Lourdes : une Cérémonie du 8 Mai de belle facture !

Ce dimanche 8 Mai à 12h30, au square du Général De Gaulle, s’est déroulée la Cérémonie commémorative du 77ème anniversaire de la Victoire du 8 mai 1945 sous un beau soleil printanier, avec une assistance nombreuse et un déroulement de belle facture.

Elle était placée sous la présidence du Sous-préfet d’Argelès-Gazost Didier CARPONCIN, en présence de la Députée Jeanine DUBIE, des Conseillères départementales Evelyne LABORDE et Marie PLANE, du Conseiller départemental et Maire de Lourdes Thierry LAVIT, du Conseiller municipal délégué aux Anciens Combattants Jean-Georges CRABARIE, des Conseillers municipaux, des Présidents des Associations patriotiques et d’anciens combattants et de leurs Porte-drapeaux, d’un représentant de de la Gendarmerie, de la Police nationale et municipale, du Piquet d’honneur des Sapeurs Pompiers de Lourdes, d’un détachement du 35ème Régiment d’Artillerie de Tarbes sous le commandement du commandant Petitfils représentant le Délégué Militaire Départemental, des collégiens de Sarsan et de l’école de rugby.

La Cérémonie a commencé par la lecture d’un poème patriotique d’un jeune soldat mort au combat et d’un extrait du livre de Simone Veil par deux élèves du collège de Sarsan accompagnés par leur Professeur de Français Mme Valérie PENE, une lecture du Maire de Lourdes rendant hommage à une Résistante Claire GIRARD et la lecture du Message de Geneviève DARRIEUSSECQ, Secrétaire d’Etat auprès de la ministre des Armées, chargée de la mémoire et des anciens combattants, par le Sous-préfet. (Lire ces textes à la fin de l’article)

5 gerbes ont été déposées, dont une au nom du Cercle patriotique lourdais, par Madame Madeleine NAVARRO nouvelle Présidente du Comité local du Souvenir Français et Monsieur Jean-Pierre GARUET nouveau Président local de la Légion d’honneur.

Mme Madeleine NAVARRO (nouvelle Présidente du Comité local du Souvenir Français) et M. Jean-Pierre GARUET (nouveau Président du Comité local de La Légion d’honneur) déposent une Gerbe au nom du Cercle Patritotique Lourdais accompagné par un élève de l’école de rugby

Puis ont suivi le Chant des partisans, la Sonnerie aux morts, la Marseillaise interprété par l’Alliance musicale lourdaise, chantée par les Chanteurs Montagnards et pour deux couplets chantée a cappella par Mme Aleda SALCEDO et Laurent LAVAL, le salut aux Piquets d’honneur, aux Porte-drapeaux et aux Présidents des associationss patriotiques tandis que les Chanteurs Montagnards chantaient une belle et harmonieuse chanson patriotique « Le Chant de la Paix »***. Pour finir a eu lieu un lâcher de pigeons de l’Entente colombophile. A noter la présence de 2 membres du Souvenir Français habillés en uniforme de soldat de l’époque de la guerre de 39/45 en faction des deux côtés de la stèle du Général De Gaulle.

La cérémonie a été clôturée par un vin d’honneur au Palais des congrès.

La marseillaise chantée par Mme Aleda SALCEDO et le ténor Laurent LAVAL avec les Chanteurs Montagnards

Lâcher de pigeons par l’Entente colombophile

2 membres du Souvenir Français en uniforme de soldats de la Guerre 39/45

Neven Pujo élève de la classe de 4ème au lycée de Sarsan

Lecture par Neven Pujo élève de la classe de 4ème au collège de Sarsan d’un poème écrit par l’aspirant Zirnheld, officier des Forces Françaises Libres qui sera tué le 27 juillet 1942 en Lybie. Ce poème deviendra le serment d’engagement à servir jusqu’au sacrifice suprême des troupes aéroportées et des élèves officiers de l’Ecole Militaire Interarmes formés à l’Académie militaire de saint Cyr Coêtquidan. Il fait appel «aux forces de l’esprit» et (où) à la raison pour galvaniser le courage dans le don de la vie au service de la défense des valeurs de notre pays.

«Je m’adresse à vous, mon Dieu Car vous donnez

Que ce qu’on ne peut obtenir que de soi.

Donnez- moi, mon Dieu ce qui vous reste,

Donnez- moi ce qu’on ne vous demande jamais.

Je ne vous demande pas le repos Ni la tranquillité,

Ni celle de l’âme, ni celle du corps.

Je ne vous demande pas la richesse,

Ni le succès, ni même la santé.

Tout ça, mon Dieu, on vous le demande tellement, Que vous ne devez plus en avoir !

Donnez-moi, mon Dieu, ce qui vous reste, Donnez-moi, ce que l’on vous refuse.

Je veux l’insécurité et l’inquiétude Je veux la tourmente et la bagarre,

Et que vous me les donniez, mon Dieu, Définitivement.

