Du Green au Gouffre : « ce que la Mairie de Lourdes ne dit pas »

À Lourdes, la mise « en pause » du Golf municipal tourne au casse-tête pour le couple de restaurateurs qui l’exploitent depuis quinze ans.

Retour sur dix-sept mois de turbulences où les non-dits de la Mairie ont pesé plus lourd, pour eux, « que les troncs de pins abandonnés sur le parking. »

Pour dénoncer la situation, le couple a organisé une Conférence de presse ce lundi 26 mai 2025, à 15h, au Restaurant du Golf.

Ci-dessous une synthèse de la Conférence (document dans son entier sous le diaporama-photos) et vidéo.


Le 24 mai 2023, Frédéric et Emmanuelle reçoivent, via huissier, un refus de renouvellement de leur bail commercial, assorti d’une indemnité… sans montant chiffré.

Sept mois plus tard, le 31 décembre 2023, le Golf de Lourdes baisse le rideau par décision municipale ; les restaurateurs l’apprennent par ouï-dire. Jardiniers licenciés, fin d’emploi pour des adhérents d’une association de réinsertion… Plus de golfeurs… Du jour au lendemain, un lieu de vie se vide, laissant « le restaurant prisonnier d’un navire fantôme ».

Le «droit de repentir» et l’attente d’une indemnisation

Début janvier 2024, la Mairie fait jouer le «droit de repentir» : le bail des restaurateurs est finalement reconduit, mais toujours sans compensation pour les pertes déjà subies. Entre-temps, un acheteur potentiel—prêt à investir 260 000 €—se désiste, faute de visibilité juridique.

Parking obstrué, bâtiment délabré

Pendant que le Golf reste fermé, des pins atteints de scolytes sont abattus ; leurs troncs s’entassent sur le parking du restaurant deux mois durant, détournant les rares clients et achevant de dégrader l’enrobé.

À l’intérieur du bâtiment : fuites, verrière végétalisée malgré elle, coursives rouillées et dégât des eaux non réparé depuis janvier 2025.

Le couple assure seul l’entretien minimum d’espaces publics laissés sans maintenance.

Un impact social et économique immédiat

Privé de 50 % de sa clientèle (les golfeurs) et confronté à un terrain vague, l’établissement a déjà perdu 20 % de chiffre d’affaires ; un licenciement de l’employé et une réduction de temps de travail ont été inévitables. « Par contre nous, nous n’avons pas de pause sur les charges», rappellent les gérants, qui réclament désormais « une indemnisation décente».

La Mairie mise sur un « pitch & putt »… et sur le conditionnel

Dans La Dépêche du 15 avril 2025, le Maire Thierry LAVIT évoque la création d’un parcours « pitch & putt » en alternative. Une solution au conditionnel qui ne ramènera pas les 180 licenciés du Club et clients, soulignent les restaurateurs.

Un site d’exception en quête de gouvernail

Malgré tout, le couple garde espoir : panorama sur le lac, terrasse à flanc de montagne, salle de réception à l’étage… Autant d’atouts qui pourraient faire revivre le lieu—à condition qu’un cap clair soit fixé et que les infrastructures soient enfin remises à niveau. À défaut, c’est un nouvel actif communal qui risque de glisser du green à la friche.

Subventions en fanfare… et silence radio ici

La différence de traitement frappe : sur ses canaux officiels, la Mairie de Lourdes enchaîne communiqués triomphants, photos d’inaugurations en rubans tricolores et posts vantant les aides financières distribuées à d’autres commerces du centre-ville. Montants affichés, certificats brandis, selfies partagés : la mise en scène est rodée. Dans le même temps, aucune visite, aucun soutien palpable n’est venu jusqu’au Restaurant du Golf, pourtant frappé de plein fouet par une décision municipale. Entre généreuses subventions médiatisées et indifférence assumée, la ligne de fair-play paraît sinueuse.

Nous finirons par ce commentaire imagé : si la dépression actuelle semble tenace, certains baromètres annoncent, pour l’équinoxe du printemps, l’arrivée d’un discret anticyclone qui pourrait enfin dégager l’horizon lourdais.

S.P

Photos de la dégradation du parking et du bâtiment : isolation inexistante, infiltrations d’eau, verrière envahie de végétation, moquette souillée, coursives rouillées…