur pied la magnifique rencontre d’Assise, signe d’unité et de paix entre les croyants. Il aimait parler de Dieu, du Christ, de son mystère, de la vie du monde à venir. Ses missions au loin l’avaient fait respirer avec le poumon oriental de l’Église. L’oratoire de son appartement à Rome était tapissé d’icônes, souvent offertes par ceux qu’il visitait. Il y conduisait ses hôtes et proposait une prière pour l’Église, la paix, le Saint Père. Sa prière nourrissait sa réflexion, son intériorité, son être profond. Son amour de la Vierge Marie, vénérée à Lourdes, à Fatima, à Guadalupe et ailleurs encore, lui était naturel.Oui, vraiment le Père Roger Etchegaray, Cardinal de l’Église, aura laissé de son passage sur cette terre une marque de profonde humanité travaillée par sa foi et sa vie donnée pour l’Église et les Hommes. Il a aimé le Christ de toutes ses forces. Il a aimé les hommes, des plus petits aux plus grands. Il a aimé l’Église de toute son énergie.Que sa manière d’être homme, prêtre, évêque, cardinal inspire tous ceux qui l’ont connu de près ou de loin. Mgr Georges Pontier Administrateur apostolique du diocèse de Marseille Ancien président de la CEF |
Les funérailles auront lieu lundi 9 septembre 2019 à 10h30 en la cathédrale Sainte-Marie de Bayonne.