Que je sois sûr de les avoir toujours Car je n’aurais pas toujours le courage De vous les demander.

Donnez-moi, mon Dieu, ce qui vous reste, Donnez-moi ce dont les autres ne veulent pas, Mais donnez-moi aussi le courage,

Et la force et la foi.

Car vous êtes seul à donner

Ce que l’on ne peut obtenir que de soi.»

Soyen De Souza élève de 4ème du Lycée de Sarsan

Lecture par Soyen De Souza élève de 4ème du Collège de Sarsan d’un texte de Simone Veil rapportant les conditions de vie dans le camp d’Auschwitz- Birkenau où elle a été déporté avec sa mère Yvonne et sa sœur Milou . L’extrait proposé évoque la libération des camps.

« Début Avril, nous avons senti que le dénouement était proche. D’un jour à l’autre, les bombardements se rapprochaient. Milou n’allait pas bien. Elle aussi avait contracté le typhus. Je la réconfortais du mieux que je pouvais : «Ecoute, il faut tenir le coup et ne pas se laisser aller, parce que nous allons être libérées très vite.» Lorsque je rentrais du travail, je lui répétais : «Tu verras, c’est pour demain. Tiens bon, tiens bon.» Et chaque nuit, alors qu’à cause des alertes l’éclairage était coupé et que je ne pouvais réintégrer notre baraque, la peur me saisissait : allais-je retrouver Milou en vie ? Cette idée qu’après ma mère ma sœur risquait de ne pas rentrer en France avec moi m’anéantissait. Je me forçais donc à tenir le coup, à rester vaillante malgré les quelques symptômes du typhus que je ressentais et que les médecins m’ont confirmé après la libération des camps. Je m’en suis assez vite remise.

Bergen-Belsen a été libéré le 15 avril. Les troupes anglaises ont pris possession du camp sans rencontrer la moindre résistance, malgré la présence résiduelle de SS. En fait, Allemands et Anglais avaient signé un accord deux ou trois jours plus tôt, tant la crainte du typhus terrorisait les Allemands. Pour moi, ce jour de libération compte cependant parmi les plus tristes de cette longue période. Je travaillais à la cuisine dans un bâtiment séparé, et dès que les Anglais sont arrivés, ils ont isolé le camp avec des barbelés infranchissables. Je n’ai donc pas pu rejoindre ma sœur. Le fait de ne pas pouvoir partager ma joie et mon soulagement avec elle a constitué une épreuve supplémentaire. Nous étions restées treize mois ensemble, sans jamais être séparées, une chance extraordinaire. Et le jour où le cauchemar prenait fin, nous nous trouvions éloignées l’une de l’autre. Il nous a fallu attendre le lendemain pour nous retrouver et nous étreindre.

Nous étions libérées, mais pas encore libres. Dès leur entrée dans le camp, les Anglais avaient été effarés par ce qu’ils découvraient : des masses de corps empilés les uns sur les autres, et que des squelettes vivants tiraient vers des fosses. Les risques d’épidémie amplifiaient encore cette apocalypse. Le camp a aussitôt été mis en quarantaine. La guerre n’était pas encore finie et les Alliés ne voulaient prendre aucun risque sanitaire.

Les Anglais, après avoir brûlé les baraquements pour enrayer le typhus, nous ont installées dans les casernes de SS, en plaçant des matelas supplémentaires au sol pour loger tout le monde. Les draps dans lesquels nous dormions avaient beau avoir servi aux Allemands, nous n’en avions cure. C’était un bel luxe à nos yeux ! En revanche, aussi incroyable que cela paraisse, la faim persistait car les Anglais avaient l’ordre de n’utiliser que les rations militaires, qui nous rendaient malades. Le général anglais responsable s’est d’ailleurs trouvé tellement désemparé qu’assez vite il a demandé à repartir se battre, plutôt que de s’occuper d’un camp où il ne disposait d’aucun moyen. Malgré l’interdiction de sortir, j’ai dû à plusieurs reprises enfreindre la consigne pour aller chercher du ravitaillement dans des les fermes alentour : en échange de cigarettes que les soldats récemment libérés de captivité nous apportaient.»

Une vie, Simone Veil, 2007

M. Thierry LAVIT, Maire de Lourdes lit un texte de Claire Girard, résistante, fusillée en 1944.

Celle dont le souvenir a présidé l’ensemble du projet «Mémoire et tolérance»

« Je me suis posé la question : pour qui est-ce que je vis, pour qui ces forces que je sens en moi ? A qui faut-il offrir tout cela, ma jeunesse, mon esprit, mon cœur, à qui ?

A mon pays. Rendre à mon pays sa grandeur et sa gloire. Et dans ce but précis, agir. (… )

Quelquefois je me réjouis d’avoir encore toute une vie devant moi pour faire quelque chose, d’avoir encore des printemps à guetter, des étés à laisser passer, des automnes à regarder. Mais d’autres fois, je me dis : « A quoi bon toute cette souffrance ? Pour le pays ? Pour la France ? Est-ce qu’elle en vaut la peine ? Son peuple peut être si lâche, c’en est décourageant.

Mourir pour ces gens-là, mourir pour qu’ils continuent à être lâches, et à remplir leurs poches. Ah ! non, quelle déception !

Pour me consoler, je lis des poésies, une anthologie merveilleuse que Maman m’a donnée ces jours-ci.

Pour ceux-là, pour les poètes, pour les savants, pour les artistes, oui pour ceux-là, il vaut la peine de mourir, et puis aussi pour une idée, pour la grandeur de la France. »

Extraits des Lettres de Claire Girard, éd. Roger Lescaret – Paris 1954

M. Didier CARPONCIN, Sous- Préfet de l’Arrondissement d’Argelès-Gazost

Lecture du message de Mme Geneviève DARRIEUSSECQ, ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, chargée de la mémoire et des anciens combattants par M. Didier CARPONCIN, Sous-Préfet de l’Arrondissement d’Argelès-Gazost

« La guerre a eu lieu. Si tragique et terrifiante. Rien ne fut plus comme avant. Rassemblés et fraternels, nous ne l’oublions pas.

La guerre a eu lieu. Si proche et dramatique. Le visage de l’Europe en est changé. Rassemblés et fraternels, nous le savons.

En ce 8 mai 2022, dans chaque ville et village de France, sur nos places, squares et jardins municipaux, devant nos monuments aux morts et mémoriaux, nous commémorons le 77ème anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe avec une singularité toute particulière, en écoutant les douloureux échos du temps.

Le 8 mai 1945, notre continent voyait s’achever cinq années de tempêtes, de douleur et de terreur. Ivresse de la victoire mais détresse face à l’immense sacrifice consenti. Dans cette joie bouleversée, les embrassades n’ont fait oublier qu’un temps les villes ruinées, les campagnes exsangues, les proches disparus, les restrictions. L’humanité a payé le plus lourd tribut de son histoire. Elle a vu la barbarie nazie franchir le seuil de l’inhumanité et de l’indicible. Elle a découvert, stupéfaite et horrifiée, qu’elle pouvait s’anéantir elle-même.

Chaque année, avec fidélité, avec reconnaissance, la Nation porte son regard et son affection en direction de celles et ceux qui sont morts pour elles, vers celles et ceux qui ont combattu avec abnégation et qui ont contribué à abattre le fléau nazi.

Nous nous souvenons du combat acharné des armées françaises et des armées alliées sur tous les fronts, des Français Libres qui n’ont jamais cessé la lutte, du courage des résistants de l’intérieur, de chaque Française et Français qui a refusé l’abaissement, de cette armée des lumières dans l’obscurité.

Dans les pas du Général DE GAULLE, ils ont permis à la France de rester la France.

Pour notre pays, ce combat prit de nombreux visages et la victoire mille chemins. Elle exigea tant de courage, de larmes, de deuils et de sacrifices. Il y a 80 ans, en 1942, la phalange héroïque des Français de Bir-Hakeim tint tête aux divisons italiennes et allemandes. Dans un océan de sable, ils ont résisté à tous les assauts. Ils incarnent aujourd’hui encore l’orgueil de notre pays et font vibrer le cœur des peuples libres. Nous nous souvenons aussi du raid mené sur le port de Dieppe, du sacrifice des soldats canadiens, britanniques et américains qui ont ouvert la voie de la libération de la France. Nous entendons encore les cris et les pleurs des raflés du terrible mois de juillet 1942, ceux des victimes, femmes, hommes et enfants, de l’ignominie et de la folie criminelle.

Nous, qui savons la fragilité de la paix, le passé nous instruit, les morts nous instruisent. La mémoire est un héritage autant qu’elle est une leçon.

D’abord, l’unité de la France qui n’est jamais aussi forte que lorsqu’elle est rassemblée et solidaire, que lorsqu’elle se soustrait à la fureur des dissensions et des divisions, que lorsqu’elle regroupe le meilleur d’elle-même pour construire les ambitions du Conseil National de la Résistance.

Ensuite, le chemin de l’Europe qui fut le seul pour la réconciliation des nations européennes, qui a été façonné par les rêves de plusieurs générations successives, qui demeure celui de l’espérance dans le progrès collectif, celui du refus du nationalisme, celui d’une fraternité vivace.

Enfin, ce chemin de l’unité et de l’Europe n’est rien sans l’attachement viscéral de la France à la dignité de l’Homme et à ses droits fondamentaux. Ce combat nous le poursuivons ensemble. Inlassablement.« 

***Le Chant de la Paix (1867) : paroles de Louis Girard ; musique de Léo Delibes (1836-1891)

La Paix et l’Espérance Le Front ceint d’olivier Guident vers notre France Le Monde entier

Vaisseaux lançant la foudre Eteignez vos éclairs Laissez dormir la poudre Soldats de l’univers